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29 octobre 2016 6 29 /10 /octobre /2016 20:24

Zufferey Pupille

Site de l'éditeur.

 

Et de trois! L'écrivaine suisse Rachel Zufferey termine avec "L'Héritière de la Pupille" le troisième et dernier tome de sa "Trilogie de Sutherland", historique et écossaise. Ce nouvel opus est étroitement associé aux précédents, à telle enseigne qu'il est bon d'avoir encore en mémoire les enjeux de "La Pupille de Sutherland" et "Le Fils du Highlander". Dernier retour dans les Highlands au tournant du XVIIe siècle, donc...

 

La romancière reprend son récit là où il en était resté, avec l'exil de Kirsty et Hamish Ross - plus précisément avec leur décès. Et comme dans tout récit long, celui-ci repart avec un personnage de la famille, en l'occurrence Bonnie, dernière-née des Ross. Les circonstances l'amènent dans un lieu nommé Balquhidder, où elle devra se faire accepter tout en essayant de trouver ce qu'on vécu ses parents durant les dix ans pendant lesquels elle a été séparée d'eux. Quête des origines, recherche du pourquoi...

 

"L'Héritière de la Pupille" est construit à la manière d'une romance, cherchant à rapprocher deux personnages que tout semble éloigner. Nous connaissons Bonnie: va-t-elle finir dans les bras de Sorley? Ou de quelqu'un d'autre, par exemple le gentil palefrenier? Ou, Bonnie n'étant guère attirée par les hommes, pourrait-elle s'avouer lesbienne? Autant de fausses questions: Sorley sera son homme, on le comprend vite. Il a du caractère, et un statut social digne de ce nom. Reste à savoir comment... et "L'Héritière de la Pupille" est le récit d'un improbable rapprochement.

 

La figure de Sorley, en effet, est attachante: on se retrouve ici avec le parfait archétype du dur au coeur tendre. De même que Bonnie, le lecteur devra l'apprivoiser: c'est un personnage sauvage, bourru, et c'est aussi, paradoxalement, un homme qui prend, baise et jette les femmes. Il est surprenant de le voir, plus tard dans le roman, ouvrir soudain son coeur à Bonnie, qu'il traite comme une servante. Reste qu'entre ces deux personnages, naît une relation sentimentale hors norme, profonde.

 

On peut se demander qui est vraiment Bonnie. Femme de tête, elle ne l'est certainement pas. On se retrouve plutôt en présence d'une jeune femme difficile à cerner, qui n'a rien fait de ses dix doigts à seize ans, finalement peu douée pour la vie, et que les circonstances, plus que l'action personnelle (elle n'est guère rouée, et suit ses sentiments), vont amener à épouser un seigneur. Est-ce crédible dans les années 1599, en un temps rude où il y a du travail pour toutes et tous? L'auteure évite une longue introspection par le biais d'une ellipse: on ne saura pas grand-chose des dix ans qu'elle a vécus chez son frère déjà adulte.

 

En revanche, le lecteur appréciera les retours sur Kirsty et Hamish Ross, qui sont des flash-back récurrents représentant une agréable rupture de rythme dans le récit. Celui-ci est d'ailleurs mené d'une plume généralement fluide, où on regrette certains tics de langage trop présents: des tours comme "mettre fin au baiser", "approfondir le baiser", "répondre au baiser" paraissent raides s'ils sont souvent répétés, rendant lesdits baisers peu désirables. On préfère retenir la modernité du ton adopté, en particulier lorsqu'il s'agit de faire parler les personnages. Une modernité qui tranche avec les temps anciens mis en scène et rappelle que les sentiments amoureux sont intemporels.

 

Rachel Zufferey, L'Héritière de la Pupille, Lausanne, Plaisir de lire, 2016.

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10 juin 2015 3 10 /06 /juin /2015 20:54

Zufferey FilsLu par Francis Richard, Stella.

