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Notes de lectures, notes de musique, notes sur l'air du temps qui passe. Bienvenue.

Vacances: la laïcité n'est pas en reste!

After a Rainy Night (Summer Holiday II) par Sergio ParisiMon billet d'hier évoquait les potentiels que le calendrier catholique (et les calendriers religieux en général) offrent en matière de vacances. Dès le départ, j'assumais l'approche forcément restrictive de ce choix: pourquoi n'attribuer des congés supplémentaires qu'en se fondant sur des motifs religieux? L'objection est recevable, surtout à notre époque de laïcité consommée. Si j'ai choisi le filtre de la religion, c'est en particulier parce que celui-ci, si riche soit-il en potentiel de vacances, a quand même ses limites, fixées par les religions elles-mêmes. Et celles-ci étant par essence immuables, on se retrouve face à un stock tout aussi immuable de jours de congé. Personne ne va s'amuser à déplacer la Saint-Jérôme, l'Assomption, la Noël même (même si celle-ci n'a pas toujours été célébrée le 25 décembre), etc.

Ouvrons donc le champ aux religions moins reconnues, voire au monde laïc dans toute sa diversité. 

Commençons par les religions et obédiences moins connues. Qui empêcherait, par exemple, de créer un jour de congé pour célébrer l'anniversaire de Menno Simons, fondateur de l'obédience des mennonites? Ou en l'honneur de Charles Taze Russell, fondateur des Témoins de Jéhovah? Dans un autre ordre d'idées, allons jusqu'au paganisme et restaurons les fêtes qui avaient cours à l'époque romaine - en particulier les Saturnales, ancêtres de notre Carnaval actuel, où, l'espace de trois jours, les esclaves devenaient les maîtres. De nos jours, si certaines localités entretiennent un carnaval vivace, cette fête (même au sens chrétien du terme) semble être un peu oubliée ailleurs. Je me souviens, par exemple, d'avoir passé quelques jours à Paris en 2002, juste dans la période du carnaval... et n'en avoir rien vu du tout. Ce qui n'était pas pour me déplaire. Et pour en finir une bonne fois pour toutes avec le religieux, l'Etat suisse ferait bien de créer un jour de congé en l'honneur des amish, qui ont bien souvent des origines helvétiques.

Mais venons-en aux motifs purement laïcs de créer des jours de congé. Chaque pays a les siens. Quoi de plus laïc, en effet, que le 14 juillet en France ou le 1er août en Suisse? Ces fêtes nationales célèbrent des actes fondateurs qui ont peu à voir avec la religion. Si le 14 juillet français est férié depuis toujours, le 1er août suisse ne l'est que depuis une couple d'années - à la suite d'une initiative émanant des Démocrates Suisses, un parti volontiers rattaché à la droite dure. Dans le même ordre d'idées, mais avec un certain mélange, le Jeûne fédéral, typiquement suisse, se veut une célébration de l'unité du pays. Comme elle a été inventée par des protestants à la fin de la guerre du Sonderbund (1848), elle se traduit par un jeûne; si elle avait été le fait de catholiques, gageons qu'elle aurait pris la forme d'un gueuleton...

Enfin, les motifs purement laïques et internationaux de congés existent également. Le premier qui me vient à l'esprit est naturellement la journée de la femme (9 mars): on pourrait offrir un jour de vacances à ces dames, non? La Russie a déjà fait un pas dans cette direction: il est de coutume que ce jour-là, les hommes gâtent tout particulièrement les femmes en général, leur offrant des fleurs, les complimentant, assurant même le ménage au foyer familial. Chouette, non? Malheureusement, cette tradition est difficilement exportable en Suisse, où la journée du 9 mars est celle des "femmes en colère" qui, à mon avis, dégoûte l'homme (et parfois la femme) de la cause de la femme, si juste soit-elle en certains aspects.

