Ceux qui tiennent à en savoir un peu plus sur les coulisses de la tourmente économique que nous connaissons actuellement seront bien
inspirés de jeter un coup d'oeil à l'ouvrage de Myret Zaki, "UBS, les dessous d'un scandale", paru chez Favre en 2008. Subprimes, bulles spéculatives, cadres (et surtout traders) (trop) bien
payés, vous saurez tout. Et que mes visiteurs français ne se formalisent pas de l'aspect apparemment helvético-centré de cet ouvrage: l'exemple de l'UBS est présenté comme emblématique de toute
une dégringolade.
Promenons-nous un instant dans les pages de ce livre. Dès le départ, le lecteur sera informé en détail de ce que l'on appelle les "subprimes": des produits dérivés fondés sur des hypothèques de
particuliers américains... particulièrement peu solvables puisque dans certains cas, il est possible, là-bas, d'acheter sa maison avec zéro pour cent de fonds propres. Le paradis du propriétaire,
mais sans filet! Ces produits bancaires sont mauvais, mais personne n'en saura rien: à lire Myret Zaki, qui critique certaines méthodes de cotation, on a l'impression que ceux-ci ont été
repeints, à la manière d'une mauvaise voiture qu'on repeint rapidement afin de la faire paraître plus alléchante à un acheteur potentiel. L'approche peut paraître assez technique au lecteur; mais
jamais elle n'est jargonnante, ou illisible: l'auteur, titulaire d'un MBA, se montre exigeant envers son lecteur, et cela est sage.
Et c'est sur la base de ces vrais-faux bons placements que l'auteur parvient à greffer l'histoire de l'UBS, première banque de Suisse, désireuse de s'implanter sur le marché américain, dans
le domaine de la banque d'affaires - un domaine qui, paraît-il, ne supporte pas la médiocrité. Défi délicat pour un établissement peu expérimenté dans le secteur, nouvellement
installé aux Etats-Unis, désireux de s'imposer face à des mastodontes! On aborde alors le problème de l'embauche de traders grassement payés (plus même que le patron de la
banque!), peu scrupuleux dans leurs investissements, pourvu que ça rapporte à court terme. Et effectivement, ça a marché... à part que l'UBS, selon l'enquête proposée par ce livre, n'a pas su
retirer ses billes du jeu à temps - contrairement à Credit Suisse, banque concurrente, souvent utilisée à des fins de comparaison.
Les mécanismes menant à la catastrophe sont ensuite exposés. Catastrophe totale? Non. L'auteur précise en permanence que c'est bien le secteur "banque d'affaires" américain qui a
souffert de la crise des subprimes, mais que le fleuron de ses activités, à savoir la gestion de fortune, se porte bien - même s'il est menacé par la banque d'affaires. Alors, quoi? Liquider
cette dernière? Myret Zaki se penche également sur cette question, dans une perspective d'étude de l'avenir qui voit large. Car si l'avenir de l'UBS est bien évoqué, c'est aussi celui du monde
économique et de ses enjeux qui est analysé: déclin du dollar comme monnaie internationale au profit de l'euro, déplacement de la puissance économique absolue des Etats-Unis vers l'Asie du
Sud-Est, etc.
Accrochez-vous donc: avec ce livre, vous allez comprendre... en partant des faits, sans effets de manche ni promesse fallacieuse.
Myret Zaki, UBS, les dessous d'un scandale, Lausanne, Favre, 2008.