Le blog de Kirsty Dunbar.

Le site de l'éditeur.

 

Après "La Pupille de Sutherland", "Le Fils du Highlander" est le deuxième tome de la "Trilogie du Sutherland", lancée l'an dernier par l'écrivaine suisse Rachel Zufferey. Paru dans le sillage du dernier Salon du Livre de Genève, cet ample récit permet aux fidèles de retrouver un univers familier, celui des Highlands écossais à la fin du XVIe siècle. Autour de Kirsty et Hamish, hérauts du clan Ross, la vie continue. Et l'auteure n'a rien perdu de son chic à parsemer leur existence de péripéties et de drames parfois mortels, dans une société à la violence généreuse. Comme sait l'être aussi, d'ailleurs, sa solidarité.

 

S'il est parfaitement pertinent, "Le Fils du Highlander" dessine en creux de quoi il s'agit: le récit s'ouvre en effet sur la mort violente de Seumas, fils de Kirsty, bâtard que Hamish a élevé comme son propre fils. Une absence, une mort qui enclenche toute l'intrigue, fort massive: il y aura des voyages, des duels, des trahisons, de l'action enfin! Celle-ci est portée par un rythme alerte structuré en chapitres courts où alternent le point de vue de Kirsty et un regard plus général décliné à la troisième personne du singulier. Ce titre aurait pu être au pluriel, d'ailleurs: Kirsty et Hamish ont élevé ensemble sept enfants, dont plusieurs garçons, et l'auteur suit de près les destinées de chacun d'eux, en dessinant leurs personnalités respectives et en abordant, à l'occasion, la question des conflits générationnels.

 

En effet, le lecteur retrouve dans "Le Fils du Highlander" le côté "modernité en kilt" déjà présent dans "La Pupille du Sutherland", cette manière de faire agir des personnages d'une manière très actuelle alors qu'ils ont vécu il y a plusieurs siècles. Cet artifice permet à l'auteur d'aborder des thématiques modernes telles que la violence domestique ou l'homosexualité. Ce premier thème offre quelques pages douloureuses, mais dont le caractère choquant est un peu estompé par le contexte général du roman - où les menaces de mort sont monnaie courante entre personnages, et sont volontiers suivies d'action. La question des pulsions homosexuelles n'est que suggérée, à propos d'un personnage secondaire - également concerné, d'ailleurs, par la question de la violence domestique. Gageons qu'il en sera plus amplement question dans le tome 3 de la série!

 

Si "La Pupille du Sutherland" a fait la part belle à la romance, l'auteure choisit, dans "Le Fils du Highlander", d'appuyer davantage la sensualité - et elle glisse quelques pages fort tendres dans son roman. Si l'on peut regretter l'un ou l'autre tic de langage (l'expression "mettre fin au baiser"), force est de noter que l'auteure sait flatter les sens. Reste que grâce aux personnages d'Alasdair et Meilina, le côté "romance" n'est pas oublié. Et si le récit ne bascule jamais dans le fantastique, on relève que les surnoms de "Bean Sith" et de "Brownie", donnés à deux personnages féminins (Kirsty et Neilina, à la timidité appuyée) et désignant généralement des êtres surnaturels, suggèrent que les femmes de ce roman recèlent leur part de mystère.

 

Les lecteurs de la "Trilogie du Sutherland" débarquent donc en terrain connu avec "Le Fils du Highlander". C'est ce que suggèrent ses premières pages, déjà, qui relatent une rencontre dont l'ambiance tendue de confrontation n'est pas sans rappeler la scène d'ouverture de "La Pupille de Sutherland". Puis viennent les péripéties... et le lecteur attend à présent que l'auteure, passionnée de Highlands et d'Ecosse, raconte la suite des joies et des peines du clan Ross, en espérant qu'enfin, la vie de ses membres sera apaisée.

