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5 septembre 2016 1 05 /09 /septembre /2016 21:30

Pignat EcosseDéfi Premier roman.

 

Passer de la nouvelle au roman: c'est le grand saut pour tout écrivain. En cette rentrée littéraire romande, l'auteur suisse romand Cédric Pignat s'y est essayé. Il propose "D'Ecosse", un roman marqué par la présence de John Steinbeck et Robert Louis Stevenson et habité, comme son titre l'indique, par l'Ecosse.

 

L'intrigue semble à la fois brève et difficile à cerner dans ses enjeux: curieusement obnubilé par un fait divers impliquant la mort violente de deux adolescentes en Ecosse, un personnage mordu de lectures, probablement Suisse, sans doute fonctionnaire sans histoire, décide d'y aller voir de plus près. Ses motivations? Elles sont mystérieuses, troubles sans doute, mais en tout cas, il ne va pas mener l'enquête en vue de révélations fracassantes. Le roman se termine du reste simplement sur la vision de la tombe de l'une des jeunes victimes, Fay McMullan.

 

Une fois de plus, l'auteur épate son lectorat par un style très travaillé, très écrit, dont la beauté ne peut qu'étonner. La scène d'ouverture, observée de près dans un aéroport, s'avère ainsi fort belle. Le langage de l'auteur, sa voix en somme, semble même s'être étendu depuis les nouvelles du recueil "Les Murènes", l'auteur creusant le sillon du beau verbe sans relâche. Les mots rares et précieux ne manquent pas. Cela suffit-il pour tenir la distance?

 

On l'a dit, l'intrigue reste floue. Cela laisse l'impression tenace que "D'Ecosse" peine à guider son lecteur. Le voyage littéraire s'offre du reste des détours plutôt longs, déclinés à plus d'une reprise en énumérations étirées, et où s'étendent des allusions biographiques amples au sujet des écrivains Robert Louis Stevenson et John Steinbeck, reflets avant tout des manies de lecture de l'un ou l'autre personnage. Enfin, l'alternance entre les différentes personnes, dispositif permettant de différencier les personnages, s'avère assez difficile à suivre. Cela, même si l'utilisation du "tu" pour donner la parole au narrateur permet à l'auteur d'interpeller le lecteur de façon forte.

 

"D'Ecosse" est un roman dense, long et sinueux (il aurait mérité d'être élagué, sans que soit compromise une certaine ambition de tout dire), souvent difficile à suivre en raison d'un fil conducteur en traitillé. On n'y trouvera pas non plus le son des cornemuses (ce qui n'est pas forcément un tort...), les ambiances des pubs n'arrivent que de manière épisodique, et on aurait attendu que l'auteur soit parfois plus proche de l'action que d'un style qui, souvent, a des allures de fin en soi.

 

Pourquoi lire "D'Ecosse" quand même, alors? Sans doute pour les beaux mots en pagaille, pour les phrases ouvragées, même si elles sont parfois bien longues. Il est donc permis de voir en "D'Ecosse" un message adressé avant tout aux passionnés du verbe ciselé et de l'art (littéraire) pour l'art.

 

Cédric Pignat, D'Ecosse, Vevey, L'Aire, 2016.

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