Rachel Maeder l'a lu aussi.
Lu dans le cadre du défi "Premier roman".
Le blog de l'auteur, le site de l'éditeur.
La rencontre entre les générations et la santé: tels sont les deux thèmes qui traversent le premier roman d'Abigail Seran, "Marine et Lila". Cela, sans oublier, plus largement, la notion de famille, qui conditionne ici la création d'un groupe soudé, autour duquel gravite un certain nombre de personnages secondaires.
Côté relationnel, tout commence par la rencontre de Marine, une dame âgée, et de Lila Belezam, qui est plongée dans une vie très active de médecin néphrologue. Puis vient l'enfant, qui intégrera sans façons Marine à sa propre famille en la rebaptisant "Grand-Marine". Enfin, il conviendra de convaincre le mari de Lila de faire connaissance de la vieille dame. On relèvera avec un sourire que le jules de Lila se prénomme précisément Jules... Ce noyau familial atypique revêt une once de mystère, si l'on sait que les contacts entre Marine et le petit Antoine vont s'épaissir au gré d'explorations d'un grenier plein de vieux objets. Et aussi qu'un chat est en permanence aux aguets.
Néphrologue, le personnage de Lila permet un basculement vers le deuxième thème porteur de ce roman: la santé et, plus particulièrement, les greffes de reins. Basculement provoqué par une découverte fortuite... C'est là que le roman prend un dynamisme nouveau et met en scène la situation particulière d'une greffe triangulaire. Surviennent dès lors les efforts du personnel médical pour permettre à Marine de bénéficier d'une greffe, quitte à composer avec certaines lois, mais aussi les atermoiements de la bénéficiaire et, en filigrane, quelques vérités dérangeantes sur la vie de famille de Lila. Evidemment, seuls des liens forts autorisent un tel dévouement de la part de Lila et de son entourage; l'auteur a pris soin de les construire, préparant dès les premières pages le final de son roman, dans un souci d'empathie.
Le sujet choisi rappelle certes "A la santé d'Henry Miller" d'Oliver Bernabé. Abigail Seran traite cependant son sujet avec beaucoup plus de simplicité. Ce premier roman est porté par un style sans fioritures, tout empreint de sobriété. On accroche en particulier aux dialogues, bien travaillés dans un souci réaliste d'individualisation des personnages qui rend ceux-ci attachants. Ainsi reconnaît-on avec plaisir, notamment, la voix enfantine d'Antoine et celle, patinée à l'ancienne, de Marine.
Signée du docteur Karine Hadaya, enfin, une brève postface confirme l'engagement en faveur de la pratique de greffes de reins.
Abigail Seran, Marine et Lila, Lausanne, Plaisir de lire, 2013.