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Notes de lectures, notes de musique, notes sur l'air du temps qui passe. Bienvenue.

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Latin, quand tu nous tiens!

Je me souviens d'avoir écrit un petit papier sur le latin il y a une couple d'années - je remets ça ici, parce qu'il s'agit d'un sujet qui me tient à coeur et que je tiens pas mal à ce que cette langue conserve une présence dans les écoles, mais aussi ailleurs. Ce qui m'a flashé, c'est que je suis tombé ce matin sur un ou deux articles évoquant le sort que la Finlande réserve à la langue de Cicéron. En 1999, afin de protester contre le veto de l'Allemagne d'utiliser le finnois comme langue de travail sous la présidence finnoise, ce pays scandinave avait annoncé le début de sa présidence... en latin. Bien joué! Pendant sa présidence, par ailleurs, la Finlande a diffusé des bulletins d'information en latin qui ont suscité des échos positifs, paraît-il. Résultat: l'expérience a été reconduite en 2006, lorsque la Finlande est redevenue présidente de l'Union européenne. Qui va lui emboîter le pas?

Mon papier avait été suscité par une idée lancée par l'école genevoise en 2006, qui consistait à réintroduire l'obligation du latin à l'école pour rehausser le niveau du français. Face au Conseiller d'Etat en place à l'époque, naturellement, quelques voix se sont élevées pour crier un retour aux âges obscurs. On est en droit de se demander pourquoi. Les cas évoqués en début de papier ne sont qu'un exemple parmi d'autres de la vitalité de ce qu'on appelle aujourd'hui, bien à tort, une langue morte. Le Vatican développe par exemple encore et toujours le vocabulaire latin, qui s'est enrichi de toute la terminologie utile pour parler d'informatique. Saviez-vous par exemple que le mot "ordinateur" se dit "computatra"? Le web lui-même s'est doté de tout ce qu'il faut pour que les latinistes n'y perdent pas pied: Wikipedia existe en latin (sous le nom de "Vicipaedia"), tout comme Google.

Je reviens à mon cas finlandais. Il semblerait en effet que, bien qu'éloigné de l'empire romain (qui me rappelle étrangement un truc méditerranéen cher à Nicolas Sarkozy - le latin pourrait aussi lui donner des idées en vue d'une langue véhiculaire, non?), le peuple finnois soit resté attaché à cette langue. J'ai trouvé en son temps, par exemple, un site diffusant des informations radio en latin. Utile? Un peu, puisqu'on estime à 14 millions le nombre de personnes en mesure de parler le latin sur le continent européen. Un peu plus que le dialecte suisse alémanique, non? Des clubs et cercles latinistes et latinophones existent par ailleurs, et ont pignon sur le web - il suffit de chercher. J'étais même tombé sur des groupes de rock et de rap privilégiant cette langue...

Cela, sans oublier que le latin, idiome "neutre", pourrait constituer une alternative au "tout à l'anglais" qui tend insidieusement à s'imposer en Europe et dans les institutions de Bruxelles. Tout le monde devrait l'apprendre, personne ne peut le revendiquer comme langue maternelle, donc tous les puissants sont à égalité lorsqu'il s'agit de s'exprimer. Ce n'est pas rien, tant il est vrai que celui qui parle sa langue maternelle a toujours barre sur celui qui s'efforce de parler celle d'autrui. On pourrait obtenir le même résultat avec l'espéranto, qui n'a cependant ni la même tradition, ni la même audience. Dans le même esprit, pourquoi ne pas renforcer sa présence à l'église? Cela permettrait de réciter le "Notre Père" avec tous les fidèles, où que l'on soit: France, Italie, Hongrie, etc. Avantage non négligeable quand on sait la mobilité de tout un chacun à l'heure actuelle.

Ultime avantage, enfin, qui constitue la première phrase de l'
ouvrage sur les exorcistes évoqué il y a quelques jours: le Diable n'aime pas le latin...

Quando ergo latine loquimur?

