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23 août 2016 2 23 /08 /août /2016 21:09

FutursLu par Alias, Francis Richard, Mariejuliet.

Le site de l'éditeur.

 

Que sera la Suisse de demain? Qu'est-elle aujourd'hui? Le recueil de nouvelles "Futurs insolites, laboratoire d'anticipation helvétique" pose cette double question à quatorze écrivains de Suisse et d'ailleurs. Il en résulte un recueil collectif important, en ce sens qu'il donne une visibilité à des écrivains proches de la science-fiction ou désireux de s'essayer au genre après avoir tâté d'autres écritures. Important aussi parce qu'il s'ouvre à des auteurs étrangers, qui offrent ainsi leur regard sur le pays en complément aux auteurs suisses qui ont donné un texte à ce livre.

 

La Suisse dans les étoiles

Quatorze auteurs, ce sont quatorze démarches. Certaines répondent à tout ce que l'on peut attendre d'une bonne grosse science-fiction, avec guerre des étoiles et tout le tralala. On pense à la nouvelle de Nicolas Alucq, étrangement intitulée "Alleingang", qui revisite les batailles romaines autour du chef celte Divico à la manière de la guerre des étoiles: les amis des vaisseaux spatiaux seront servis, de même que ceux qui aiment le cross-over: jusque dans les étoiles, on utilise des noms celtes ou latins pour désigner les lieux.

 

On retrouve des ambiances belliqueuses dans "Vreneli" de Julien Chatillon-Fauchez, où les soldats sont démontés et reconstitués au fil des greffes, comme des machines qu'on répare à coups de pièces détachées. Cette nouvelle pose aussi la question de l'allégeance des étrangers, fussent-ils de deuxième ou de troisième génération, à la Suisse, dans le domaine sensible de l'armée.

 

Quelques stéréotypes revisités

Etrangers? Le rapport de la Suisse à ses migrants est l'un des thèmes abordés par ces nouvelles; on le retrouve, par la bande, dans "Helvé... ciao" d'Emmanuelle Maia, qui donne à voir une technologie numérique rendant toute immigration non souhaitée impossible. Autre grand intérêt de cette nouvelle: elle intègre, à sa manière, le thème du transhumanisme, à travers la figure de ce vieillard cancéreux soutenu par un exosquelette. Crédible, ce récit donne à voir, d'une façon générale, des technologies qui sont aujourd'hui à portée de main.

 

Les auteurs du recueil ont tous su, à leur manière, évoquer quelques clichés typiquement suisses. Le chemin de fer en fait partie: on le voit futuriste dans "Helvé... ciao", on le retrouve, plus classique et un brin punitif, dans "Sketches helvétiques" de Bruno Pochesci. Certains auteurs ont aussi abordé la question du suicide assisté. En particulier, on appréciera l'humour noir et jouissif de "SuissID" de Vincent Gerber, qui rappelle de loin celui de l'excellent roman "Génie du proxénétisme" de Gabriel Robinson.

 

Conte et fantastique

La figure de Christoph Blocher semble apparaître dans "La Mémoire de Lo", sans être nommée - difficile du reste de croire que c'est vraiment lui, puisque l'auteur, François Rouiller, lui prête curieusement des accointances avec des groupuscules millénaristes d'extrême-droite, loin du style bien terre-à-terre du tribun de l'UDC. Aux confins du fantastique, et c'est plus intéressant à relever, cette nouvelle évoque, comme son titre le suggère, la mémoire de l'eau, considérée comme une hypothèse sérieuse. Portée par des accents ésotériques séduisants, elle s'achève sur une image de métissage maximal - il est permis d'y voir la métaphore d'un peuple suisse divers mais cohérent, et même accueillant.

 

Enfin, "La Vallée perdue", nouvelle de l'auteur stéphanois Gulzar Joby, rappelle joliment l'image montagnarde et rurale de la Suisse, immémoriale, malgré quelques approximations géographiques et terminologiques (en français, Chur se dit Coire, et les Grisons, ce n'est pas tout à fait Glaris...) qu'on pardonne volontiers. Il s'amuse à remplacer dans son récit les "petits nains de la montagne" par de bons gros géants gentiment soumis à leurs maîtres. L'auteur glisse en sous-main le thème de la méfiance envers l'étranger, à travers la figure d'un scientifique français. Il en résulte un conte aux allures débonnaires, intemporel plutôt que futuriste. Cette nouvelle se déroule dans les Grisons, où se passe aussi "Mission divine" de Jean-Marc Ligny, qui met en scène un pasteur tueur d'infidèles - c'est sans doute la nouvelle la moins typée "science-fiction" du recueil, à tel point qu'on se demande ce qu'elle fait ici.

