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10 août 2013 6 10 /08 /août /2013 22:19

hebergeur imageLu dans le cadre du défi "Littérature belge".

 

Les contes et légendes sont toujours des textes marquants, et en lisant les versions qu'en donne la conteuse Krystin Vesterälen, le lecteur observe une partie d'univers qu'on devine vastes. Après son "Odyssée" revisitée, dont j'ai eu l'occasion de parler ici, Krystin Vesterälen a choisi de s'attaquer à un mythe bien enraciné dans la France d'autrefois, celui de la cité engloutie d'Ys. Il en est résulté un ouvrage intitulé "Dahut, l'épousée de la mer", réalisé à quatre mains, avec la complicité du photographe Ronan Follic. Et travailler à deux est une option des plus intéressantes, en l'occurrence.

 

Le lecteur va en effet se retrouver face à des textes destinés à être lus ou, mieux encore, récités (Krystin Vesterälen récite par coeur), éventuellement avec des improvisations parfaitement assumées. Synthétiques, ils paraîtront peut-être un peu secs au lecteur, alors que la personne qui écoutera la conteuse dans le cadre d'un événement organisé par celle-ci sera comblé: avec ses répétitions qui sont autant de scansions, le texte proposé présente quelques ingrédients qui appellent une récitation orale ou, pourquoi pas, une lecture à haute voix. Tout au plus peut-on regretter, en qualité de lecteur, que les pages 14 et 18 comprennent le même texte, sans que cela s'explique par la trame du récit.

 

Dès lors, les photos apportent au texte un complément indispensable: celui de l'évasion. Elles révèlent une Bretagne sauvage, à peine touchée par l'être humain (quelques phares, tout au plus), dont la nature et les phénomènes naturels sont les personnages principaux: vagues, couchers de soleil, cascades, arcs-en-ciel, rochers, nuages. Cela, dans des couleurs et des lumières qui fascineront immanquablement et s'associent au texte de Krystin Vesterälen.

 

L'auteure répond du reste avec pertinence à la question du rapprochement entre le conte, mode de récit immémorial, et la photographie, médium éminemment moderne. Ce rapprochement lui paraît en effet possible, dans la mesure où la photographie saisit un instant précis, qui ne se reproduira jamais de manière identique et s'avère donc unique, de même que le conteur ou la conteuse, en récitant leur texte, présentent une performance unique: le même texte peut être récité plusieurs fois, ce ne sera jamais pareil.

 

Le lecteur pourra, en fin d'ouvrage, s'instruire sur la contraception et la condition féminine au Moyen Age, ce qui est instructif, même si le lien avec le propos de l'ouvrage n'est guère évident (surtout en ce qui concerne la contraception). Ce petit livre est à lire, donc; mais plus encore, il gagnera à être entendu, récité par la conteuse qui a lancé ce projet. Ou à être regardé: les photos, vraiment, valent le coup d'oeil et montrent un visage fascinant de la Bretagne.

 

Krystin Vesterälen, Dahut, l'épousée de la mer, Paris, chez l'auteur, 2013.

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commentaires

P
Bravo pour votre magnifique livre de contes madame Krystin<br /> <br /> (d'un ermite des routes du Canada qui se prépare<br /> à vagabonder la Belgique l'été prochain.)<br /> <br /> VOYAGE<br /> <br /> chu rien qu’un chanteur qui voyage<br /> tu m’verras jamais à t.v.<br /> j’ai 35 ans j’fais pas mon âge<br /> j’fais du flolklore dans mes tournées<br /> <br /> j’ai comme des explosions dans tête<br /> que j’ai besoin d’te raconter<br /> d’un coup je meurs d’un hasard bête<br /> dans des pays trop éloignés<br /> —–<br /> Au Japon j’ai connu l’boudhisme<br /> avec des temples de 12,000 ans<br /> pis en Afrique des musulmans<br /> qui ont plusieurs femmes évidemment<br /> <br /> moi catholique baptisé<br /> thraumatisé par le péché<br /> y a tellement d’religions sur terre<br /> qu’aujourd’hui j’me sens libéré<br /> <br /> ——<br /> j’ai vu des noirs bleus comme la mer<br /> qui vendaient des serpents séchés<br /> des noirs charbons en Côte d’Ivoire<br /> qui m’ont donné leur amitié<br /> <br /> du fond de la brousse ma peau blanche<br /> a eu honte de ses préjugés<br /> y a tellement de couleurs sur terre<br /> qu’aujourd’hui j’me sens libéré<br /> <br /> ——<br /> j’ai vu des langues par dizaines<br /> des dialectes par centaines<br /> sayonara good by je t’aime<br /> midowo antimari midowo<br /> <br /> moi québécois enraciné<br /> qu’on a monté contre les anglais<br /> y a tellement de languages sur terre<br /> qu’aujourd’hui j’me sens libéré<br /> ————–<br /> <br /> les religions sont des poètes<br /> comme les langues et les couleurs<br /> j’ai comme des explosions dans tête<br /> qui font qu’aujourd’hui j’ai pu peur<br /> <br /> d’être québécois dans l’fond du coeur<br /> et j’ose crier à la jeunesse<br /> maudit déniaise t’as 18 ans<br /> je sais que la planète t’attend<br /> <br /> j’sais pas si j’ai bien fait d’parler<br /> mais pour le reste oubliez-moé.<br /> <br /> Pierrot<br /> vagabond céleste<br /> www.enracontantpierrot.blogspot.com<br /> www.reveursequitables.com
D
Je laisse à Mme Krystin Vesterälen le soin de vous lire et de vous répondre! Merci de votre passage et de votre commentaire.
B
Le dahut... Quand j'étais enfant, c'était une bête redoutable qui attrapait les enfants sur les pistes de ski, si jamais on était trop à la traîne...
D
Chez nous aussi, le dahu a pointé sa tête et ses pattes asymétriques! Cela dit, le personnage de cette histoire s'appelle vraiment ainsi - le T final fait toute la différence...

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