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Lu par 404, Au détour d'un livre, Cassecroûton, Cléo, Des livres, des livres!, Erika, L'Oncle Paul, Natiora, Totalybrune.
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Défi Premier roman.
Par quoi commencer? Comme dans plus d'un thriller classique, "Identités contraires", premier roman d'Olivia Cattan, débute par un prologue violent , avant de démarrer loin de là. En l'occurrence, on est tantôt en Albanie en 1994, tantôt à Paris en 2013. Quoi de particulier, à partir de là? A chaque chapitre de ce roman au cadre très réaliste, l'auteure ne cesse de surprendre. Résultat: le lecteur veut en savoir toujours plus, s'étonne, découvre un récit rapide aux facettes nombreuses et insoupçonnées.
"Identités contraires" commence vraiment lorsque Sarah Keller, journaliste, et Adrian Shek, architecte star, se rencontrent pour un entretien. L'architecte a une particularité: il paraît atteint du syndrome d'Asperger. Cela lui donne un mode de fonctionnement surprenant, à la fois fascinant et détestable: violence, tics, répliques froides à force d'être efficaces. Et on y croit! Avec un tel personnage, la romancière, présidente de l'association SOS Autisme France, met en scène un thème qui lui tient à coeur. Mais à sa manière...
Un jeu d'échecs occupe l'appartement parisien tout blanc de cet architecte. Une image qui n'a rien de fortuit: l'action est développée comme un duel menés deux esprits supérieurs, la journaliste et l'architecte. Telles les pièces sur un échiquier, les deux ont leurs alliés: un psychiatre manipulateur, une soeur, une famille, un rédacteur en chef loyal, des personnalités politiques haut placées même. En maîtresse du coup de théâtre, cependant, la romancière montre page après page qu'il ne faut se fier à personne, et que la mort n'est jamais loin. Si l'on comprend vite que certains personnages sont empreints de duplicité, le moment où tombe le masque étonne toujours.
Si les principaux personnages de ce roman sont de pure fiction, l'auteure a tenu à les intégrer dans un contexte aussi réaliste que possible, quitte à plier son intrigue au contexte et aux événements réellement survenus, en France et en Albanie, mais aussi en Argentine et en Israël. Le lecteur suisse aura par exemple la surprise de croiser au fil des pages M. Pierre-Marcel Favre, éditeur et fondateur du Salon du Livre de Genève, prononçant un discours (réel) en Albanie face à un parterre d'autorités nationales. Cette scène est vraie, et l'auteure y injecte ses personnages, tels des passagers clandestins.
Dans "Identités contraires", ce qui commence presque comme une histoire d'amour, en quelques page pétillantes, finit en combat sans merci où chacun se méfie de l'autre, et où la confiance accordée est souvent une erreur. Précis et implacable, le roman d'Olivia Cattan n'en finit de surprendre qu'à sa dernière page.
Olivia Cattan, Identités contraires, Paris, HC Editions, 2016.