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20 avril 2015 1 20 /04 /avril /2015 21:39

hebergement d'imageLu par Aline, Angélita, Anne-Sophie, Argali, Canel, Céline, Danièle et Muriel, Gaby, Isa, June, La Fée, Léo, Lewerentz, Livres et compagnie, Lizouzou, Luocine, Marguerite, Marie-Claude Rioux, Sophie, Suzanne, Valériane.

Défis Thrillers et polars et Rentrée littéraire 2014.

 

Secret et psychologie: tels sont les ingrédients majeurs du dernier roman de Tom Rob Smith, "La Ferme". Traduit en français par Elisabeth Peellaert, cet ouvrage propose une lecture fluide, grâce à un style sans aspérités. C'est que l'histoire, présentée comme partiellement inspirée du vécu de l'auteur, en compte bien assez...

 

"Ta mère... elle ne va pas bien. Elle s'imagine des choses...": dès les premières lignes, le décor est planté, la tension s'installe: Daniel, fils unique demeurant en Angleterre, est pris en tenaille par deux parents qu'il n'a plus guère revus depuis leur installation en Suède, et qu'il ne reconnaît plus: leur métamorphose psychologique est reflétée fort à propos par une transformation physique. Et comme c'est la mère qui va retrouver son fils en premier, c'est elle qui va tout raconter.

 

L'auteur tient son lectorat en haleine grâce à un truc qui sous-tend tout le long récit de la mère: de bout en bout, le lecteur va se demander si elle est mythomane et paranoïaque sur les bords, ou si elle dit la vérité. La réponse viendra... patience! La narration est rythmée par la longueur variable des chapitres et par les changements de point de vue: si la mère, Tilde, raconte son histoire, le lecteur a droit au point de vue de Daniel, narré à la première personne du singulier.

 

C'est un monde lourd de secrets que l'auteur installe, tendant à démontrer qu'en famille, on ne se connaît pas. Les parents de Daniel ont pris l'habitude de cacher toute contrariété à leur fils unique afin d'éviter qu'il soit traumatisé; dès lors, certaines vérités seront pénibles à entendre lorsqu'elles sortent. Le réflexe du secret serait-il un atavisme? Daniel, en tout cas, n'a pas osé annoncer à ses parents qu'il était homosexuel. Le lecteur a droit ici à un soupçon de suspens supplémentaire: comment la mère va-t-elle réagir lorsque - et c'est inévitable - elle fera la connaissance de l'ami de Daniel?

 

Le secret s'immisce aussi dans la campagne suédoise où les parents de Daniel coulent leur retraite. Sont-ils acceptés par la population locale? L'auteur excelle à décrire les relations qui s'installent, les tensions exacerbées, la haine et le dégoût même - mais aussi les liens cordiaux qui se mettent en place, par exemple entre Tilde et Mia, fille adoptée, donc un peu à la recherche de sa place dans une société rurale éloignée du côté "bon élève" qu'on met souvent en avant dès qu'il est question de la Suède. Et puis, il y a l'utilisation des langues anglaise et suédoise, régulièrement indiquée: là-dessous, l'auteur installe un jeu subtil de pouvoir et d'appartenance/exclusion entre certains personnages.

 

Les secrets tombent, révélant les épisodes traumatisants de quelques vies: homicides non élucidés, fugues, incendies criminels, vols. Le tout est aménagé en un crescendo, comme il se doit. Et les psychologies se frottent, pour le bonheur d'un lectorat qui goûte les récits faussement lents, aux allures trompeuses d'eaux dormantes.

 

Tom Rob Smith, La Ferme, Paris, Belfond, 2014, traduit de l'anglais par Elisabeth Peellaert.

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