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16 mars 2015 1 16 /03 /mars /2015 23:01

hebergement d'imageLu par Philippe Chapleau.

 

Cet ouvrage aurait pu s'appeler "Le Jardin des Anges". Le titre retenu est plus sévère, moins lyrique mais aussi plus directement parlant: "Diplomate en guerre à Kaboul". C'est que tout n'est pas que jardins fleuris dans l'ouvrage que le diplomate français Jean d'Amécourt (avec la collaboration du jeune consultant et politologue Romain Poirot-Lellig) consacre à ses trois années vécues en Afghanistan en qualité d'ambassadeur, entre 2008 et 2011. Et au-delà de la peinture de son métier, l'auteur recrée volontiers la passion sincère qu'il éprouve pour un pays qui l'a séduit, en dépit de ses indéniables difficultés.

 

C'est que les dossiers de l'époque n'étaient pas des plus attrayants: il y avait une guerre à gérer. L'auteur excelle à montrer les enjeux et les forces en présence, laisse transparaître l'évolution entre une administration Bush aux attentes irréalistes en matière de reconstruction et une administration Obama peut-être plus réaliste. Les liens avec les militaires français sont également décrits, sans oublier les rapports pas toujours évidents avec le ministère des affaires étrangères (c'était du temps de Bernard Kouchner) et Paris. La guerre, élément marqueur du séjour de l'auteur, est aussi une part importante de "Diplomate en guerre à Kaboul".

 

Ce faisant, il présente aussi les modalités de coopération entre les diplomates en présence, qu'elles soient formelles ou non: l'auteur ne recule pas devant l'anecdote, le détail sympathique ou piquant. Au détour des pages de ce livre, quelques portraits d'ambassadeurs valent le coup d'oeil! L'auteur signale encore les enjeux liés à l'évolution démocratique d'un pays aux moeurs parfois aux antipodes de celles de l'Occident (un chapitre est consacré au déroulement d'élections, qui ne manqueront pas de nous paraître surréalistes), et les réticences d'un Hamid Karzaï dont il brosse un portrait nuancé mais sans concession.

 

Il sera aussi question d'insécurité, de prises d'otages, de condition féminine, de corruption... Entre diplomatie et combats, d'autres aspects plus agréables sont aussi abordés. L'auteur se plaît à rappeler les réalisations de la France en Afghanistan, à l'instar de l'hôpital de la mère et de l'enfant, à Kaboul. Par ailleurs, c'est avec beaucoup d'émotion que le diplomate, qui tient à sortir du pré carré de son ambassade quitte à prendre quelques risques, se souvient aussi de paysages qui l'ont marqué, ainsi que de la beauté des jardins. Enfin, il rend hommage au soutien de son épouse, restée en France, et de ses enfants, jeunes adultes expatriés.

 

S'ouvrant de façon saisissante sur le rappel de l'embuscade tragique d'Uzbin et des mesures prises rapidement à sa suite par le président Nicolas Sarkozy, "Diplomate en guerre à Kaboul" est un ouvrage copieux, qui s'efforce de donner à voir tous les aspects de l'engagement de la France en Afghanistan durant une période clé. C'est aussi le livre d'un auteur généreux, qui a le goût du détail précis et sait se montrer exigeant avec le lecteur, sans pour autant se perdre dans des descriptifs trop techniques. Entre grand échiquier et petites histoires de la grande Histoire en terres lointaines, c'est un témoignage à découvrir.

 

Jean d'Amécourt, avec Romain Poirot-Lellig, Diplomate en guerre à Kaboul, Paris, Robert Laffont, 2013.

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