Jeudi dernier, Philippe Beaussant a prononcé son discours de réception à l'Académie française, dans le
cadre des réunions ordinaires de la vénérable assemblée. Un discours que j'ai survolé, et où se croisent Corneille et Jean-François Deniau, prédécesseur de ce musicologue et écrivain
distingué, titulaire du Prix de la langue française pour l'ensemble de son oeuvre.
Prix de la langue française? J'ai envie de dire que c'est mérité. L'homme m'a en effet accompagné, si j'ose ainsi dire, pendant tout le printemps 2002, alors que je potassais mes examens finaux
de musicologie à l'université de Fribourg. J'avais alors choisi de présenter à mon professeur de musicologie, Luigi Ferdinando Tagliavini, l'opéra français au dix-septième siècle. Une
période dominée par la figure de Jean-Baptiste Lully, compositeur sur lequel Philippe Beaussant s'est penché l'espace de tout un volume, imposant par la taille, magistral par le contenu, que j'ai
dû lire deux ou trois fois durant cette période afin d'asseoir ma science (?).
Et je me souviens qu'il y a de bien pires manières de préparer un examen oral: l'homme écrit fort bien; s'il passe par ici, qu'il soit remercié pour ces fort agréables moments de formation. Son
livre raconte la vie de Lully, son irrésistible ascension et sa prise de pouvoir progressive sur le monde musical parisien de l'époque classique. Mais Philippe Beaussant enrichit également son
propos d'exemples musicaux choisis, illustrés par des extraits commentés de partitions. Ainsi, on travaille en musique... ou presque. Et l'on apprend l'essentiel sur la période qui vit l'opéra,
venu d'Italie, s'acclimater en France - rien d'évident pour un peuple qui, à l'époque, peinait à admettre qu'on puisse s'entretuer en musique. Peut-être avez-vous vu vu le film "Le Roi
Danse"? C'est de ce livre que Gérard Corbiau s'est inspiré pour ce film.
Et depuis, j'ai eu la chance de lire également son "Stradella" - une autre époque, d'autres ambiances, pour un roman qui se veut sans cesse en construction. L'auteur, Philippe Beaussant toujours,
montre ses personnages et les relations qu'il entretient avec eux, tout en narrant les aventures du compositeur Stradella, à la fois musicien et aventurier. Moins analytique que "Lully", ce
titre-ci se dévore réellement... comme un roman.
P. S. : depuis Jean Dutourd, on sait que l'habit vert sied très bien à la pipe, et vice versa!
Photo: http://www.littoralinfo.fr