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8 septembre 2016 4 08 /09 /septembre /2016 21:28

Baden BadenLu par Gilles Pudlowski, Mina Merteuil.

 

Un guide de voyage littéraire? Chouette idée! C'est celle qu'ont eue les deux meneurs des éditions Andersen, Jean-Paul Klée et Olivier Larizza. Ambitionnant de proposer à leurs lecteurs des guides de voyage atypiques, ils ont commencé par évoquer Baden-Baden, station thermale allemande au passé prestigieux. Cela donne "Les charmes de Baden-Baden", un tout petit livre bien compact, facile à prendre en voyage, dans lequel s'invite un hôte de marque: Gérard de Nerval.

 

De lui, on ne dira rien, si ce n'est qu'il restitue la splendeur aujourd'hui insoupçonnée de la ville de Baden-Baden et de ses hôtes. Les pages citées, intitulées "Souvenirs de Baden", sont méconnues; elles convoquent les personnalités d'une époque qui fait rêver, tel le flambeur Fédor Dostoïevski, habitué du casino.

 

En résonance, arrive un bouquet d'évocations de Jean-Paul Klée, qui recrée à plus d'un siècle de distance ce que peut être aujourd'hui un voyage vers Baden-Baden, au départ de l'Alsace. Si l'on fait abstraction l'utilisation agaçante de l'esperluette, la prose du poète alsacien emmène agréablement le lecteur d'aujourd'hui vers ce qui l'attend. Cela, avec un certain sourire et un regard qui aime aller voir dans les chemins de traverse, voire se montrer imaginatif.

 

Ces deux interventions sont assorties de notes explicatives, volontiers instructives, en particulier en ce qui concerne Gérard de Nerval, qui évoque un monde qui n'est plus. Enfin, c'est Olivier Larizza qui assure les aspects les plus prosaïques du voyage, en indiquant ce que l'on peut découvrir dans la cité thermale, sur un ton amusé et parfois décalé.

 

La lecture a-t-elle été minutée? Je suis certain que ce livre de 90 pages écrites plutôt gros suffira pour une lecture tranquille et pétillante lors d'un voyage en train entre Strasbourg, siège d'une antenne de l'éditeur, et Baden-Baden - histoire de se mettre dans l'ambiance. Les auteurs promettent d'autres livres du même genre, plaçant en résonance un poète ancien et un écrivain actuel autour d'une destination de voyage. On se réjouit.

 

Gérard de Nerval, Jean-Paul Klée, Olivier Larizza, Les charmes de Baden-Baden, Paris/Strasbourg, Andersen, 2016.

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12 novembre 2014 3 12 /11 /novembre /2014 22:03

partage photo gratuitLu par Calypso, Caroline Doudet, Jostein, McChipie, Mina Merteuil.

Défi Rentrée littéraire.

Le site de l'éditeur.

 

"Manoir des mélancolies" fait partie des publications atypiques de la rentrée littéraire 2014. Signé du poète alsacien Jean-Paul Klée (rien à voir avec l'artiste Paul Klee), cet ouvrage recèle une cinquantaine de brèves proses poétiques qui évoquent les petits riens de la vie - et aussi de la mort. Si l'on en croit certains indices disséminés dans le texte, elles évoquent les années 2003, telles que l'auteur les a vécues et perçues; peut-être ont-elles été écrites à ce moment.

 

Petits riens... il est vrai que le propos s'avère fort secondaire, et qu'on oublie vite de quoi il s'agit, concrètement, au fil des pages. Même s'il fait preuve d'un certain humour, d'un détachement et d'un souci de fulgurance incontestables, l'auteur omet de raconter des choses vraiment marquantes afin de laisser une trace, si modeste qu'elle soit, dans la mémoire du lecteur.

 

Tout au plus se souvient-on d'un ancrage alsacien assumé (il est question de Strasbourg, d'Obernai...) et de la figure d'Olivier Larizza, auteur de "Le Best-seller de la rentrée littéraire" - paru chez le même éditeur que "Manoir des mélancolies".

 

L'impression d'inconsistance est cependant rattrapée, un peu, par les choix stylistiques et formels de l'auteur, qui ne manqueront pas d'interpeller le lecteur: l'auteur crée une musique des mots et, en ce sens, il fait oeuvre (formelle) de poète.

 

Dès les premières phrases, on sent l'option de l'archaïsme, marqué par l'usage de l'esperluette. La langue est malmenée: les mots secondaires du discours, tels que certaines conjonctions, disparaissent. Cela, sans compter le jeu sur la ponctuation, où l'auteur privilégie systématiquement le rythme au détriment du sens. Allant à l'essentiel, par exemple, il n'hésite pas à faire disparaître les points et à n'écrire que les majuscules au début des phrases. Au diable la redondance typographique... Enfin, l'orthographe est parfois bousculée, afin de dévoiler les sens potentiels de certaines homophonies (fait/fée).

 

Le lecteur sera surpris, en fin de recueil, par une lettre sans doute fantaisiste signée Adelaide von Pulferstein, figure sans doute fictive qui loue les qualités de l'ouvrage (cette occurrence de son nom, sur le présent blog, devrait être la seule si vous exécutez une recherche sur Google...). Etait-ce bien nécessaire? Cela laisse l'impression désagréable que l'auteur, peu sûr de lui, cherche à se mettre en valeur par le biais d'un argument d'autorité créé de toutes pièces.

 

"Manoir des mélancolies" laisse donc une impression mitigée: on sera certes charmé ou étonné par les choix formels de l'auteur, qui forgent une langue unique, qu'on sent travaillée malgré la présence de quelques procédés récurrents. Mais, mise au service de récits trop peu consistants, elle fait figure, et c'est dommage, de coquille vide.

 

Jean-Paul Klée, Manoir des mélancolies, Paris, Andersen, 2014.

 

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