A l'heure où il est de bon ton d'emporter avec soi sa bouteille de vin sur la plage, à la piscine, en forêt ou Dieu sait où, Chamarré, un producteur de vins
"pédagogique" que j'avais évoqué en son temps, lance ce qu'il
présente comme une grande nouveauté: le vin en bouteilles de PET. Parallèlement, Japan Air Lines propose la même chose sur ses vols. Faut-il s'en réjouir? Ou se poser des questions? C'est cette
dernière option que j'ai prise, et les réponses qui me sont venues me laissent songeur.
Naturellement, il y a l'argument du poids, mis en avant par les deux acteurs commerciaux. Chamarré suggère ainsi aux pique-niqueurs que leur sac à dos sera moins lourd - pure commodité, donc.
Japan Air Lines mobilise des enjeux plus importants: des bouteilles plus légères, c'est du poids en moins dans les avions, donc une consommation de carburant inférieure, donc moins de dégagement
de CO2, etc. - un discours écologiste séduisant.
Chamarré met du reste également en avant l'aspect écologiste... certes, c'est moins lourd à transporter, donc moins gourmand en énergie. Cela dit, le PET est-il aussi recyclable qu'on le dit
(100%!)? Et quid du verre? Il paraît que ça se recycle aussi; lequel est le moins lourd à recycler? Je n'ai pas de réponse, je pose la question; simplement, je connais depuis toujours les
systèmes de collecte du verre: conteneurs, consignes, etc. Enfin, le PET ne me semble pas franchement champion de la biodégradabilité. Sans compter la tentation, pour le pique-niqueur, d'y mettre
le feu en fin de repas - avec le dégagement de substances polluantes que cela peut engendrer. Alors que... qui aurait l'idée de mettre le feu à une bouteille en verre?
Chamarré avance par ailleurs qu'il n'est pas nécessaire d'avoir un tire-bouchon pour ouvrir ses bouteilles en PET. Là, on entre dans le tendancieux, à l'heure où la capsule se fait sa place sur
les bouteilles de vins non destinés à une longue garde. Naturellement, Chamarré suggère par ailleurs que l'usage d'une capsule écarte tout risque de goût de bouchon... cela contredit un reportage
sérieux que j'ai vu, il y a quelques années, dans le cadre d'une émission de télévision destinée aux consommateurs et tendant à démontrer que vu que le "goût de bouchon" n'est pas dû au liège
mais à une bactérie qui peut être présente sur les palettes de transport des bouchons et capsules. Aucun flacon n'est donc à l'abri - même si, a-t-on reconnu, le liège est le matériau le plus
exposé.
Enfin, qu'on me permette quelques réserves concernant la préservation de l'arôme du vin... Chamarré propose, dans ses bouteilles en PET, des vins simples (un chardonnay en blanc et un
cabernet-sauvignon en rouge), mais qu'en serait-il de la complexité d'un bel assemblage valaisan, voire d'un Chablis Grand Cru? La simple idée de boire du vin dans des verres en plastique donne
déjà des boutons à certains consommateurs (dont je suis), vu l'altération, que je crains, du goût et des conditions de dégustation; que penser du PET, donc? Et qu'en est-il des vins de
garde?
Tout cela me laisse songeur... y a-t-il des oenophiles, des sommeliers dans la salle?
Pour en savoir plus: http://www.chamarre.com