Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
26 janvier 2014 7 26 /01 /janvier /2014 16:38

hebergeur imageLu par Aifelle, Ankya, Bruce, Catherine, Cathulu, C. Jeanney, Emma, Flof13, Géraldine, Leiloona, Lili, Liliba, Livravous, Magali Duru, Natiora, Papillon, Philippe Poisson, Steph, Sylire, Yv.

Défi Thrillers et polars.

Le blog de l'auteur.

 

Il y a du Baudelaire dans les pages de "La commissaire n'aime point les vers" de Georges Flipo. Et du Victor Hugo aussi. Paru en 2010, le premier livre relatant les aventures de "la" commissaire Viviane Lancier s'avère un polar littéraire des plus délicieux, bien calé, vif et drôle à l'occasion, et toujours inventif. Lu par d'innombrables blogueurs, traduit en plus d'une langue étrangère, paru en poche, cet ouvrage a d'ores et déjà connu un succès certain - et mérité.

 

hebergeur imagePour rappel, le point de départ de l'intrigue est simple: un mystérieux sonnet inédit de Charles Baudelaire sème la mort autour de lui. L'affaire est déclenchée par la mort violente d'un clochard surnommé Victor Hugo, à proximité de l'Académie française.

 

Jeux de femme et de pouvoir

Evoquons avant tout le personnage principal, Viviane Lancier. Un drôle d'oiseau dans le monde du polar: "la" commissaire règne sur une équipe d'hommes regroupés dans un open space. Connaisseur des jeux de pouvoir, l'auteur isole d'ailleurs Viviane Lancier dans un bureau - un isolement concret qui reflète le relatif isolement de tout cadre. Et il est vrai que parfois, les hommes de "la" commissaire paraissent vivre sur une autre planète que leur supérieure hiérarchique. Quant à Viviane Lancier, c'est sans doute la seule commissaire de l'histoire du polar qui paraît larguée tout au long de l'histoire, et surveille son poids en permanence. Un joli contrepoint à l'action, et une touche d'humanité pour un personnage qu'on sent en permanence soucieux, aussi, d'asseoir son autorité.

 

L'auteur exploite la situation d'une manière inattendue qui recèle son lot d'autodérision, en faisant de ces hommes, et en particulier de certains d'entre eux, des hommes-objets. Cette objectivation passe en particulier par l'attention portée par Viviane Lancier au physique de ceux-ci, et en particulier d'Augustin Monot, stagiaire et archétype du trobogosse, que "la" commissaire dévore des yeux sans se gêner. On ne verse cependant jamais dans le harcèlement: si les deux personnages se rapprochent sentimentalement, c'est délibéré, de part et d'autre.

 

En matière de hiérarchie, il est intéressant de noter, enfin, que bon nombre d'éléments, hiérarchiques ou non, endossent une métaphore religieuse: le supérieur de Viviane Lancier est surnommé le Tout-Puissant, par exemple. Et l'on s'en remet parfois à la transcendance pour faire avancer l'enquête. Dans le genre littéraire du roman policier, rares sont les policiers qui feraient appel à un médium pour en savoir plus; l'auteur ose cela, et va jusqu'à rendre une telle péripétie vraisemblable, indispensable même.

 

Du mordant envers les médias

Les médias jouent, en bloc, un rôle important dans "La commissaire n'aime point les vers". Les allusions à certaines stars et figures du petit écran sont transparentes et prêtent à sourire. De même, l'auteur croque avec mordant les travers de la télévision, en particulier cette habitude qu'ont certains animateurs de couper la parole de leurs invités et, en définitive, de se faire mousser.

 

La presse papier, en général, a aussi toute sa place dans le récit. Elle exerce toute sa pression sur l'enquête (qui traîne plus d'un mois, c'est long...). Il y a même une journaliste qui se fait larguer, question de conflits d'intérêts mal vécus...

 

Littéraire et visionnaire

Mais "La commissaire n'aime point les vers" est avant tout un polar littéraire, je l'ai dit. Le lecteur attentif reconnaîtra ainsi la qualité, et aussi la versification soignée juste ce qu'il faut, du pastiche de poème de Charles Baudelaire qui constitue le coeur de l'intrigue; le plus baudelairien des lecteurs y repérera même quelques allusions transparentes.

 

Le personnage de Victor Hugo est franchement pénétré de l'écrivain, allant jusqu'à loger dans une artère parisienne qui porte son nom. Etonnant, pour un SDF, astucieux de la part de l'auteur, qui cultive ici le paradoxe. Celui-ci balade d'ailleurs ses lecteurs à travers Paris, cité des lettres par excellence, et témoigne, ce faisant, d'une connaissance certaine du terrain. Tout au plus, dois-je avouer que je ne suis pas allé vérifier si les restaurants cités existent vraiment...

 

En revanche, force est de constater que l'auteur va jusqu'à faire oeuvre de visionnaire: en faisant démarrer son roman policier littéraire dans un McDonald's, il anticipe le fait que cette chaîne de restauration rapide va, quelques années plus tard, offrir des millions livres aux enfants...

 

Nous sommes donc sans doute en 2013 (les têtes de chapitre en font foi), soit trois ans après la publication de "La commissaire n'aime point les vers". Quelques clins d'oeil entrent en étonnante résonance avec l'actualité récente. D'autres brillent par leur originalité: on trouvera, au fil des pages, des graphologues luttant pour leurs contrats, un producteur de blocs à lécher pour bovins nommé Xavier Baudelaire, des recoins parisiens aux propriétés étonnantes (pas de réseau!), etc. Le tout est habilement construit, avec un grand soin du détail, et compose une intrigue alerte et vivante, à l'issue inattendue.

