Notes de lectures, notes de musique, notes sur l'air du temps qui passe. Bienvenue.
Importante manifestation dans le landerneau des amateurs de dictée, hier après-midi: Nivelles, Orsay et Genève se sont mises au diapason pour proposer la même dictée, à la même
heure, à leurs publics locaux respectifs, dans le cadre de la Dictée des Trois Nations. A Genève, l'affaire s'est tenue à la Bibliothèque municipale, place des Trois-Perdrix, à deux pas de la
librairie Payot (où je suis rapidement passé, mais suis resté d'un stoïcisme inflexible face à tous ces livres qui me suppliaient de les adopter...). La pizza de midi fut rapide, le gymkhana
orthographique n'attendant pas: avant même de commencer la dictée proprement dite, les deux membres du Cercle d'Or présents (Olivier Dami et moi-même) ont eu droit à un avant-goût végétal de
ce qui nous attendait, sous forme de test pour départager d'éventuels ex aequo entre clubistes. Entre chalazes, arilles, spathes et autres périthèces, le t(h)on était donné...
Ton ou thon, en effet, puisqu'après la botanique, c'est, de manière plus large, la protection de la faune qui a été mise à l'honneur par le texte de la dictée, concocté par Philippe Dessouliers.
Il est certes parvenu à susciter la rencontre entre Jean-Yves Cousteau et Brigitte Bardot, ce qui est encore assez soft. Mais les pièges plus sérieux n'ont pas manqué - que ce soit sur la
dictée "grand public" ou sur la partie destinée aux coutumiers de telles épreuves et aux gens dont le métier est la langue française. Pièges de natures diverses, bien sûr.
D'une manière générale, les cadets, benjamins, juniors et seniors ont pu se colleter soit avec des mots un peu oubliés (qu'est-ce qu'un pont aux ânes?), avec des expressions familières qu'on
n'écrit jamais (kif-kif bourricot, argument massue) ou avec quelques chouettes chausse-trapes à base de majuscules - dûment comptées comme fautes entières à Genève. Cela, sans oublier quelques
participes passés bien envoyés. A propos, savez-vous ce qu'est un chondrichtyen?
L'épreuve réservée aux routards, elle, recelait d'autres astuces, fondées sur le calembour, ultime ressource des auteurs de dictées, qui ont compris qu'il devenait de plus en plus difficile de
piéger les candidats sur des questions d'usage. Certes habilement troussée, filant adroitement la métaphore, cette dernière partie était cependant aux limites de l'intelligible, à mon humble
avis. Résultat: cela m'a valu quelques sorties de route retentissantes. Certes, je n'ai pas trébuché sur les zées clairs; mais ceux-ci ne m'ont pas amené correctement sur la route des thonaires -
sans oublier les foudres des écologistes, que j'ai en revanche correctement déclinées au féminin (la moindre des choses...). Résultat? Treize fautes, en grande partie concentrées sur cette
dernière partie de texte. Cela me vaut la deuxième place du classement genevois des professionnels... derrière Olivier Dami, justement - qui n'a trébuché que dix fois. Le classement général des
membres du Cercle d'Or, tous pays confondus, n'est pas encore établi.
A noter enfin, avec un grand coup de chapeau, que l'organisation de l'épreuve côté suisse a été assurée par Eveline Jaques, dictophile impénitente, avec la complicité de toute sa famille,
diligemment mise à contribution. Bravo donc... et à la prochaine!
Illustration: l'affiche de l'épreuve, version Orsay. Source: http://cercledor.jimdo.com.
Mise à jour: la dictée est désormais publiée sur le site de la mairie d'Orsay, ici: http://www.mairie-orsay.fr/Upload/ContenuCMS/agenda/2010_dictee_3_nations_texte.pdf.