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29 mai 2011 7 29 /05 /mai /2011 05:00

Idée de Celsmoon.

Avec: Abeille, Alex, Amos, Anjelica, Ankya, Armande, Azilis, BénédicteBookwormCagire, Caro[line], Celsmoon, Chrestomanci, Chrys, ClaudiaEdelwe, Emma, Emmyne, Esmeraldae, Ferocias, Fleur, George, Hambre, Herisson08, Hilde, Julien, Katell, L'or des chambres, La plume et la page, Lystig, Maggie, Mango, Marie, Mariel, MyrtilleD, Naolou, Restling, Roseau, Saphoo, Schlabaya, Séverine, Soie, Sophie57, Tinusia, Violette, Yueyin, Zik

 

L'Accent

 

De l'accent! De l'accent! Mais après tout en-ai-je?

Pourquoi cette faveur? Pourquoi ce privilège?

Et si je vous disais à mon tour, gens du Nord,

Que c'est vous qui pour nous semblez l'avoir très fort

Que nous disons de vous, du Rhône à la Gironde,

"Ces gens là n'ont pas le parler de tout le monde!"

Et que, tout dépendant de la façon de voir,

Ne pas avoir l'accent, pour nous, c'est en avoir...

Eh bien non ! je blasphème! Et je suis las de feindre!

Ceux qui n'ont pas d'accent, je ne puis que les plaindre!

Emporter de chez soi les accents familiers,

C'est emporter un peu sa terre à ses souliers,

Emporter son accent d'Auvergne ou de Bretagne,

C'est emporter un peu sa lande ou sa montagne!

Lorsque, loin du pays, le cœur gros, on s'enfuit,

L'accent? Mais c'est un peu le pays qui vous suit!

C'est un peu, cet accent, invisible bagage,

Le parler de chez soi qu'on emporte en voyage!

C'est pour les malheureux à l'exil obligés,

Le patois qui déteint sur les mots étrangers!

Avoir l'accent enfin, c'est, chaque fois qu'on cause,

Parler de son pays en parlant d'autre chose!...

Non, je ne rougis pas de mon fidèle accent!

Je veux qu'il soit sonore, et clair, retentissant!

Et m'en aller tout droit, l'humeur toujours pareille,

En portant mon accent fièrement sur l'oreille!

Mon accent! Il faudrait l'écouter à genoux!

Il nous fait emporter la Provence avec nous,

Et fait chanter sa voix dans tous mes bavardages

Comme chante la mer au fond des coquillages!

Ecoutez! En parlant, je plante le décor

Du torride Midi dans les brumes du Nord!

Mon accent porte en soi d'adorables mélanges

D'effluves d'orangers et de parfum d'oranges;

Il évoque à la fois les feuillages bleu-gris

De nos chers oliviers aux vieux troncs rabougris,

Et le petit village où les treilles splendides

Éclaboussent de bleu les blancheurs des bastides!

Cet accent-là, mistral, cigale et tambourin,

A toutes mes chansons donne un même refrain,

Et quand vous l'entendez chanter dans ma parole

Tous les mots que je dis dansent la farandole!

 

Miguel Zamacoïs (1866-1955).

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26 mai 2011 4 26 /05 /mai /2011 19:54

hebergeur imageArgent liquide? Chutes Victoria? L'eau constitue un élément central du roman "La fumée qui gronde", publié récemment par arHsens édiTions, qui ont eu la main heureuse en mettant le grappin sur ce manuscrit. Cadre chez Natixis, Philippe Zaouati, l'auteur, connaît le contexte qu'il entend dépeindre: celui des traders du début du vingt et unième siècle, entre les attentats du 11 septembre 2001 et la crise (la tempête, pourrait-on dire) des subprimes.

 

C'est en effet lorsque le personnage principal de ce roman, golden boy de la plus belle eau, se retrouve aux chutes Victoria que le lecteur comprend le sens premier du titre du livre qu'il tient entre les mains - tant il est vrai que le nom originel de ce monument naturel a ce sens. Ces cascades, débauche de liquide qui s'écoule face à des touristes béats, constitue la métaphore ultime du capitalisme qui dépense et vit même à crédit. C'est aussi l'image de l'effondrement d'une certaine manière de vivre le libéralisme, dont le personnage de "La fumée qui gronde", narrateur de ce roman, est présenté comme un des acteurs de premier ordre.

