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18 janvier 2012 3 18 /01 /janvier /2012 22:59

hebergeur image... et grave comme un écrivain, qui sait habiller sa prose de fantaisie débordante pour faire passer, dans un éclat de notes échevelées, les messages les plus profonds. Une entrée en matière alambiquée pour un billet de blog? C'est que "Zanzaro Circus - Windows du passé surgies de l'oubli", le dernier roman de Jack-Alain Léger, publié aux éditions L'Editeur (que je remercie pour l'envoi d'un exemplaire!), a tant de facettes et se pare de tant de couleurs qu'il n'est pas évident de le saisir.

 

En italien, "Zanzaro" suggère le nom qui signifie "moustique". Un insecte qui virevolte et qui énerve... deux éléments communs avec la prose de l'auteur, tourbillonnante, peut-être agaçante par instants dans sa volonté permanente de glisser d'un sujet à l'autre, comme on le fait lorsqu'on soliloque avec animation. Une manière de papillonnage - sauf que le papillon n'émet aucune musique, au contraire du moustique qui vole (et zonzonne)... et de l'auteur de "Zanzaro Circus", qui génère une "petite musique". Tiens, puisqu'on parle de petite musique...

 

... abordons le cadre du roman: c'est justement chez Françoise Sagan que ça démarre, avec plein de beau monde autour de la table - on pense à Jean-Paul Sartre et à Jacques Derrida, venu en Peugeot 403. Sur cette lancée, l'auteur s'embarque dans une peinture caustique d'un certain milieu, qui joue volontiers de ses petits airs supérieurs et qu'il convient donc de houspiller un peu. Certaines personnalités, en particulier celles qui sont encore vivantes, sont masquées par l'auteur, à l'instar de la vieille dame digne de la page 44; d'autres sont citées nommément - on pense à Viva Superstar (qui se trouvait dans le sillage d'Andy Warhol) ou à Liz Taylor. 

 

Le monde littéraire est évoqué, en termes d'hommage ou de critique acerbe: on pense à l'évocation laudative du personnage de Christian Bourgois, mais aussi à l'éditrice (grosse, forcément - en écho au physique replet du narrateur jeune, moqué par ses condisciples à l'école?) de chez Grasset, rudement prise à partie. Le monde de la musique est aussi abordé - et pas seulement celui de la petite musique de Sagan: également auteur-compositeur-interprète, le narrateur (qui semble n'être autre que le narrateur qui se met en scène, quitte à s'affubler d'un gros nez rouge pour suggérer qu'il est un autre) a été victime d'un coup bas de sa propre maison de disques.

 

Ce versant musical de l'auteur suggère la petite musique de son récit. Celle-ci revêt les atours de la grande musique, et même de l'opéra - bouffe, forcément: on y trouve des récitatifs, des airs, des duos, une rhapsodie, des ensembles, une coda. Pas d'ouverture, cependant: un peu comme dans certains opéras de Verdi ou Puccini, on entre dans l'action sans préambule. Reste qu'il arrive parfois qu'on reste scotché longtemps sur un élément. Cela rappelle certains airs d'opéra ou de cantate où l'on répète le même distique pendant plusieurs minutes, sur tous les tons.

 

Et ces tons, chez l'auteur, sont multiples. Car cet ouvrage aux allures touffues n'a rien d'une cacophonie. Sa musicalité est au contraire sa raison d'être; elle se fonde sur des assonances faciles ou recherchées, sur des rimes nichées dans la prose, sur les rapprochements d'idées et les associations libres, voire sur la répétition de membres de phrases à plusieurs dizaines de pages d'intervalle - une manière de créer un écho intérieur. Cela, sans oublier un vaste collage de citations d'auteurs faisant partie du patrimoine littéraire universel, réunis pour démontrer à quel point la grande littérature appartient à tout le monde.

 

Cette musique révèle aussi, mine de rien, des épisodes d'enfance pas forcément drôles vécus par le narrateur - preuves de courage à l'école, souvenirs d'amis d'enfance maltraités, névroses familiales. Cela donne à penser à la présence d'un pacte autobiographique proposé par l'auteur; mais celui-ci préfère rappeler expressément que "Zanzaro Circus" est un roman - roman de la propre vie de l'auteur, sans doute, travesti en clown pour mieux se raconter, avec un généreux supplément de folie. L'auteur et l'éditeur signalent d'ailleurs en choeur à ceux qui auront aimé "Zanzaro Circus" que ce livre est le premier d'une série qui en comptera six autres, aux titres énigmatiques... Avis aux amateurs de petite et de grande musique!

 

Jack-Alain Léger, Zanzaro Circus, Paris, L'Editeur, 2012.

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commentaires

L
Liliba m'a fait suivre ton livre voyageur. Mais, comme elle, je n'ai pas accroché à cette histoire.<br /> Dans mon billet, je renvoie ici, vers ton avis.<br /> Que dois-je faire du roman ? Te le renvoyer ? Le faire suivre à un autre lecteur ?<br /> Bonne journée.
D
<br /> <br /> ... dommage qu'il ne t'ait pas botté!<br /> Je n'avais pas prévu qu'il voyage plus loin; donc tu peux me le renvoyer. Je te fais parvenir mon adresse personnelle en message privé. Merci d'avance pour le retour, et bonne journée à toi!<br /> <br /> <br /> <br />
Y
Quelle écriture effectivement ! Des propos de l'auteur qui parfois frisent la pédanterie, la suffisance, mais d'autres tellement vrais et directs ! Un bouquin qui ne peut laisser indifférent.
D
<br /> <br /> Il y a un côté "mise en scène de soi-même", c'est vrai. Mais il y a aussi une certaine musique qui rend tout cela très original - et ne peut pas laisser indifférent, c'est vrai!<br /> <br /> <br /> <br />
L
Oh, bien !!!! Tu n'en ferais pas un livre voyageur, par hasard ?
D
<br /> <br /> Pourquoi pas, au fond?<br /> <br /> <br /> <br />

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