Une
page de l'histoire des transports publics de mon canton se tourne ce week-end: avec le changement d'horaire du 11 décembre (dimanche, donc), les bus directs qui relient Fribourg à Bulle,
régulièrement surchargés aux heures de pointe, vont disparaître au profit d'une liaison ferroviaire de durée équivalente, passant par Romont. Cette liaison sera un élément du futur RER
fribourgeois.
Pour moi, ce sera un changement d'habitudes! Et quelques souvenirs qui vont passer aux archives.
Les bus directs Bulle-Fribourg et Fribourg-Bulle ont en effet marqué ma petite vie, depuis ma période d'études à
l'université de Fribourg. Je me souviens d'avoir acquis des pelletées d'abonnements de parcours mensuels pour aller, jour après jour, étudier la littérature française, la philologie romane,
la linguistique et la musicologie dans la vénérable Alma Mater de Fribourg, depuis le domicile bullois de mes parents. Au début, les horaires étaient pratiques, en tout cas du point de vue
mnémotechnique: le bus partait de Fribourg ou de Bulle à tous les .45. Plus tard, avec l'introduction de nouveaux horaires, ça s'est un peu corsé... mais à chaque fois, il a suffi de prendre le
pli. Et de profiter de la grosse demi-heure de parcours (aller simple) pour me reposer... ou pour lire des centaines de pages d'auteurs classiques ou contemporains.
La liaison avait un défaut important, qui n'a été résolu qu'avec le changement d'horaire de décembre 2002, soit après
mes études de lettres: le dernier bus pour Bulle partait avant 21 heures. Impossible, donc, d'aller me faire un concert, une toile ou une noce entre collègues étudiants le soir à Fribourg,
ville qui recelait pourtant d'intéressantes possibilités de ce côté, surtout par rapport à la petite cité de Bulle. Résultat: j'ai pris, pendant la durée de mes études, l'habitude d'aller
voir des films aux séances de 18 heures ou assimilées. Je pouvais ainsi rentrer chez moi (donc chez mes parents) avec le dernier bus - celui de 20 heures 45 - et, si le film était plus court que
d'habitude, écluser un café en souplesse au buffet de la gare. Généralement en compagnie d'un livre.
Les infidélités? Il y en eut. Ces horaires peu confortables ont fait que pendant ma période de préparation d'examens ou
au cours de mon stage au journal fribourgeois "La Liberté", j'ai préféré me déplacer en voiture, à bord d'une Opel Astra dont je me suis séparé depuis. Et
puis, pour des raisons de simple agrément, il m'est arrivé d'emprunter, plutôt que le bus direct, l'un de ces bus qui s'arrêtent au moins une fois dans tous les villages qui se situent entre
Bulle et Fribourg. Je garde quelques souvenirs émus de la ligne qui passe par Farvagny, particulièrement tortueuse: on a parfois l'impression que l'autobus revient sur ses pas et erre sans fin,
avant de repartir plus loin en empruntant tous les chemins de traverse. Et si je me suis rendu jeudi matin à la messe de Morlon (où je suis organiste) avec le bus direct, j'ai justement
choisi d'emprunter ce bus tortueux pour rentrer, histoire de revoir un peu de cette région que je sillonne trop peu depuis que je travaille aux CFF à Berne.
Et en parlant des CFF, avant que je ne me trouve un logement à Berne puis à Fribourg, j'ai pris chaque matin le premier
bus Bulle-Fribourg pour me rendre à Berne - en 2002, ce n'était pas non plus un direct! Au retour, cependant, j'avais droit à une belle ligne droite, sans arrêt intermédiaire, via l'autoroute.
Sans arrêt? Ou presque: alors que le bus direct ne s'arrêtait à l'origine qu'aux gares de Fribourg et Bulle, il a marqué, dans ses dernières années, un arrêt supplémentaire près des supermarchés
bullois. Pratique pour aller faire ses courses... mais aussi pour accéder à certains quartiers résidentiels et au lycée.
A présent, les transports publics devraient m'offrir une solution impeccable pour mes soirs de répétition à Morlon: un
train direct de Berne à Bulle, sans changement à Fribourg. Je me réjouis de voir cela... au plus tard à l'occasion de la répétition du 22 décembre, qui préparera la messe de minuit.
Photo: source. Le bus représenté
n'assure pas une liaison directe, mais relie Bulle et Moléson-sur-Gruyères.