 

C'est que le narrateur, Emmanuel, est trader... les lecteurs sensibles à l'actualité économique apprécieront de se replonger dans les ambiances qui prévalaient lors du déclenchement de la crise des subprimes, il y a quelques années. La scène initiale du roman est du reste des plus fortes, et revient de façon récurrente: elle montre le narrateur en train de quitter son bureau auprès de Lehman Brothers, un carton plein d'effets personnels entre les mains. Ainsi s'achève, telle l'eau qui rejoint les égouts, la carrière d'un brillant banquier. Ainsi tourne, au gré des hauts et des bas de la Bourse, la roue de la fortune.

 

Le trader, personnalité pourrie par le fric et l'appât du gain? C'est bien un peu ça que relate l'auteur de "La fumée qui gronde". Reste qu'il ne bascule ni dans la compassion à deux balles (après tout, c'est la faute de la société, hin-hin), ni dans la condamnation sans sommation (après tout, c'est la faute de cette clique de négociants casse-cou). Pour éviter l'écueil, il choisit de peindre une tranche de vie d'un personnage principal traumatisé par les événements du 11 septembre 2001, mais aussi fondamentalement attaché à des valeurs bien terre-à-terre, même s'il n'est pas très doué pour faire valoir cet attachement. Ainsi ce roman fait-il alterner des pages froidement bancaires et financières et des passages où la vie familiale et l'existence du coeur prennent le dessus. Et c'est de ce parallélisme, lourd de tensions, entre la prison du succès bancaire et l'aspiration à une vie quand même humaine que naît la force de ce roman.

 

Le lecteur découvre donc que, oui, un trader aux élans prédateurs, fasciné par les lions (cf. le safari à Livingstone, en Afrique australe), peut avoir un coeur. Il regrette par exemple de ne pas être en mesure de créer une nouvelle relation sentimentale stable après son divorce. Par ailleurs, on le voit très touché, et pas en bien, par le fait que son ex-femme, avec laquelle il est resté en bon termes, se permet d'acheter à sa place les cadeaux qu'il destine à son fils: passer au magasin pour se procurer une console de jeux Sony est déjà un acte d'amour pour lui, un investissement très personnel. Tout au long du roman, du reste, le lecteur est appelé à assister à la construction problématique, pour ne pas dire impossible, d'une relation entre un père, Emmanuel, et son fils, Sam, organisée entre deux avions et sur les deux rivages de l'Atlantique. 

 

C'est qu'un trader relève forcément des coulisses d'une hyperclasse mondialisée qui ne connaît pas de frontières! Ainsi le lecteur est-il invité à se balader entre l'Amérique du nord (New York), l'Amérique centrale (Cancún), l'Europe (Londres, Marseille) et l'Afrique australe (Livingstone), terre où se trouve le fin mot de tout ce récit. On n'est certes pas dans un roman à l'intrigue massive; en revanche, le lecteur va découvrir, au fil des pages, le portrait littéraire complexe d'un trader, certes cynique par instants, pitoyable en d'autres lieux, mais aussi capable de magnificence, d'excellence et même d'amour. Bref, un être humain comme vous et moi, à trois dimensions au moins, ballotté entre ses intérêts et contraintes comme l'est une barcasse navigant au gré des flots.

 

Et à titre personnel, j'ajoute que le roman de Philippe Zaouati, narration de la destinée d'un trader qui va à vau-l'eau (voir la couverture!), m'a offert l'occasion de donner corps, au travers d'un personnage susceptible d'émouvoir le lecteur, aux ouvrages théoriques de Myret Zaki sur la crise, en particulier "UBS, les dessous d'un scandale" ou, dans une moindre mesure, "La fin du dollar".

 

Philippe Zaouati, La fumée qui gronde, Boulogne-Billancourt, ArHsens édiTions, 2011.

