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7 octobre 2013 1 07 /10 /octobre /2013 20:41

hebergeur imageAprès La Montée des eaux et Le Ciel pour mémoire, Thomas B. Reverdy a offert, en 2008, un roman qui conclut une sorte de trilogie mémorielle. Son titre? "Les derniers feux". J'avoue avoir commencé par ce dernier ouvrage, paru en 2008. Il m'a donc peut-être manqué quelques éléments pour tout comprendre; sans doute que les "derniers feux" présentent un lien avec la "montée des eaux" - un lien paradoxal peut-être, puisque l'eau et le feu ne s'épousent guère. Mais l'essentiel a été pour moi, au fil des pages de ce court roman, de découvrir la personnalité d'un écrivain...

 

... un écrivain qui sait lancer son sujet en une seule phrase, celle qui constitue l'incipit: "Je suis venu à l'enterrement de mon père pour constater qu'il était mort, pour le tuer en quelque sorte." Tout cela trouve sa confirmation dans la suite du roman, qui évoque une vie de famille parfois complexe. Et puis, l'idée de tuer le père, proposée ici au sens le plus propre qui soit, est un classique dès lors qu'on songe à son sens symbolique. Elle trouve ici tout son sens dans le fait que le narrateur, baladé dans le sud de la France par un périple foisonnant, va prendre ses distances avec son enfance, sa jeunesse, afin de trouver sa propre voie.

 

Il est intéressant, dès lors, d'observer la structure de la première partie de ce roman - première à suivre le prologue. Par cercles concentriques, le lecteur est invité à faire connaissance avec l'entourage du narrateur, puis à découvrir quelques objets anciens mais significatifs: des photos par exemple, ou une maison qu'il faudra bien vendre. Des événements anciens sont également évoqués, telle la production quasi industrielle, éprouvante, de fromages. Ce premier chapitre s'achève sur une finale en apnée, faite d'un long paragraphe où reviennent certains démons du passé et des objets pour le moins hétéroclites - comme si la mémoire avait ses propres règles de sélection. Ce qui est le cas...

 

Le deuxième chapitre, en fait une deuxième séquence, s'avère active, et fortement arrosée, ce qu'annonce la première partie. Le dynamisme des déplacements, marqué par l'indication des villes traversées (il est question de Limoges), se trouve dopé par l'absorption d'alcool entre amis. Leur présence donne un prétexte pour leur donner une présence, une épaisseur.

 

La troisième partie revient sur l'idée de "tuer le père", d'une manière différente. Une phrase est importante ici, au début de cette séquence, dans la mesure où elle représente un écho fort à l'incipit, qui se trouve ainsi confirmé: "Je suis venu à l'enterrement de mon père pour constater que j'étais mort, pour me tuer en quelque sorte." Et progressivement, c'est face à la tombe qu'on se retrouve. Un jeu de regards manqué, entre autres, suffit cependant à dire au lecteur que le narrateur est passé à autre chose, qu'il a fait son deuil d'une famille qui, d'emblée, lui échappait. Dès lors, l'épilogue, description d'une certaine nature, devient le reflet d'un avenir vierge pour le narrateur.

 

On retrouve, au fil de la narration, les noms de "Thomas" et "Reverdy". Ainsi l'auteur évoque-t-il, pour lire ce roman, la piste de l'autofiction. Il suggère cependant l'inverse, en insistant sur le fait que "Les derniers feux" est un roman (page de garde). Que croire? L'essentiel, pour le lecteur qui goûte les proses denses qui se détaillent en longs paragraphes aux dialogues rares et apprécie les jeux de masques des écrivains, est sans doute ici de pénétrer un personnage profondément humain, avec ses forces et ses limites. Et d'embarquer avec lui dans un tour de France en voiture qui, peut-être, le rendra meilleur à coups de rasades de vin dégustées au goulot.

 

Thomas B. Reverdy, Les derniers feux, Paris, Seuil, 2008.

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commentaires

F
Sur les conseils de ma compagne j'ai lu il y a peu Les évaporés et j'ai beaucoup apprécié le style de Reverdy, alors pourquoi pas m'attaquer à cette trilogie, mais par contre en la suivant dans l'ordre ;)
D
Merci de votre passage et de votre commentaire! Cet auteur a publié &quot;Les Evaporés&quot; dans le cadre de la rentrée littéraire, ce qui m'a donné envie de me plonger dans quelque chose de plus ancien de sa part. Je vous souhaite une bonne découverte de cette trilogie! <br /> Et vous aimez donc les jeux de pompiers?

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