 

Georges Flipo, La commissaire n'aime point les vers, Paris, La Table Ronde, 2010.

Partager cet article
Repost0

commentaires

R
L'ami Georges a raison : c'est une très belle chronique. Pour la peine, je vais reprendre un chocolat, tiens.<br /> <br /> (Concernant Frère Elyôn, je trouve ce commentaire tout à fait désopilant. Il est dommage qu'il soit aussi affreusement encombrant.)
D
Merci du compliment! :-) Et merci de votre visite sur ce blog.
A
Nous attendons toujours la suite avec impatience....
D
En effet! Quant à moi, j'ai un peu de retard avec mes lectures de Georges Flipo; j'attends donc sereinement.
L
Oh quel beau billet ! J'aimerais bien que l'auteur continue sa série si sympathique !
D
Je n'étais pas au courant, pour les ennuis de santé... <br /> <br /> Pour ce qui est du message du dessus, je m'interroge encore. Il m'est arrivé d'en virer, d'en garder, mais je crois que je vais finir par le jeter: après tout, il n'a rien à voir avec l'article, et son auteur n'a pas réagi à ma réplique...
L
Oui, il a eu pas mal de soucis de santé et écrire est devenu plus compliqué... et puis il ne doit plus être tout jeune...<br /> Le message du dessus, tu ne le vires pas ? ce genre de truc, chez moi, ça saute direc ! Bonne journée !
D
Merci! :-) Sur son site, Georges Flipo annonce un troisième volet des aventures de Viviane Lancier; mais je n'en sais guère plus... et l'auteur ne communique plus guère sur son blog. Dommage! Bon, cela dit, il me reste toujours des livres de lui à lire sur ma pile à lire...
J
Bonjour,<br /> <br /> Oui, Frère Elyôn est bien le premier et le dernier des Prophètes, ou Elie réincarné, en ces temps de la fin et j'en suis personnellement convaincu ! Car nul homme au monde ne peut apporter autant de Révélations surprenantes, mais toujours en corrélation avec les Saintes Écritures, si Frère Elyôn n'était pas L'Envoyé de la Sainte Trinité ! D'autant plus qu'Elie est annoncé, mais aussi Enock, par la venue des &quot;deux Témoins&quot; dans l'Apocalypse de Saint Jean. Prophétie également révélée par La Sainte Vierge Marie à Mélanie de la Salette. Aujourd'hui, c'est Elie seul qui se présente à nous et c'est une grande grâce pour nous autres Français, mais aussi pour les Européens : Dieu soit loué ! L'autre Témoin, d'après Frère Elyôn interviendra plus tard, lorsqu'il sera prêt. Frère Elyôn le connait, mais lui ignore encore sa Mission. Alors n'hésitons pas à aller sur le Site Sacré, voulu par Dieu, afin que nous recevions une grande Lumière, nous qui sommes dans les ténèbres depuis trop longtemps ! Nous qui croyons détenir une forme de vérité, et bien nous en sommes très loin de la pensée du Père éternel ! Voilà pourquoi, et pendant qu'il en est encore temps, parce que sous peu il sera trop tard, je vous invite cordialement à visiter le Site Sacré...<br /> <br /> QUI FAIT QUOI ? ET OU VA-T'ON ?<br /> <br /> UN SEUL SITE... LA VÉRITÉ ET LA VOLONTÉ DE DIEU, POUR SA SEULE GLOIRE ET LE SALUT DES ÂMES...<br /> <br /> LE SITE EST SACRÉ, CAR IL EXISTE PAR LA GRÂCE DE LA SAINTE TRINITÉ. MERCI DE PRENDRE UN PEU DE TEMPS POUR LE LIRE ATTENTIVEMENT, PARCE QU'IL RÉPOND A TOUTES LES INTERROGATIONS QUE NOUS NOUS POSONS : SPIRITUELLES, POLITIQUES, SCIENTIFIQUES, ESCHATOLOGIQUES, AINSI QUE CONCERNANT LE GRAND MONARQUE ET LE SAINT PONTIFE ANNONCÉS DEPUIS PRES DE MILLE ANS ! ...<br /> <br /> Alors le lire c'est bien, mais transmettre par le biais du Web et partager partout ce Site Sacré : c'est un Acte crucial de Charité chrétienne. Ce Devoir spirituel extrêmement important vaut toutes les prières, car en agissant ainsi, vous obéissez à la Volonté de Dieu et vous serez récompensés par votre Action sainte. Voyez-vous, on peut faire beaucoup, tout en restant chez soi. Merci de votre compréhension...<br /> <br /> Que l'Esprit Saint vous éclaire dans cette lecture Divine et que Dieu vous garde de la Tourmente qui vient...<br /> <br /> LE SITE SACRÉ : http://www.prophete-du-sacre-coeur.com/ <br /> <br /> E-mail : frere-elyon@prophete-du-sacre-coeur.com<br /> <br /> Sur Facebook :<br /> <br /> http://www.facebook.com/frere.elyon
D
Merci pour ce message, mais quel est le rapport avec les tribulations de Viviane Lancier?

Présentation

  • : Le blog de Daniel Fattore
  • : Notes de lectures, notes de musique, notes sur l'air du temps qui passe. Bienvenue.
  • Contact

Les lectures maison

Pour commander mon recueil de nouvelles "Le Noeud de l'intrigue", cliquer sur la couverture ci-dessous:

partage photo gratuit

Pour commander mon mémoire de mastère en administration publique "Minorités linguistiques, où êtes-vous?", cliquer ici.

 

Recherche

 

 

"Parler avec exigence, c'est offrir à l'autre le meilleur de ce que peut un esprit."
Marc BONNANT.

 

 

"Nous devons être des indignés linguistiques!"
Abdou DIOUF.