Lu par Clarabel, Ecriturbulente, Lecturissime, Littexpress, Pages à pages, Sylvie, Villa Voice.
"La maison de mon enfance était mitoyenne avec l'église et l'école": voilà un incipit qui annonce clairement la couleur. C'est celui de "Un jour avant Pâques", roman de Zoyâ Pirzâd, dont ce blog avait déjà évoqué le recueil de nouvelles "Le goût âpre des kakis". Quelques lieux simples, une langue clairement rendue dans la traduction de Christophe Balaÿ, tout est là. Et le lecteur familier de cette écrivaine arménienne d'Iran retrouvera avec plaisir les ambiances du recueil de nouvelles.
Loin d'encombrer son propos, la romancière a l'élégance d'aller à l'essentiel et de s'intéresser aux choses simples. "Un jour avant Pâques" retrace avec délicatesse trois moments de la vie d'Edmond, correspondant aux trois parties de ce court ouvrage: enfance, âge adulte, vieillesse. Le lecteur retient plus d'une belle image, comme celle de cette coccinelle qu'Edmond, enfant, place dans une boîte qu'il oublie de percer afin qu'elle respire...
Toute une société évolue autour d'Edmond, à l'exemple de l'école - évoquée avec pertinence dès la première phrase du roman. L'enseignant sait être sévère, Edmond connaît les interdits et l'autorité qui fait peur, celle du directeur de l'école, avant de devenir lui-même directeur. La religion est là aussi, de même que les membres de la famille, nettement dessinés.
Cela, sans oublier la patronne du café, qui est la seule Arménienne du lieu à avoir connu l'Arménie. En effet, c'est sur la communauté arménienne que se concentre "Un jour avant Pâques", une communauté minoritaire qui entend préserver ses us et coutumes en Iran et se souvient du génocide arménien. A travers entre autres le personnage de Tahereh, le contact avec les autres groupes de population du pays est également évoqué.
Les périodes d'avant-Pâques structurent le récit, on s'en doute. Et puis, l'auteure a l'habileté de susciter l'adhésion du lecteur en donnant directement la parole à Edmond. Ses mots reflètent au plus juste les ressentis d'un personnage lors de trois époques d'une vie, entre la naïveté fraîche de l'enfance, les soucis de l'âge adulte et la solitude du grand âge, quand l'épouse est partie pour un monde meilleur. Et c'est sur le lendemain de Pâques que s'achève "Un jour avant Pâques". Comme si une page s'était tournée...
Zoyâ Pirzâd, Un jour avant Pâques, Paris, Zulma, 2008, traduction du persan (Iran) par Christophe Balaÿ.
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