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24 mai 2011 2 24 /05 /mai /2011 20:36

hebergeur imageTémoignage, aussi commenté par CSPLa Peste, Florel, Catherine, Estelle, Livrophile, Fansolo (interview de l'auteur!), Pikkendorff, Fil de Diane, Séverine, Praline, Lips

 

En offrant au public son ouvrage "Absolument dé-bor-dée", Zoé Shepard, attachée territoriale connue sous le nom d'Aurélie Boullet, s'inscrit dans un genre littéraire qui, depuis Georges Courteline, jouit en France d'une tradition nourrie. Je pense ici à "Les nouveaux ronds-de-cuir" de Gabriel-Xavier Culioli, à "Ministère Amer" de Monsieur Z ou, plus récent mais non le moindre, à "D'un point de vue administratif" de Francis Mizio. Autant d'ouvrages d'un genre que j'affectionne, et qui ne m'ont pas déçu dans leur description d'un monde présenté comme une planète à part: celui de la fonction publique. Zoé Shepard allait-elle relever avec succès le défi littéraire de ses prédécesseurs face à moi, humble lecteur? C'est avec cette question en tête que j'ai abordé cette lecture, dans le cadre d'un partenariat co-organisé par Livraddict et la collection Points, que je remercie pour l'envoi.

 

En s'inscrivant sans ambages dans le genre du témoignage, l'auteur renonce à tout jeu littéraire et entend donner sa version des faits tels qu'elle les a vécus. Le tableau n'est pas brillant: fonctionnaires incompétents voire complètement nuls, supérieurs hiérarchiques imbus de leur personne mais incapables eux aussi, petites crises du quotidien dont on ne se sort que par miracle, népotisme, entorses au principe de légalité, tout y passe, relaté dans le registre grinçant. C'est que ce livre relate, en chapitres prenant la forme d'un journal intime, presque une année d'activités au sein d'une administration territoriale qui, mine de rien, a ses ambitions, poursuivant entre autres le rêve d'une implantation en Chine en dépit de budgets serrés.

 

Le choix du témoignage est pertinent, mais est-il le plus performant dans ce cas, en termes littéraires? Passé le premier instant de révolte face à un tel étalage de bêtise crasse, le lecteur aura peut-être quelque peine à croire qu'on soit aussi autiste à la mairie. Dès lors, il sera tenté de se dire qu'à défaut de dire la vérité sur l'administration territoriale à la française, le récit en dit long sur celle qui le narre - et c'est ce que j'ai ressenti. Et là, on est servi. Le ton est volontiers condescendant voire arrogant, l'auteur ne peut s'empêcher de citer ses consignes et réflexions "second degré" qu'elle est bien seule à comprendre (même sa collaboratrice n'y comprend rien, ce qui lui vaut le surnom peu flatteur de "Coconne"). On pourrait se dire que cela s'arrête au petit monde de l'administration; mais la narratrice ne peut s'empêcher de distiller quelques sarcasmes à l'encontre des interlocuteurs chinois de l'administration où, nantie d'un diplôme supérieur, elle émarge. Cela, sans oublier le traitement pour le moins dévalorisant qu'elle fait subir à la bien courageuse et vaillante Paloma, stagiaire espagnole...

 

Tels qu'ils sont portraiturés et surnommés (il y a Coconne, mais aussi Le Bizuth, Simplet et quelques autres), ses collègues de bureau ne sont guère à leur avantage. Que penser alors d'une fonctionnaire qui, certes, relève qu'Amélie Nothomb est belge, mais oublie que Marguerite Yourcenar l'est aussi dans une large mesure (p. 118)? Certes, la narratrice note avec scrupule ses arrivées en retard au bureau; ne seraient-elles pas à l'origine, elles aussi, d'une acceptation relativement fraîche de la part de ses collègues? Lui-même souvent astreint à des horaires contraignants, le lecteur peinera sans doute à croire à la sincérité d'une collaboratrice qui n'est même pas en mesure d'arriver à l'heure au bureau, et son empathie trouvera là quelques limites bien compréhensibles.

