Lu par Charlotte, Jérôme, Leiloona, Stephie, Sylvie Sagnes.
Le blog de Bertrand Guillot, le site de l'éditeur.
Défi Rentrée littéraire 2014.
"Sous les couvertures"? C'est le titre du blog de Constance... et c'est aussi celui du dernier opus de l'écrivain Bertrand Guillot, paru pas plus tard qu'hier. Gageons que ce roman "bonne mine", quatrième ouvrage de l'auteur, deviendra rapidement le chouchou des lecteurs et blogolectuers!
En effet, l'auteur aborde un thème cher: celui du livre. D'emblée, le lecteur se sentira flatté dans son "vice impuni" qu'est la lecture. Et puis, tout se passe autour d'une de ces librairies de quartier indépendantes qu'on a envie de dénicher au détour d'une promenade en ville. Deux histoires s'y déroulent dans un parallélisme pétri de jeux d'échos: celle du libraire et de son entourage, parfaitement pragmatique et réaliste, et celle des livres, absolument délirante et épique.
Une joie communicative avec les livres...
Evoquant les livres de la librairie, en effet, l'auteur revisite les figures imposées de l'épopée, avec énormément d'esprit. Le début ne manque pas de bons sentiments, et laisse craindre une certaine mièvrerie: c'est l'histoire des livres invendus, à la veille de partir au pilon, qui décident de s'approprier la table des best-sellers afin de se donner une seconde chance de trouver un lecteur.
Puis l'épopée s'installe: les livres ont un surnom qui les caractérise et permet de s'y retrouver. Il y a des traîtres, des envolées lyriques, des otages, et surtout de belles batailles rangées, assorties de stratégies. Tous ces personnages, ce sont des livres - qui, et c'est particulier, savent voler et se déplacer tout seuls comme des grands.
Ce versant de "Sous les couvertures" s'avère drôle, aussi parce que l'auteur sait jouer avec les mots à l'occasion - on sent pointer une joie d'écrire communicative. Et quelques débats s'installent, sur le sens de la littérature ou l'opposition un peu vaine entre bons livres et livres qui se vendent.
... et de la gravité avec les humains
La vie des humains, celle qui est réaliste et s'inscrit en contrepoint, paraît du coup fort grave. L'auteur y expose plusieurs acteurs de la chaîne du livre, libraire, auteurs, diffuseurs, éditeurs, etc. Le libraire est âgé, mais on s'y attache, de même qu'à sa librairie...
... ces pages sont pour l'auteur l'occasion de faire passer quelques messages sur l'avenir du livre: papier ou électronique (en contrepoint à la liseuse qui traîne dans la librairie)? Dédicaces ou pas? Un brin de folie au salon du livre? La disparition de la librairie de quartier paraît programmée tout au long du livre, face aux assauts d'acteurs plus puissants mais présentés comme inhumains. Enfin, quelques procédés peu loyaux dans le secteur du livre sont démasqués: nous ne sommes pas (toujours) chez les Bisounours!
S'ils sont nimbés de nostalgie pour un monde livresque qui pourrait disparaître, les messages de l'auteur sont toujours pleins d'espoir. La possibilité d'un passage de témoin entre le vieux libraire et son employée, image générationnelle, en est l'illustration la plus patente.
On sort de "Sous les couvertures" de bonne humeur, donc, avec l'impression d'avoir passé un agréable moment en compagnie des livres, gentiment raillés par l'auteur, et d'une série de personnages charmeurs, jamais franchement méchants. Un plaisir à ne pas bouder, d'autant moins que le tout, franchement se dévore à pleines dents.
Bertrand Guillot, Sous les couvertures, Paris, Rue Fromentin, 2014.
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