Vicipaedia:
http://la.wikipedia.org

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P
Optime! Nunc sermone nostro Europaeo Latino in omnibus occasionibus uti decet. Lingua enim Latina vivaadhuc in usu est. Nam hac quotidie Latine et loquor et scribo. Sic solum habebimus accessum ad<br /> omnes auctores.
D
<br /> <br /> Mihi jucundum est latine scribere - difficile autem, rarumque. Novi autem "blogs" esse, latine scriptos; in his paginis etiam sunt nonnulla verba latine scripta, de micronatione Ladonia. Puto<br /> latinam linguam hodie vivissimam esse, et non solum in Vaticana civitate. Eheu non loquor latine - casus enim desunt.<br /> Gratias vobis ago propter verba vestra, salutemque do vobis et vestrae scholae.<br /> <br /> <br /> <br />
L
Lorsque j'étais écolière, le latin était ma bête noire, et j'ai d'ailleurs fait vraiment tourner en bourrique plusieurs années de suite la pauvre professeur qui tentait, assez vainement, de nous inculquer quelques rudiments de cette langue, qui nous rebutait plus que tout et pour laquelle nous n'avions que mépris...<br /> Il faut dire aussi que l'enseignement du latin était parfaitement rasoir, textes mal choisis, souvent trop compliqués, n'ayant plus d'intérêt à l'heure actuelle, et surtout idée que l'on en donnait : rébarbative à souhait, ce qui, pour des ados, est déjà un accès vers le rejet et l'échec !<br /> Maintenant que j'ai vieilli, et un peu muri, je regrette vraiment de n'avoir que quelques bribes de souvenirs du latin... Cela m'aiderait souvent, le latin est une des bases d'une bonne culture générale et surtout littéraire (de même que le grec) ; c'est surtout une langue intelligente, riche, et que, je m'en rends compte aujourd'hui, j'aurais pu beaucoup aimer. J'aime la rigueur des langues, celle de l'allemand que je parle, j'aime le chanter des langues, celle de l'espagnol que je baraguouine, ou de l'italien, j'aime la fluidité de l'anglais, bref, j'aime pouvoir parler, penser en plusieurs langues, et le latin est un regret...<br /> <br /> En ce qui concerne le Notre Père, je trouve l'idée très bonne. J'ai toute ma jeunesse récité le Crédo (pardon, le Je crois en Dieu) en latin, parce que le curé de l'église du village était un ancien aumonier militaire, traditionnel et latiniste. Et puis un jour un nouveau curé est venu, qui nous a fait oublier notre Crédo latin, parce qu'il fallait que tous puissent réciter cette prière, et la comprendre... Bref, voilà plus de 20 ans que les fidèles de la petite église de campagne récitent le Je crois en Dieu, peu le savent en entier, encore moins y croient, et moi, je ne le sais pas du tout en français, ça ne rentre pas ! Par contre, je peux encore vous le chanter presque en entier en latin (et unam, sanctam, catholicam...), ce qui fait hurler de rire mes enfants !
D
<br /> <br /> Et comme la didactique des langues mortes n'est pas franchement une branche très courue dans les facs (ça existe?), je doute que la situation évolue. On va se retrouver avec des méthodes<br /> archaïques, ou avec des approches privilégiant la civilisation au détriment de l'apprentissage d'une langue, à fond.<br /> <br /> En matière de credo, j'ai entendu parler d'un professeur qui, dans un lycée d'une ville proche, le faisait traduire à ses élèves. Bel exemple d'utilisation d'un texte encore actuel! Quant à la<br /> musique du Credo III, j'ai encore l'occasion de l'entendre, voire de la chanter: dans ma région, la tradition du grégorien est restée vivace - ce qui ne va pas sans quelques accrochages, mais on<br /> fait avec. Mémoire? Après tout, peut-être est-ce la mélodie grégorienne du Credo qui vous a permis de mieux le mémoriser. En français, il n'y a pas d'équivalent à ma connaissance (mise<br /> en musique du texte, de bout en bout).<br /> <br /> Quant à la langue vernaculaire dans les églises, j'ai toujours trouvé ça paradoxal: à l'heure de la mondialisation et du tout à l'anglais, pourquoi le catholicisme opte-t-il pour<br /> un tel morcellement? A partir de là, on pourrait par exemple penser à une utilisation fonctionnelle du latin, par exemple pour des célébrations religieuses dans des aéroports (où il y a<br /> souvent des chapelles) - de manière à ce que les fidèles puissent vraiment intervenir d'une seule voix. Et à partir de là...<br /> <br /> Poufff!!! <br /> <br /> <br /> <br />
T
"Cela permettrait de réciter le "Notre Père" avec tous les fidèles, où que l'on soit: France, Italie, Hongrie, etc. Avantage non négligeable quand on sait la mobilité de tout un chacun à l'heure actuelle"<br /> remarque tout à fait juste, néanmoins réciter c'est une chose, y mettre du sens c'est autre chose.<br /> <br /> je n'ai pas du tout été sensiblisée par l'apprentissage du latin au collège et je le regrette beaucoup ! Mon fils a dans la tête de l'apprendre (grâce à certaines lectures), et je trouve cela très bien.
D
<br /> En effet, réciter, c'est une chose, comprendre, c'en est une autre. Mais comprend-t-on vraiment ce que signifie le "Notre Père"?...<br /> Le latin, c'est un truc formidable, formateur, je plussoie! N'hésitez pas à l'encourager dans cette direction. J'avais aussi noté que c'était, pour beaucoup, une première expérience de version, qui<br /> pourra servir dans le métier de traducteur, mais aussi, de manière plus abstraite, pour la compréhension de toutes sortes de textes - même s'il faut traduire "du français au français" en se<br /> demandant ce que l'auteur a voulu dire - en droit, par exemple. Par-delà l'aspect purement linguistique, c'est une approche du monde que le latin donne à découvrir.<br /> Pourquoi ne pas essayer de grappiller quelques leçons dans la foulée de votre fils? ;-) <br /> <br /> <br />
M
Tiens, encore un point commun! Le latin... depuis pas mal de temps, je pense écrire une courte nouvelle entièrement en latin _ où le recours à cette langue ne sera pas un pur artifice, mais entrera directement dans la signification du récit. Le problème, c'est qu'il faut que je me replonge sérieusement dans de vieux Budé et grammaires si je veux éviter le latin de cuisine! :)
D
<br /> Fonce! Et comme je le note, le lexique latin a été étendu afin de correspondre aux exigences de notre époque. Il doit y avoir quelques éléments sur le site du Vatican, par exemple. On m'avait par<br /> exemple signalé que "vélo" se disait "birota, ae". Joli, non?<br /> <br /> <br />