 

La vie professionnelle n'est pas facile à vivre, chacun le sait. Il est cependant difficile d'avoir une quelconque compassion face à ce témoignage d'existence, peu littéraire (dans "D'un point de vue administratif", Francis Mizio conjugue de manière très poétique et gastronomique le vin rouge de la cantine et les camemberts Excel, sans oublier un zeste d'humour pour saupoudrer...) sans pour autant être convaincant comme diagnostic de dysfonctionnements. Les prédécesseurs littéraires de Zoé Shepard ont démontré qu'elle tenait un sujet en or; dommage qu'elle l'ait gâché par un ton par trop sarcastique et condescendant qui peut la rendre antipathique aux yeux du lecteur. Nous attendons le nouveau Courteline; Monsieur Z, Francis Mizio et Gabriel-Xavier Culioli ont quitté une fonction publique qui leur était devenue étrangère; quant à Zoé Shepard, je lui souhaite plein succès dans son projet de construction d'écoles au Sénégal et dans ses futures activités professionnelles ou d'écriture... en espérant qu'elle trouvera d'autres sujets et, surtout, d'autres manières de raconter son existence.

 

Zoé Shepard, Absolument dé-bor-dée, Paris, Albin Michel/Points, 2010/2011.

 

Egalement cités:

Gabriel-Xavier Culioli, Les nouveaux ronds-de-cuir, Paris, Jacques Bertoin, 1991.

Francis Mizio, D'un point de vue administratif, Paris, Baleine, 2008.

Monsieur Z, Ministère Amer, Grolley, L'Hèbe, 2007.

 

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23 mai 2011 1 23 /05 /mai /2011 17:09

hebergeur imageTagué par Mazel, que je remercie! Et je tague sept blogueuses et blogueurs: Angélita, Didi, Livr-Esse, IrrégulièreMaliceMamemoir, Schlabaya. Bien du plaisir!

 

Le principe:

 

1. Remercier la personne qui vous a donné ce prix.

2. Mettre le logo sur votre blog.

3. Mettre le lien vers la personne qui vous l'a envoyé.

4. Dévoiler sept choses sur vous.

5. Nommer sept blogs qui devront faire comme vous.

6. Mettre le lien des sept blogs.

7. Prévenir les personnes concernées.

 

Pas compliqué, hein? A vous de jouer, selon les sept règles ci-dessus.
Je me livre au point 4... voici:

 

1. Je n'aime pas les brocolis.

2. Je n'aime pas les syrahs écoeurantes du Nouveau Monde...

3. ... mais préfère celles du Valais, qui ont du corps sans jamais être caricaturales.

4. J'utilise mon APN avec modération.

5. J'ai gagné ledit APN à un concours d'orthographe - comme quoi ça vaut le coup de faire des dictées.

6. Je suis "un fervent du magret de canard", comme le disait un restaurateur que je connais.

7. J'aime voyager en Creuse.

 

Bonne fin de soirée à vous!

 

EDIT: ceci est mon sept centième billet publié. Un tag où les personnes et les choses vont par sept était donc particulièrement de circonstance...  

 

 

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22 mai 2011 7 22 /05 /mai /2011 17:13

hebergeur image

Lu par Baratin.

 

"L'image est moyenne mais on reconnaît aisément à l'extrême gauche le ministre de l'Industrie, Dominique Strauss-Kahn, en polo Lacoste, l'air très fatigué, très soucieux, pas rasé, accoudé à la table, les mains jointes sous le menton." Est-ce un extrait de la presse de ces derniers jours? Non: il s'agit d'une phrase tirée de "Poste mortem" de Jean-Jacques Reboux, roman policier foutraque et survolté publié en 1998 aux éditions Baleine et repris en Folio Policier en 2005. Je jure que je n'ai pas lu ce livre pour surfer sur l'actualité; mais force m'est de constater que ça tombe plutôt bien...

 

Rappelons la trame de ce roman: Simone Dubois, employée des Postes ayant pour objectif de carrière le poste envié de receveuse à Saint-Martin-des-Besaces (Calvados, localité connue pour abriter un champion d'orthographe de renom - que je remercie de m'avoir obligeamment conseillé ce livre), séquestre son ministre de tutelle et lui raconte sa vie. Comme elle est totalement givrée (cliniquement foldingue même), l'histoire prend vite un tour délirant.

