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28 juin 2014 6 28 /06 /juin /2014 23:01

hebergeur imageLu par Gwen, Isa, Librairie du bonheur, Lilcassie, Lili, Menina dos policiais, Miss G., Neph, Paul Maugendre, Totalybrune, Vanessa Gueritée.

Défi Thrillers et polars.

 

Sombre histoire que celle que sert l'écrivain américain Brian Freeman avec "Le Voyeur"! Tout commence par l'irruption d'une journaliste, Tish, dans l'existence enfin tranquille de l'agent Jonathan Stride. Son ambition? Ressortir une vieille histoire, celle du meurtre jamais élucidé de Laura Starr, trente ans plus tôt, soit en 1977. Tish ne sait pas tout ce qu'elle va faire remonter à la surface...

 

Des noms et des personnages

Le lecteur relèvera d'emblée que les personnages sont fortement caractérisés et bien construits. Chacun a une personnalité bien marquée qui rend évidents l'adhésion ou le rejet - tout un chacun sera tenté de soupçonner l'odieux Stanhope, avocat riche et suffisant, par exemple. A contrario, Maggie a un fonctionnement assez amusant qui permet de détendre les atmosphères pesantes d'un récit où la pluie et la nuit sont très présents.

 

L'onomastique présente quelques astuces. Il est par exemple piquant de découvrir que ladite Laura Starr porte un nom qui rappelle celui d'un système de repassage perfectionné. C'est sans doute une coïncidence... L'auteur utilise par ailleurs des noms à consonance scandinave pour certains de ses personnages, suggérant qu'une population scandinave importante existe réellement dans la région décrite, entre Minnesota et Wisconsin. A ce propos, vous découvrirez, au détour d'une page, une certaine Pamela Anderson. Avis aux amateurs!

 

Un décor bien rendu qui concourt à l'ambiance

Mais Pamela Anderson n'est pas le seul argument qui plaide pour "Le Voyeur", si j'ose ainsi m'exprimer. Entre Duluth, Superior et Fond du Lac, les lieux sont bien dépeints et concourent à l'ambiance. Les forêts sont inquiétantes, d'autant plus qu'elles sont volontiers montrées de nuit. Le lac devient un lieu ambigu, entre oaristys et meurtres.

 

Il est à relever qu'un pont évoque la mort pour l'agent Stride, ce que l'auteur indique en début de roman. L'idée reviendra en écho à la fin, ce qui est habile: belle exploitation du décor.

 

Enfin, dans ce lieu d'Amérique profonde, un peu anonyme, pas très attirant a priori, les personnages paraissent tous se connaître, comme dans un village d'Europe. Pour le meilleur et pour le pire: le marigot dépeint n'est pas franchement beau à voir, et chacun des personnages porte en lui une cicatrice. Même Jonathan Stride n'est pas étranger à tout ce qui a entouré le meurtre de Laura Starr.

 

Troublantes allusions sexuelles

Si l'allusion à Pamela Anderson dévoile le côté astucieux et joueur du romancier (ce n'est pas le seul clin d'oeil qu'il s'autorise, d'ailleurs), celui-ci plonge dans des choses nettement plus malsaines dès lors qu'il est question de sexe. Il y a du voyeurisme, bien sûr, et l'auteur va loin dans la démonstration de la préméditation: on est loin du gars qui mate discrètement un décolleté qui bâille et passe furtivement devant ses yeux...

 

... il y a aussi une certaine complaisance à dépeindre les amours d'adolescents lâchés au bord du lac le soir de la fête nationale des Etats-Unis. La mise en scène d'une handicapée mentale de 16 ans présentant des comportements exhibitionnistes est encore plus troublante. Fallait-il aller aussi loin? La question reste posée.

 

En revanche, l'auteur suggère avec pertinence le regard que la société porte sur les lesbiennes, et sur la manière dont cette orientation sexuelle a pu être vécue, hier et aujourd'hui.

 

Une intrigue recherchée

Le lecteur relèvera avec délices que l'auteur adore s'amuser avec lui en le lançant sur de fausses pistes: ses soupçons vont se porter tour à tour sur chacun des personnages, et l'auteur a l'art de jouer sur des détails. Bien troussée, son intrigue sait aussi faire la place aux arguties liées à la procédure judiciaire et aux méthodes policières américaines.

 

Pour le reste, on notera enfin le tropisme omniprésent des battes de base-ball. Plus intéressant, ce roman soulève aussi le pouvoir de l'écrivain, à travers la personne de Tish; certains des chapitres du "Voyeur" sont des extraits de son roman, ce qui permet de varier les voix et les points de vue. Il n'en faut pas moins pour faire un bon gros thriller - 500 pages quand même, mais il n'y a rien de trop!

 

Brian Freeman, Le voyeur, Paris, Presses de la Cité, 2011. Traduction de Patrick Dusoulier.

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