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24 septembre 2015 4 24 /09 /septembre /2015 22:14

Seran Maman

Le blog de l'auteur et son site.

Défi Rentrée littéraire.

 

Voici le deuxième ouvrage publié par Abigail Seran dans le cadre de la rentrée littéraire 2015! En même temps que "Une maison jaune", l'écrivaine suisse romande propose à son lectorat un livre très différent, puisqu'il s'agit d'un recueil de chroniques. L'univers littéraire est très différent, mais le plaisir n'est pas moindre, bien au contraire...

 

Le lecteur est avant tout frappé par le ton de l'ouvrage. Rapides et enlevés, les textes recueillis ont le goût de billets de blog. Souvent, ils confrontent les grandes certitudes d'une mère de famille et la réalité avec laquelle il faut composer, quitte à se remettre soi-même en question. Le verbe est marqué par une prise de recul. Celle-ci est certes synonyme d'autodérision, ce qui est savoureux. Mais elle incite aussi le lecteur à réfléchir à ce qu'il aurait fait dans les situations décrites, voire à revoir ses certitudes.

 

Les situations sont fort concrètes à chaque fois, comme des flashes de vie: "Chroniques d'une maman ordinaire" est loin des théories extraordinaires d'une personne qui n'a jamais été parent. Chacun des cinquante chapitres de ce livre rapide se concentre sur un seul aspect de la vie de famille ou de la relation mère/enfant. Le lecteur, la lectrice tourbillonnent lorsque sont évoquées les activités extrascolaires ou une journée de mère, et vibrent à chaque évocation d'une vie quotidienne qui va trouver un écho chez chaque mère lectrice (avant tout), chaque père lecteur. Il sera donc question de football, de sorties, mais aussi de gestion des appareils informatiques, téléphones portables, etc.

 

Ce livre est rehaussé des dessins de Jenay Loetscher. Simples et directs, ils ont l'art d'aller à l'essentiel et paraissent parfois tout droit sortis du monde de l'enfance. Plus encore que d'illustrer les textes d'Abigail Seran, ils les intègrent jusqu'à la fusion. Et si la dessinatrice a le chic pour représenter, de manière métaphorique au besoin, le côté virevoltant de la vie d'une mère, elle sait aussi donner corps à tout l'amour qu'il peut y avoir entre une mère et son enfant.

 

"Chroniques d'une maman ordinaire" est un témoignage de vie personnel, certes. Mais il sait parler à tout le monde, devenir universel, parce que tout est message dans ce petit livre: un texte accessible et baigné d'esprit, rehaussé par des dessins sobres et légers qui parlent directement au coeur du lecteur. Et le mot de "Maman", présent dans le titre, annonce toute la tendresse qui va imprégner les pages de ce livre.

 

Abigail Seran, Chroniques d'une maman ordinaire, Lausanne, Favre, 2015. Illlustrations de Jenay Loetscher.

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21 septembre 2015 1 21 /09 /septembre /2015 21:11

Seran JauneLu par Francis Richard, Stella Noverraz,

Les sites de l'auteur et de l'éditeur.

Défi Rentrée littéraire.

 

Sortir un livre à la rentrée littéraire, c'est bien. En sortir deux, c'est mieux? C'est en tout cas le tour de force qu'a réalisé Abigail Seran, en faisant paraître simultanément un recueil intitulé "Chroniques d'une maman ordinaire" et son deuxième roman "Une maison jaune", dont il sera question ici.

 

Tout se passe sur trois quarts du vingtième siècle, l'ouvrage utilisant une maison comme décor et comme prétexte pour raconter les destinées de ses habitants. Des habitants dont le statut social évolue au fil des ans: le lecteur découvre la voix de trois jeunes femmes, la première issue de la bourgeoisie ambitieuse des années folles, la deuxième provenant de la diaspora italienne du milieu du vingtième siècle, la troisième native d'une mère familière des squats des années 1990. Déchéance? L'auteure a su montrer que les palais d'hier sont parfois les taudis d'aujourd'hui, promis à la déconstruction, sans égards pour celles et ceux qui ont vécu là, y laissant un peu de leur âme. Et plus largement, la romancière esquisse, en arrière-plan, l'évolution du quartier où se trouve cette fameuse maison.

 

L'histoire rapproche, peu ou prou, les trois femmes qui prennent la parole dans ce roman, à trois générations d'intervalles. Mais là n'est pas l'essentiel. Ce qui constitue véritablement leur point commun, c'est que l'auteure les saisit au moment crucial du passage de l'enfance à... quelque chose d'autre, qu'on pourrait nommer "l'état de femme". A chaque génération, en effet, sa manière de vivre ce passage et ses découvertes.