 

Faisant la part belle aux dialogues, ce roman présente une structure simple, qui se complexifie cependant à l'arrivée et accorde beaucoup de place à la parole des personnages. L'auteur fait en effet alterner les stances de Simone Dubois, qui raconte sa vie d'une manière quasi célinienne à son illustre otage, et les délibérations d'agents de police et de gendarmerie manifestement peu préparés à réagir à une prise d'otages. Et plus loin, le lecteur sera confronté à des coupures de presse fictives, à un dialogue "wrathien" entre un éditeur et un écrivain et à des comptes rendus de menées de syndicats.

 

Dès le début, l'auteur prévient le lecteur: Simone Dubois existe, il l'a rencontrée. Le lecteur doit toutefois prendre en compte le fait que tout, dans ce roman, est un mensonge, Simone étant, en particulier, une mythomane et une cinglée de premier ordre. Mais le mensonge du roman n'est-il pas la technique ultime pour donner à ce genre littéraire l'illusion du réel? L'auteur, ici, met les choses au point dès le départ. Le mensonge nourrit par ailleurs l'intrigue: Simone Dubois prétend avoir tué une dizaine de postiers, mais comme elle admet avoir raconté des craques la première fois, elle reprend son récit du début, ce qui permet au lecteur d'avoir deux histoires de serial killeuse pour le prix d'une. Bonne affaire, non? Mais du coup, qui et que croire?

 

Le ton est, je l'ai dit, un rien célinien. Il y a de la hargne dans les propos de Simone, et une oralité qui ouvre la porte au délire le plus échevelé. Outre Dominique Strauss-Kahn, tout un tas de politiciens des années 1990 sont les acteurs involontaires de ce roman, à commencer par François Mitterrand, rebaptisé Tonton Vichy par une Simone Dubois peu amène envers lui (elle a voté Giscard, ma foi...). Et puis, l'auteur, qui a travaillé longtemps au service des Chèques postaux qu'il peint tout au long de son roman, fait preuve d'un sens aiguisé de l'observation. Autour de Simone, gravite en effet une belle brochette de cas sociaux aux comportements étranges, à l'instar de la femme qui urine dans ses culottes ou de tel anarchiste adepte de l'entropie - autant d'animaux malades de "La Peste", comme est rebaptisée l'institution. Enfin, peu à peu, le lecteur pourra peut-être se perdre dans la multiplicité des personnages, qui changent de nom au gré de la fantaisie de l'auteur, qui joue ainsi la carte du retournement de situation: Simone a-t-elle une soeur? La femme du policier est-elle également son otage? Et que faut-il faire d'Anne Sinclair? Enfin, l'otage, ficelé sur une chaise, les yeux bandés par un slip de femme, est-il vraiment Dominique Strauss-Kahn?

 

Avez-vous déjà vu Dominique Strauss-Kahn fumer des joints? Si ce n'est pas le cas, je ne peux que conseiller ce roman noir absolument délirant, au rythme démentiel - car non content de savoir manier l'invective, l'auteur sait aussi critiquer les évolutions de La Poste et faire progresser une intrigue, en noyant délicieusement tout cela dans un grand éclat de rire.

 

Jean-Jacques Reboux, Poste mortem, Paris, Baleine/Folio, 1998/2005.

 

Photo du livre: Daniel Fattore.

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22 mai 2011 7 22 /05 /mai /2011 17:02

hebergeur image"Le Dragon Galactique" et "Quelques pages" viennent de boucler leur Défi des Mille avec des ouvrages divers. Pour "Quelques pages", on retrouve Joyce Carol Oates et, pour "Le Dragon Galactique", c'est Harry Potter qui est à l'honneur.

 

C'est ici que ça se passe: Harry Potter et Joyce Carol Oates.

 

Bravo et merci pour leur participation! Et... à vous de jouer?

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22 mai 2011 7 22 /05 /mai /2011 05:00

Idée de Celsmoon.

