... on sait qu'on se retrouve
avec un petit vin qui devrait se boire tout seul! Je n'ai pas réfléchi plus loin en achetant ce soir, pour accompagner la saucisse vespérale, une bouteille de "Sangre de Toro" Torres 2006, vin
catalan dont l'ambition, depuis 1954, est de créer un breuvage typiquement catalan.
Ce vin n'est pas une absolue nouveauté dans mon paysage de vieux dégustateur tous azimuts. J'ai eu l'occasion de le découvrir il y a deux ou trois ans, lors du repas de remerciement organisé par
les Romands qui étaient à l'origine du projet de traduction du "Petit Riesenkampf", ouvrage de référence des sociétés d'étudiants suisses. Nous avions alors fait un repas multiculturel, entre
chapeau tatar, frites bien belges et vin bien catalan. C'est là que j'ai découvert, pour la première fois, ce petit vin commercialisé (en Suisse en tout cas!) avec un petit taureau en plastique
attaché au goulot - de quoi s'amuser si le vin vous ennuie (ce qui est peu probable). Si l'équipe réunie ce soir-là passe par ici, qu'elle me fasse un petit coucou: je n'ai plus revu personne
depuis. Et je n'ai toujours pas mon exemplaire du "Petit Riesenkampf"...
Et ce soir, j'ai pris la peine de le déguster d'un peu plus près que ce que le permettait l'ambiance festive évoquée ci-dessus. Eh bien... ça résiste à ce genre d'épreuve! Et je peux le
recommander, tranquillement, pour accompagner vos grillades de l'été (bon, il risque d'être un peu léger à côté du râble de lièvre ou du civet de cerf de cet automne, mais n'anticipons pas).
Sa couleur est soutenue, d'un beau rouge rubis qui signale le vin de caractère, celui qui a du poids et de la prestance. Premier bon point! Au nez, je lui ai trouvé quelque chose de ferrugineux,
surprenant au premier abord, mais pourquoi pas? Je connais mal les sols espagnols, mes connaissances géologiques se limitant au kimméridgien de Chablis. Mais notre Sangre de Toro s'en trouve
bien! Au goût, en revanche, gageons qu'il mettra tout le monde d'accord, grâce à sa rondeur et à son équilibre - qui n'exclut pas, cependant, une certaine personnalité, loin de produits trop
exclusivement fruités ou trop doux qui finissent par écoeurer. A noter qu'il titre à 13,5% - un niveau moyen, on ne les sent pas passer (mais si mes propos ici vous semblent être ceux d'un
ivrogne, je réviserai volontiers mon opinion).
Tout ça pour dire que la bouteille, un mariage réussi de grenache et de carignan, a pu être terminée sans problème... en à peine plus de temps que celui d'une corrida.
Olé!
Photo: http://www.tsahiro.com