 

Marc Atallah, directeur et curateur de la Maison d'Ailleurs à Yverdon-les-Bains, signe une postface iconoclaste en ce sens qu'elle rejette avec force les termes de "littératures de l'imaginaire" et de "littératures d'anticipation", jugés creux. On lui donne raison en ce sens que toute littérature romanesque est imaginaire à un certain degré. De manière plus spécifique, si les textes de "Futurs insolites" relèvent bien des littératures dites "d'anticipation" ou "de l'imaginaire", ils en disent surtout long sur la Suisse d'aujourd'hui. Plus encore que la recréation d'univers merveilleux du futur, c'est bien dans le regard des auteurs actuels sur une réalité suisse extrapolée à partir de données familières, partagé avec les lecteurs d'aujourd'hui, que réside leur intérêt.

 

Collectif, Futurs insolites, laboratoire d'anticipation helvétique, anthologie dirigée par Elena Avdija et Jean-François Thomas, Vevey, Hélice Hélas, 2016, postface de Marc Atallah.

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23 avril 2015 4 23 /04 /avril /2015 20:55

hebergement d'imageChacun a une chanson qu'il préfère, qu'il est même prêt à défendre les armes à la main s'il le faut: "Et il y a plusieurs chansons sur lesquelles il ne faut pas venir nous chercher...", résument les préfaciers. Partant de cette idée, le journaliste Eric Bulliard et l'écrivain Michaël Perruchoud ont eu, autour d'une bonne bière, l'idée d'inviter tout un chacun à défendre sa chanson en quelques phrases, sous la forme de billets de blog. Ainsi est né un blog, à l'enseigne de "Je ne laisserai jamais dire que ce n'est pas la plus belle chanson du monde". Face au succès, les instigateurs de ce projet ont décidé de faire un livre qui recueille certains de ces hymnes à des chansons. Collectif et portant le même titre que le blog, le bouquin vient de paraître aux éditions Cousu Mouche - que je remercie pour l'envoi.

 

Léo Ferré en couverture: c'est déjà tout un programme. Et l'intérieur ne le trahit pas: le plus souvent, les intervenants évoquent des interprètes qu'on connaît en général par le disque, souvent d'une production "mainstream" qui se positionne comme (faussement) indépendante et s'adresse à un public intello. Les chouchous? Ce sont Hubert-Félix Thiéfaine, Jacques Brel, Georges Brassens. Certains intervenants évoquent leurs coups de coeur de la chanson anglophone. Enfin, un ou deux francs-tireurs, trop rares, osent sortir des chansons attendues pour évoquer le traditionnel "A la claire fontaine", ou "Pandi-Panda" de Chantal Goya. Sur le blog, il y a même un témoignage autour d'un chant de Taizé...

 

Le lecteur note rapidement deux tendances dans ces textes. Il y a d'une part les textes qui expliquent pourquoi telle chanson est la plus belle du monde. C'est l'occasion de croiser des auteurs mélomanes attentifs à ce qu'ils écoutent, et capables de mettre en mots des émotions exactes et, parfois, des aspects techniques. Même si la plume sait se montrer alerte, l'exercice trouve ici une limite: le lecteur est invité à écouter ces mélomanes crier au génie de façon un peu abstraite, convaincue à défaut d'être convaincante - surtout s'il ne connaît pas la chanson dont il est question.

 

Il y a de quoi vibrer bien davantage lorsque l'auteur choisit une chanson rattachée à un vécu intime, éventuellement puisé dans sa jeunesse. La présence de "Pandi-Panda" dans un tel recueil, par exemple, pourra paraître incongrue; mais n'importe quel parent vibrera à la lecture de cette histoire, racontée avec esprit, d'un enfant qu'on endort enfin avec cette chanson, après avoir tout essayé. Enfin, les auteurs parviennent le plus souvent à développer, en quelques phrases, une véritable poésie qui permet à l'exercice d'éviter l'écueil ultime: ressembler à une dissertation scolaire.