Avec: Abeille, Alex, Amos, Anjelica, Ankya, Armande, Azilis, BénédicteBookwormCagire, Caro[line], Celsmoon, Chrestomanci, Chrys, ClaudiaEdelwe, Emma, Emmyne, Esmeraldae, Ferocias, Fleur, George, Hambre, Herisson08, Hilde, Julien, Katell, L'or des chambres, La plume et la page, Lystig, Maggie, Mango, Marie, Mariel, MyrtilleD, Naolou, Restling, Roseau, Saphoo, Schlabaya, Séverine, Soie, Sophie57, Tinusia, Violette, Yueyin, Zik

 

La Venoge

 

 On a un bien joli canton :
des veaux, des vaches, des moutons,
du chamois, du brochet, du cygne ;
des lacs, des vergers, des forêts,
même un glacier, aux Diablerets ;
du tabac, du blé, de la vigne,
mais jaloux, un bon Genevois
m’a dit, d’un petit air narquois :
– Permettez qu’on vous interroge :
Où sont vos fleuves, franchement ?
Il oubliait tout simplement
la Venoge !

 

Un fleuve ? En tout cas, c’est de l’eau
qui coule à un joli niveau.
Bien sûr, c’est pas le fleuve Jaune
mais c’est à nous, c’est tout vaudois,
tandis que ces bons Genevois
n’ont qu’un tout petit bout du Rhône.
C’est comme : «Il est à nous le Rhin !»
ce chant d’un peuple souverain,
c’est tout faux ! car le Rhin déloge,
il file en France, aux Pays-Bas,
tandis qu’elle, elle reste là,
la Venoge !

 

Faut un rude effort entre nous
pour la suivre de bout en bout ;
tout de suite on se décourage,
car, au lieu de prendre au plus court,
elle fait de puissants détours,
loin des pintes, loin des villages.
Elle se plaît à traînasser,
à se gonfler, à s’élancer
– capricieuse comme une horloge –
elle offre même à ses badauds
des visions de Colorado !
la Venoge !

 

En plus modeste évidemment.
Elle offre aussi des coins charmants,
des replats, pour le pique-nique.
Et puis, la voilà tout à coup
qui se met à fair’ des remous
comme une folle entre deux criques,
rapport aux truites qu’un pêcheur
guette, attentif, dans la chaleur,
d’un œil noir comme un œil de doge.
Elle court avec des frissons.
Ça la chatouille, ces poissons,
la Venoge !

 

Elle est née au pied du Jura,
mais, en passant par La Sarraz,
elle a su, battant la campagne,
qu’un rien de plus, cré nom de sort !
elle était sur le versant nord !
grand départ pour les Allemagnes !
Elle a compris ! Elle a eu peur !
Quand elle a vu l’Orbe, sa sœur
– elle était aux premières loges –
filer tout droit sur Yverdon
vers Olten, elle a dit : «Pardon !»
la Venoge !

 

«Le Nord, c’est un peu froid pour moi.
J’aime mieux mon soleil vaudois
et puis, entre nous : je fréquente !»
La voilà qui prend son élan
en se tortillant joliment,
il n’y a qu’à suivre la pente,
mais la route est longue, elle a chaud.
Quand elle arrive, elle est en eau
– face aux pays des Allobroges –
pour se fondre amoureusement
entre les bras du bleu Léman,
la Venoge !

 

Pour conclure, il est évident
qu’elle est vaudoise cent pour cent !
Tranquille et pas bien décidée.
Elle tient le juste milieu,
elle dit : «Qui ne peut ne peut !»
mais elle fait à son idée.
Et certains, mettant dans leur vin
de l’eau, elle regrette bien
– c’est, ma foi, tout à son éloge –
que ce bon vieux canton de Vaud
n’ait pas mis du vin dans son eau…
la Venoge !

 

Jean-Villard Gilles (1895-1982).

 

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19 mai 2011 4 19 /05 /mai /2011 19:40

hebergeur imageMarie nous gratifie d'un billet dans le cadre du Défi des Mille, portant sur un roman de Joyce Carol Oates intitulé "Blonde"... 

 

C'est ici que ça se passe: http://reves-de-lecture.over-blog.com/article-blonde---joyce-carol-oates-73423099.html

 

Il s'agit d'un véritable voyage aux Etats-Unis sur les traces de Marilyn Monroe. Alléchant, non?