 

Rachel Zufferey, Le Fils du Highlander, Lausanne, Plaisir de lire, 2015.

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30 avril 2014 3 30 /04 /avril /2014 21:09

hebergeur imageLu par Bull'Elodie, Camille, Denis, Lila.

Le blog de Kirsty Dunbar.

Le site de l'éditeur.

 

L'Ecosse, Marie Stuart, les Highlands... li n'en faut pas moins pour créer un univers au parfum légendaire et faire naître une saga captivante. C'est ce que propose l'auteure suisse Rachel Zufferey dans son roman "La Pupille de Sutherland". Cet ouvrage d'une ampleur certaine (640 pages) est le premier d'une trilogie dont les deux tomes suivants paraîtront ces prochains mois.

 

"La Pupille de Sutherland" se présente de manière classique comme un roman à intrigues historique, à la lecture aisée: le style est fluide et les péripéties se succèdent en donnant l'envie d'en savoir plus. Le roman de Rachel Zufferey met en scène Kirsty Dunbar, jeune fille élevée dans la haute société écossaise au temps de Marie Stuart, puis envoyée à la cour de celle-ci à la suite d'une imprudence sentimentale.

 

Deux éléments dominent "la Pupille de Sutherland": l'histoire et la romance. L'aspect historique s'avère très présent dans la première partie du roman. Il révèle certains aspects pas forcément reluisants de la vie à la cour d'Ecosse en des temps troublés. Le lecteur aura donc droit à son lot d'intrigues de palais, de trahisons et de violences. L'auteure s'est solidement documentée pour asseoir l'aspect historique; à partir de la lecture de deux ouvrages sur Marie Stuart, elle construit une figure crédible, susceptible de frapper les esprits et de susciter l'empathie. C'est d'autant plus méritoire que dans "La Pupille de Sutherland", le personnage de Marie Stuart n'occupe guère le devant de la scène.

 

Particularité agréablement surprenante, l'auteure fait délibérément fonctionner certains de ses personnages d'une manière tout à fait actuelle. Ainsi voit-on par exemple deux personnages, amoureux sans oser se l'avouer, se lancer un défi de cuisine. Plutôt que d'y voir un anachronisme, le lecteur percevra ici une volonté de souligner le côté intemporel de certaines actions, de certains sentiments - et, en définitive, d'un roman historique.

 

Au fil de la lecture, la romance s'installe et s'affirme, devenant l'élément moteur de la fin du roman, qui se déroule dans les Highlands, loin des grandes évolutions historiques. Le lecteur devine certes, dès les premières pages de "La Pupille de Sutherland", que Kirsty Dunbar et Hamish Ross (un personnage masculin pétri de paradoxes, à la fois rude et doux, doté d'une épaisseur indéniable qui le rend attachant) devront finir par tomber dans les bras l'un de l'autre. Dès lors, tout l'intérêt du récit, qui emprunte pour le coup au genre de la comédie romantique, réside dans le fait de savoir quelles vicissitudes ils devront traverser pour vivre leur amour. En la matière, le lecteur est servi; et l'auteure ménage même une seconde intrigue sentimentale, autour de deux autres personnages, afin de captiver ceux qui en voudraient encore plus.

 

"La Pupille de Sutherland" est le premier tome d'une trilogie, ai-je dit. Ce roman se suffit à lui-même, fermant l'essentiel des portes qu'il ouvre. Cela dit, il porte en lui les germes de suites qu'on devine captivantes. Il n'est qu'à penser aux nombreuses naissances qui ponctuent la fin du roman: tout se passe comme si l'auteure avait voulu assurer ainsi la relève. Et puis, alors que tant de romans s'achèvent sur un mariage, il sera plus qu'intéressant de découvrir ce qu'il adviendra après la noce de Kirsty Dunbar et Hamish Ross...

 

Rachel Zufferey, La Pupille de Sutherland, Lausanne, Plaisir de lire, 2013.

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