 

Si chaque auteur a bien sa chanson préférée, plus d'un détourne la contrainte de l'exercice en en évoquant d'autres, comme par effraction. Le témoignage sur "Syracuse" de Henri Salvador est à ce titre extraordinaire: abreuvé de côtes-du-Rhône ("je ne laisserai jamais dire que ce n'est pas le plus beau vin du monde"), l'auteur évoque toute une galerie de chansons qui auraient pu prétendre au titre... celles-ci vont résonner dans la tête du lecteur, et créer un sacré juke-box dans sa tête. Certains auteurs glissent discrètement des citations de chansons dans leurs textes. Une manière de donner une présence de l'ombre à ces musiciens qu'on n'a pas pu retenir.

 

L'exercice joue parfois la mauvaise foi calculée ("Je ne parle même pas de ceux qui écoutaient Foreigner ou A-ha. À l'époque déjà, je ne leur parlais pas", lâche un auteur) qui, espérons-le, tient davantage de la posture théâtrale que de la conviction intime. Il est certain, par ailleurs, que l'une ou l'autre prise de position pourra faire débat, passionnément. Faut-il s'en plaindre? Nenni: toute plaidoirie a ses outrances, et le deuxième degré est admis, voire encouragé: après tout, c'est ce qu'on aime dans ce genre d'exercice!

 

Le lecteur attentif au monde des lettres et de la musique romands reconnaîtra les noms des auteurs du recueil. Sans doute connaîtra-t-il quelqu'un: on y retrouve l'écurie des écrivains de Cousu Mouche en force, mais aussi quelques journalistes romands, des musiciens et même des illustrateurs, qui ont osé créer des images franches et directes à partir d'une chanson. Le livre "Je ne laisserai jamais dire que ce n'est pas la plus belle chanson du monde..." reprend des billets de blog - et comme le blog est toujours ouvert, chacune et chacun d'entre vous est invité à participer à votre tour, peut-être en élargissant le terrain de jeu. Les initiateurs du projet laissent du reste entendre qu'il y aura d'autres publications du même genre.

 

Il faudra que je m'y mette...

 

Collectif, Je ne laisserai jamais dire que ce n'est pas la plus belle chanson du monde..., Genève, Cousu Mouche, 2015. Préface d'Eric Bulliard, Michaël Perruchoud et Sébastien G. Couture.

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24 octobre 2013 4 24 /10 /octobre /2013 20:05

hebergeur imageDéfis Thrillers et Nouvelles.

 

Ils s'y sont mis à vingt. Présenté et chapeauté par l'écrivain et médecin Martin Winckler, le recueil de nouvelles "Noirs scalpels" est un collectif qui mérite qu'on s'y arrête: les écrivains qu'il réunit sont tous talentueux, et l'ouvrage offre un point de vue neuf sur la littérature policière française liée à un thème précis - en l'occurrence le monde médical. Auteurs en début de carrière ou écrivains chevronnés, chacun des contributeurs fait entendre ici une musique personnelle et offre un aperçu d'un véritable univers littéraire.

 

Martin Winckler a su agencer ses nouvelles en un certain crescendo. "Mauvaise nouvelle" de Pierre Bordage ouvre ainsi le bal en présentant une forme archétypique de la nouvelle noire - sa structure est très directe, sans contours, et, à ce titre, elle est exemplaire, comme peut l'être l'exposition du thème musical d'une série de variations. Les deux nouvelles suivantes respectent une structure similaire, cruellement mise en évidence par la brièveté de la forme de la nouvelle, au risque d'ennuyer un peu un lecteur qui aura l'impression que c'est tout le temps pareil. Cela dit, les nouvelles signées Frédéric H. Fajardie et Ayerdhal ne manquent pas d'originalité: la première exploite de façon crédible une "arme du crime" profondément originale dans le contexte des guerres napoléoniennes, et Ayerdhal, par contraste, plonge son lecteur dans un futur cryogénique.

 

hebergeur image

Plus encore que la diversité des intrigues (même si celle-ci est avérée), le lecteur va goûter la variété des voix de ce recueil: l'auteur a réuni dans "Noirs scalpels" des auteurs à l'écriture fortement personnelle. En ce qui concerne la recréation d'une musique de la langue, la palme revient peut-être à la nouvelle "Bombe chelle" de Marie Raspberry, qui exploite de manière retorse les ressources des implants mammaires. Ses phrases sont pétries de mots dont les sonorités s'approchent et s'attirent de façon ludique, créant un charme particulier au québécisme assumé. Le sujet de "Bombe chelle" n'est d'ailleurs pas sans rappeler une nouvelle de Carlo Ammaniti, publiée dans "Petits crimes italiens" - mon premier billet de blog, ce qui ne me rajeunit pas...