 

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18 mai 2011 3 18 /05 /mai /2011 19:05

hebergeur imageLe miroir comme métaphore de la gémellité, appliquée au genre du thriller : telle est l’une des idées fortes du roman De l’autre côté du miroir de Dee Dee Membrado, publié cette année encore aux éditions Alpha-Sud. Laura, Carol, c’est un peu pareil – et il faut pourtant tout un roman aux péripéties trépidantes pour les rapprocher de manière définitive.

 

Comme souvent dans les romans à suspense, un personnage trouve un bout de fil mystérieux et cherche à en trouver le bout. Ici, le bout de fil s’appelle Carol, et un jeune homme la trouve dans un cimetière, vivante mais totalement égarée. Peu à peu, le mystère s’éclaircit, au cours d’un chassé-croisé qui va osciller entre la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis.

 

Les ingrédients de base de ce roman sont classiques, sans grande surprise : on y trouve un savant fou et l’hôpital qu’il dirige, des tueurs à gages, des policiers et même des agents doubles, à l’instar de Bad-Luck, dont on peut se demander, tout au long du roman, dans quel camp il va basculer, ce qui en fait un personnage particulièrement intéressant. Dotée de pouvoirs particuliers qui orientent le propos de ce roman vers le fantastique, Carol constitue aussi un personnage doté de profondeur : c’est à travers elle que le lecteur va découvrir les agissements du savant fou et les méandres de la destinée d’une paire de jumelles.

 

Au fil des pages, l’auteur développe, de manière plus ou moins appuyée, une réflexion sur les dévoiements d’une certaine science, désireuse de créer des êtres humains parfaitement soumis et imbibés de violence. Quelques réflexions sur la transcendance et sur Dieu, liées aux morts et destinées parfois cruelles dont ce récit regorge, émaillent également le propos de l’auteur.

 

Le lecteur attentif regrettera certaines phrases peu heureusement tournées, voire maladroites, ainsi que les nombreuses coquilles laissées par l’éditeur, qui donnent au livre un côté un peu trop brut de décoffrage. Celui qui préfère s’attacher à l’histoire sa laissera en revanche entraîner par ce récit aux ressorts classiques revisités, rédigé sans longueurs. L’histoire contient son lot de retournements de situation et d’instants de suspens, cela sans compter une résurrection étonnante. De quoi faire plaisir aux amateurs du genre.

 

Citation :

Bad-Luck raccrocha sèchement. Il avait compris qu’il n’avait pas affaire à un enfant de cœur. Il se frotta le menton en se demandant comment il allait procéder.

Rester calme, il fallait qu’il reste calme, et réfléchir. Malgré la fraîcheur il transpirait. Il se passa un peu d’eau sur le visage. De la paume de sa main, il jaugea sa barde naissant, devant le miroir il pensa quelques secondes aux Everglades.

Un brin de toilette. Puis un petit tour au réfrigérateur que la femme de chambre avait eu la bonne idée de réapprovisionner. Le scotch glissa aisément. « Un seul, je dois rester lucide, pensa-t-il ». Ca se complique, elle n’est plus seule. Faut pas que je la rate cette fois-ci. Je la trouve, je fais le boulot et je quitte ce putain de pays. Aussi simple que ça et bonjour la Floride ! »

 

Merci à « Les Agents Littéraires », à Dee Dee Membrano et aux éditions Alpha-Sud pour le partenariat et l’envoi.

 

Dee Dee Membrado, De l'autre côté du miroir, La Farlède, Alpha-Sud, 2011.

 

 

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17 mai 2011 2 17 /05 /mai /2011 20:49

hebergeur imageSandrine nous gratifie d'un beau billet sur "Dans la main du Diable" d'Anne-Marie Garat - soit plus de 1200 pages... et il paraît qu'il y a une suite! L'article est ici:

 

http://pages.de.lecture.de.sandrine.over-blog.com/article-dans-la-main-du-diable-d-anne-marie-garat-72440107.html

 

A bientôt pour le Défi des Mille!

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