Mais allons plus avant dans l'audace. Il existe déjà de nombreuses journées de ceci ou de cela: francophonie, enfance, troisième âge, etc. Pourquoi ne pas octroyer des jours de congé pour cela? Certes, avec un peu d'imagination, on peut créer des congés pour tout et pour rien - dans un ouvrage de San-Antonio, par exemple ("Hue, Dada" ou "Appelez-moi chérie"), l'un  des personnages s'offre des jours de congé pour tout acte significatif de sa vie de couple (premier bouquet de roses, premier baiser, premier rendez-vous, etc. Sans aller si loin, on pourrait adopter comme jour férié la "Journée mondiale sans portable" imaginée par l'écrivain Phil Marso, ou la "Journée du rire", qui a lieu en mai. Cela, sans compter des congés plus délirants encore, par exemple le jour du Prix Goncourt (pour qu'on puisse enfin bouquiner en paix!) ou la journée où sortent le Beaujolais nouveau ou la Bière de Mars (pour qu'on puisse enfin boire un verre tranquilles!). Devant tant de causes et d'idées, on pourrait imaginer un concept où les employeurs offrent à leur personnel un solde de jours à utiliser pour ce genre de motif.

L'approche laïque est donc plus colorée et moins limitée, au risque de ruiner le système! Et vous, à quelle occasion aimeriez-vous avoir congé?

Photo: Flickr/Sergio Parisi.

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Commenter cet article
V
Sourire…oh, Daniel, si vous aviez fixé l’affaire le 7 mars, je n’aurais rien dit.<br /> Mais le 9 c’est tout juste après le 8 :-), <br /> V.
D
<br /> ... désolé, encore une fois!<br /> <br /> <br />
V
Bonjour Daniel,<br /> En Roumanie la journée de la femme est le 8 mars et non pas le 9. Je pense qu'en Russie c'est pareil. Et c'est vrai que ce jour là la femme est à l'honneur sans pour autant avoir une journée de congé. <br /> Moi, j'aimerais être en congé le jour d'inspiration pour écrire, écrire, écrire. Declarons une journée de la création artistique.<br /> amitié, Valentina
D
<br /> ... une erreur de ma part! Merci de me le signaler, et désolé d'avoir fixé l'affaire au mauvais moment.<br /> <br /> En revanche, je vous suis totalement dans l'idée de créer un jour de congé quand on est inspiré pour écrire - en espérant que ça ne bloque personne!<br /> <br /> Amicalement, Daniel.<br /> <br /> <br />
M
ps : en fait je n'ai jamais congé puisque je suis mère de famille nombreuse.. lol.. Muriel
D
<br /> C'est une autre manière de vivre, en effet! Respect à vous.<br /> <br /> <br />
M
moi j'aimerais avoir congé quand li fait beau !!! lol--Muriel
D
<br /> Ah oui, ça l'ferait! Ou alors s'il neige trop... comme ces derniers jours.<br /> <br /> <br />
J
Cet article me fait bien plus écho que le précédent. Surtout quand vous parler de revenir aux célébrations de fêtes païennes.<br /> <br /> Personnellement, en plus du retour en force des jours sabatiques païens, je me verrai bien être octroyée un jour de congé dès qu'il y a du soleil. Je vous rassure, en Belgique, c'est plutôt rare. Et au moins on en profiterait.
D
<br /> Pourquoi pas? Remarquez que j'ai passé une semaine de vacances en Belgique en 1997, et il a fait tous les jours plus de trente degrés Celsius, avec un soleil de plomb. Et notez par ailleurs que<br /> certains pays, le Brésil par exemple, prévoient que le travail et les écoles doivent s'interrompre si la température dépasse un certain seuil.<br /> <br /> On pourrait aussi imaginer un congé pour jours de pluie (parce qu'on est si bien au chaud et au sec, calfeutré chez soi) ou jours de neige (parce que les trottoirs et les routes, ça glisse)! Tout<br /> cela pour dire que l'approche laïque, c'est vraiment "No Limits"!<br /> <br /> <br />