... un regret que je suis en train de réparer. Ce nom me poursuit en effet depuis les années 1988/89. Et cela me permettra de vous
parler des débuts de Lecteur Compulsif pas si Anonyme que ça. OK, j'y vais.
Mon aveu majeur est donc que les circonstances ont fait qu'à ce jour, je n'ai rien lu de celui qui a décroché hier un prix Nobel sans doute mérité. Pourtant, son nom occupe, depuis les années
mentionnées plus haut, une petite place dans ma mémoire. Rappelons les faits: l'enseignant Jacques Boschung (auquel je rends ici hommage - Marie-Christine Buffat, si tu passes par là, tu le
connais également!) a été mon professeur de français au cours des années 1988/89, qui ont été ma dernière saison à l'école obligatoire.
L'homme a mis à la disposition de ses élèves une bibliothèque de pas moins de 427 livres, et instauré un système de prêts où l'un des élèves jouait le rôle de bibliothécaire, gérant cette masse
de volumes d'hier et d'aujourd'hui. Avant cela, je lisais peu, et souvent les mêmes choses; cette offre, plus le défi consistant à battre le records de lectures en une année et la lecture, par
l'enseignant, de textes choisis (en particulier tirés des Exercices de style de Queneau) m'ont décidé à me lancer, moi aussi, dans la carrière exaltante et exigeante de lecteur en série. Ce qui,
au début, a constitué un défi quantitatif a finalement débouché sur un plaisir réel et permanent, voire sur une passion - celle du livre. Celui qu'on lit, celui qu'on écrit.
Or, il se trouve que cet enseignant nous avait fait une dictée tirée de "Mondo" de J. M. G. Le Clézio. L'homme n'avait pas su nous dire avec certitude ce que signifiait le "G" de ses initiales;
mais il nous a montré la couverture du livre, rappelant qu'il se trouvait dans les 427 ouvrages de son stock. Sur le moment, j'ai noté la référence, sans pour autant me ruer sur l'ouvrage - ce,
d'autant plus que l'expérience m'avait démontré que les livres dont le professeur faisait une publicité appuyée partaient vite dans les mains d'autres lecteurs. Et ensuite, l'eau a coulé, Le
Clézio est resté dans ma mémoire, et c'est tout. Pour de tels écrivains, on devrait créer une nouvelle abréviation: MAL (mémoire à lire), consacrant les auteurs "dont on a entendu parler, et
qu'on se dit qu'on lira un jour, sans jamais se décider à passer à l'acte".
Et hier, annonce fracassante (mais non, pas tant que ça, les lecteurs du Figaro l'ont senti venir gros comme une maison!): les Suédois du Prix Nobel ont décidé de lui décerner leur prix. L'homme
entre donc dans l'histoire de la littérature mondiale... et cela m'a décidé à ouvrir "Ourania", qui se trouvait depuis le début de l'année dans ma PAL (comme quoi je ne l'avais pas totalement
oublié, le bonhomme...). Je lis, ça a l'air bien et riche, sous des dehors très naturels; je vous raconterai.