 

hebergeur image

Mine de rien, ces nouvelles noires abordent aussi certaines questions éthiques, professionnelles et sociales, relatives à la médecine. Le serment d'Hippocrate est cité, la question de la misère est évoquée par "Le Serrement d'Hippocrate" de Jérôme Leroy (qu'on lit sur Causeur), et la question de l'écoute et du statut du médecin est au coeur de "Bienvenue au club" de Bruno Schebert, texte qui conclut le recueil à la façon d'un pied de nez à Martin Winckler. "Vincent Moranne, réanimateur" de Christian Lehmann évoque la hiérarchie des urgences médicales et suggère certains arcanes de la médecine, tels que le bon usage d'un défibrillateur. Cela, à partir d'une idée mal connue: "Si vous arrachez un coeur de poulet et que vous le plongez dans une solution saline, il va continuer à battre pendant plusieurs heures. C'est bien la preuve que le muscle cardiaque renferme son propre système électrique, qui, bien que dépendant d'influences extérieures, comme le taux d'adrénaline dans le sang par exemple, peut fonctionner en autarcie." Apparemment valable pour l'humain aussi...

 

Enfin, les maîtres de la littérature policière sont mis à l'honneur, surtout s'ils touchent à la médecine - à ce titre, Sherlock Holmes et le docteur Watson trouvent une place honorable. Il est également fait référence à l'actualité: le fantôme d'Al-Qaïda plane sur "Le Chirurgien d'Al-Qaïda" de Claude Godfryd, et "J'irai comme un cheval mort" de Michel de Pracontal évoque, en un contrepoint parfaitement minuté (tout se joue en moins de dix secondes, comme en un cent mètres olympique), la rivalité qui oppose les sprinters Ben Johnson et Carl Lewis. Qui est champion du dopage? Il y a aussi, bien sûr, de l'humour, de l'érotisme (Nicolas d'Estienne d'Orves signe par exemple un joli "Ma petite gymnote", baigné (!) d'une passion troublante et débridée) et du suspens tous azimuts. Le droit lui-même a sa place ici ("Ne dites jamais 33" de René Renouven), de même que les tentatives de crimes parfaits.

 

Vingt nouvelles et autant de voix originales, évocatrices d'un monde plus vaste qu'il n'y paraît: après avoir lu "Noirs scalpels", allez-vous considérer votre médecin de la même manière? Force est de constater que la lecture de ce recueil est plus roborative et captivante que l'étude d'une ordonnance médicale...

 

Collectif, Noirs scalpels, Paris, Le Cherche Midi, 2005.

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13 juillet 2013 6 13 /07 /juillet /2013 18:06

hebergeur imageLu dans le cadre du défi "Thrillers".

 

Un roman écrit à quinze mains, avouez que ça sort de l'ordinaire. En plus c'est un roman policier irlandais. "Meurtres exquis" est le fruit d'une idée de Joseph O'Connor, concrétisée par une imposante brochette d'auteurs irlandais à la manière d'un cadavre exquis. L'exercice est délirant, mais il laisse aussi voir certaines de ses limites...

 

"A vrai dire, l'enquête est plutôt chaotique", promet le prière d'insérer de ce livre, publié au profit d'Amnesty International. Et il est vrai que le début de ce roman est pour le moins foutraque, chacun des premiers chapitres faisant figure de prolongement de l'exposition. L'avantage, certes, c'est qu'on se retrouve face à une galerie de personnages hauts en couleur, tous plus pourris et corrompus les uns que les autres (y compris les flics). L'inconvénient, c'est que le lecteur a l'impression peu agréable que ça part dans tous les sens - d'autant plus que tous les personnages mis en scène meurent les uns après les autres. Et au fond, de quoi s'agit-il? Est-il question d'un manuscrit inédit et inestimable de James Joyce? D'une recette de vieillissement artificiel du papier? D'une crème contre le vieillissement? Articulées autour d'une mystérieuse formule (Y8S =+! - comprenne qui peut!), ces pistes sont inégalement exploitées tout au long du roman, qui pourra apparaître comme un brin décousu.

 

Le lecteur qui surmonte cette impression bizarre aura l'occasion de découvrir de belles trouvailles bourrées d'humour complètement barjot et quelques pages olé olé pour faire bon poids. On ne saura par exemple jamais si l'agent de police Greer a effectivement été défloré par l'imposante ministre de la justice: Greer était bourré et au petit matin, la ministre est morte d'un pet de travers... Ce qu'on sait en revanche, c'est que la même nuit, rouquin minable qui rêvait d'être noir a fini par lui faire subir les ultimes outrages.