 

De la première femme, Léonie, l'auteure dessine le portrait d'une personne qui se fait ballotter par les circonstances (son mariage est l'exemple de la bonne grosse manip'!) et laisse l'impression de quelqu'un d'assez passif, et de finalement peu coloré: quelque chose entre le Frédéric Moreau et l'Emma Bovary de Gustave Flaubert, jouets de leur temps, chacun à sa manière. La figure de Pia s'avère plus complexe, et partant plus savoureuse: déracinée pour des réalités économiques, elle recherche ses marques dans son nouveau pays... et vit une sexualité qui n'est pas celle de tout le monde. De manière ponctuelle, l'auteure sait exploiter ce ressort pour ajouter du piquant au récit... et suggérer le poids des conventions sociales et familiales. Quant à Charlotte, la cadette des personnages principaux, elle évolue dans un monde proche du nôtre, libre mais non sans contraintes: à elle de trouver sa voie entre une mère divorcée et les malentendus des premières amourettes.

 

L'auteure réserve un rôle de choix à Charlotte, celui de recréer la mémoire de la maison dite "jaune". Le lecteur se retrouve ainsi face à une mini-enquête sur l'histoire du territoire. Un territoire difficile à localiser: est-il en Suisse, en France? Peu importe, en fait: l'essentiel, ici, est la richesse d'un regard rétrospectif sur un lieu donné.

 

Trois personnes, trois voix? Tel sera le bémol à accrocher à cet ouvrage, qui aurait gagné en contraste, donc en couleurs, à donner des voix plus différenciées, plus tranchées à des personnages que la société et les décennies éloignent. Cela, quitte à sacrifier à l'unité de ton! En particulier, le verbe de Charlotte paraît souvent bien sage, même si quelques relâchements langagiers transparaissent.

 

Enfin, le contexte de la grande histoire est lointain dans "Une maison jaune", et celle-ci a peu prise sur les lieux décrits. L'auteure saisit d'ailleurs ses personnages dans des périodes historiques relativement calmes, hors des temps de conflits en Europe occidentale. Ajouté à la sagesse du style, il en résulte, pour le lecteur, l'impression de découvrir en gros plan la micro-histoire de personnages et de lieux préservés, à certains égards, du temps qui passe. Sauf lorsqu'il est temps de déconstruire la fameuse maison... et qu'il est temps de lui donner une couleur qu'elle aurait toujours dû avoir.

 

Abigail Seran, Une maison jaune, Lausanne, Plaisir de lire, 2015.

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3 novembre 2013 7 03 /11 /novembre /2013 19:23

hebergeur imageRachel Maeder l'a lu aussi.

Lu dans le cadre du défi "Premier roman".

Le blog de l'auteur, le site de l'éditeur.

 

La rencontre entre les générations et la santé: tels sont les deux thèmes qui traversent le premier roman d'Abigail Seran, "Marine et Lila". Cela, sans oublier, plus largement, la notion de famille, qui conditionne ici la création d'un groupe soudé, autour duquel gravite un certain nombre de personnages secondaires.

 

Côté relationnel, tout commence par la rencontre de Marine, une dame âgée, et de Lila Belezam, qui est plongée dans une vie très active de médecin néphrologue. Puis vient l'enfant, qui intégrera sans façons Marine à sa propre famille en la rebaptisant "Grand-Marine". Enfin, il conviendra de convaincre le mari de Lila de faire connaissance de la vieille dame. On relèvera avec un sourire que le jules de Lila se prénomme précisément Jules... Ce noyau familial atypique revêt une once de mystère, si l'on sait que les contacts entre Marine et le petit Antoine vont s'épaissir au gré d'explorations d'un grenier plein de vieux objets. Et aussi qu'un chat est en permanence aux aguets.

 

Néphrologue, le personnage de Lila permet un basculement vers le deuxième thème porteur de ce roman: la santé et, plus particulièrement, les greffes de reins. Basculement provoqué par une découverte fortuite... C'est là que le roman prend un dynamisme nouveau et met en scène la situation particulière d'une greffe triangulaire. Surviennent dès lors les efforts du personnel médical pour permettre à Marine de bénéficier d'une greffe, quitte à composer avec certaines lois, mais aussi les atermoiements de la bénéficiaire et, en filigrane, quelques vérités dérangeantes sur la vie de famille de Lila. Evidemment, seuls des liens forts autorisent un tel dévouement de la part de Lila et de son entourage; l'auteur a pris soin de les construire, préparant dès les premières pages le final de son roman, dans un souci d'empathie.

 

Le sujet choisi rappelle certes "A la santé d'Henry Miller" d'Oliver Bernabé. Abigail Seran traite cependant son sujet avec beaucoup plus de simplicité. Ce premier roman est porté par un style sans fioritures, tout empreint de sobriété. On accroche en particulier aux dialogues, bien travaillés dans un souci réaliste d'individualisation des personnages qui rend ceux-ci attachants. Ainsi reconnaît-on avec plaisir, notamment, la voix enfantine d'Antoine et celle, patinée à l'ancienne, de Marine.

 

Signée du docteur Karine Hadaya, enfin, une brève postface confirme l'engagement en faveur de la pratique de greffes de reins.

 

Abigail Seran, Marine et Lila, Lausanne, Plaisir de lire, 2013.

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