 

Le style est certes celui de la traductrice, Arlette O'Hara, et l'on aurait aimé parfois que les auteurs soient différenciés de façon plus claire; cela dit, son travail ne masque pas complètement les différences d'approche de chaque auteur, ce qui marque agréablement le rythme de lecture: tel chapitre, donc tel auteur, se concentre sur un personnage, tel autre les fait progresser successivement, chacun poussant son bout d'histoire, jusqu'à l'ultime, signé Frank McCourt, qui parvient finalement à relier tous les fils d'une intrigue complexe.

 

Par-delà l'action, les allusions à la littérature irlandaise sont innombrables, qu'elles passent par l'action ou par les noms des personnages (Bloom, Blixen); celles-ci seront pleinement accessibles aux inconditionnels, dont je ne suis malheureusement pas...

 

"Meurtres exquis" est, en définitive, un roman policier foutraque et bordélique, joyeusement, quitte à dépasser les limites et à désarçonner le lecteur, mais qui réserve quelques instants de pure hilarité et de délire débridé.

 

Collectif, Meurtres exquis, Paris, NiL, 2002, traduction d'Arlette O'Hara.

 

A noter la couverture "à la Magritte" de Bruno Bruni.

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11 mai 2013 6 11 /05 /mai /2013 16:48

Dans le sillage du centenaire de la naissance de Corinna Bille, les éditions InFolio ont eu la bonne idée de publier l'an passé, dans leur collection "Le Cippe" (dirigée par le poète suisse Patrick Amstutz), deux petits ouvrages de littérature secondaire portant sur Corinna Bille et son oeuvre. Le premier est une étude consacrée à "Théoda", premier roman de l'auteur, et le deuxième est un hommage collectif.

 

hebergeur imageSignée Pierre-François Mettan, l'étude "Théoda de S. Corinna Bille" aborde l'oeuvre sous ses divers aspects. Une mise en contexte en constitue le début, avec entre autres les liens qui rattachent l'auteure valaisanne à Charles-Ferdinand Ramuz - ainsi que ce qui éloigne les deux écrivains, à savoir, pour Corinna Bille, le rejet de la "langue-geste" et du roman parlant typiques de Ramuz. Il y est également question de la manière dont Corinna Bille a exploité sa vie personnelle pour en tirer "Théoda" - sans parler, bien sûr, du fait divers qui en constitue le socle. En conclusion enfin, et c'est une partie fort instructive, l'auteur évoque d'autres oeuvres de l'auteur, entre autres "La Fraise noire", et met en évidence leurs liens avec "Théoda". Cet ouvrage pourra paraître un peu théorique au lecteur qui n'a pas lu "Théoda"; mais il saura aussi l'inciter à s'y plonger. Et il sera fort utile à toute personne désireuse d'approfondir sa lecture du premier roman de Corinna Bille.

 

hebergeur imageGénéraliste, le petit livre "Cippe à Corinna Bille, un recueil d'hommages" se caractérise par la diversité de voix et des regards portés sur l'écrivain: trente-cinq auteurs et quinze artistes y ont contribué, sous les formes les plus diverses. Leurs profils sont en effet variables: chercheurs, artistes, personnes ayant côtoyé l'écrivain, poètes, témoins, personnalités politiques même (avec la députée Géraldine Savary). Le lecteur relèvera ici, par exemple, le témoignage de l'écrivain Blaise Hofmann qui, en sa qualité d'enseignant, a abordé "Théoda" en cours avec des lycéens. Ou le portrait de femme que Florence Heiniger, journaliste littéraire, brosse du personnage de Théoda. Certains textes pointent des aspects de la vie de l'auteur, par exemple la contribution de Gilberte Favre, biographe, qui rappelle que Corinna Bille reste fort populaire au Liban. Enfin, les contributions artistiques constituent un intéressant contrepoint visuel au propos. Au terme de sa lecture, le lecteur aura ainsi eu l'impression de parcourir une mosaïque recréant un portrait vivant et détaillé de l'écrivaine valaisanne.

 

Pierre-François Mettan, Théoda de S. Corinna Bille, Gollion, InFolio/Le Cippe, 2012.

Collectif, Cippe à Corinna Bille, un recueil d'hommages, Gollion, InFolio/Le Cippe, 2012.

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