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14 juin 2013 5 14 /06 /juin /2013 20:27

hebergeur imageLu par Antigone, Lily.

Lu dans le cadre du défi "Nouvelles".

Le site de l'auteur.

 

Jean-Louis Ruffel est un artiste-peintre et écrivain français. C'est à ce dernier titre qu'il a écrit et publié, en 2007, une nouvelle intitulée "Florence". Un texte court et sobre, qu'on lira en une petite demi-heure - mais aussi un texte qui intrigue: qui est Florence, au fond? Une prostituée... ou quelqu'un d'autre? Et qui est l'homme qui la suit jusqu'à l'hôtel?

 

L'intrigue est minimale, jusqu'à un final surprenant; elle est rendue par une prose très, très sobre, voire minimaliste, misérabiliste même. Des lieux, on ne sait pas grand-chose, si ce n'est quelques éléments de décor qui soulignent le caractère sordide d'une partie du récit. Des personnages, rien de plus que ce qui est indispensable. L'auteur esquisse donc l'essentiel du personnage de l'homme, notamment en exploitant la figure du flash-back afin d'expliquer qu'il n'est pas attiré par les prostituées. On n'en saura guère plus, pas même son nom.

 

En revanche, on connaît celui de la fille, Florence - et finalement peu de chose de plus. Peut-être une métaphore de l'éternel mystère féminin, face auquel l'homme ne pourrait que rêver et conjecturer? Dans "Florence", c'est un peu ce qui se passe, avec des nuances: le début baigne dans un enchantement qui est soudain brisé par la phrase qui tue: "C'est combien?" (p. 6).

 

La lecture qui suggère que Florence est une professionnelle ne convient pas, et l'auteur l'indique discrètement, entre les lignes ou en elles. Il y a un geste qui n'est pas forcément celui d'une prostituée: "Un court instant il la vit tendre la main et agripper la manche d'un homme qui passait". Et puis, l'homme est présenté comme peu attiré par les prostituées, avec lesquelles il a eu des expériences déprimantes; dès lors, pourquoi accepterait-t-il de lâcher cent euros pour une passe, plus vingt pour une chambre d'hôtel miteuse? D'autres signes encore, en fin de roman, suggéreront avec discrétion une autre réalité, par un retournement de situation quand même assez magistral.

 

Je ne dévoilerai pas ici le fin mot de l'affaire, cependant. Cette nouvelle est donc fort dépouillée dans son écriture, quitte à paraître un peu simple (l'auteur abuse un peu du "il" en début de phrase pour parler de l'homme). Là-derrière, cependant, se cache une véritable efficacité et une volonté de dépeindre certaines misères humaines, avec une rouerie certaine qui invite à réfléchir au-delà des apparences et à trouver l'histoire (vraie) derrière l'histoire (apparente).

 

Jean-Louis Ruffel, Florence, Toulouse, Filaplomb, 2007.

 

 

 

 

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commentaires

L
Ah Fattorius, quel étrange plaisir après plusieurs années de retrouver cette nouvelle, ce livre ! Ça a été un moment de ma vie magnifique notamment (et surtout ?) pour les rencontres avec des auteurs. C'est finalement la partie la plus sensible du métier d'éditeur, retravailler les textes avec l'auteur, sans trahir leur volonté de départ.<br /> Je n'ai plus le contact avec Jean-Louis, s'il passe par là…<br /> :-)<br /> <br /> Réponse à DF (Fattorius ?) : je ne vois pas en quoi noyer une nouvelle dans un recueil serait le mettre en valeur ! J'ai justement offert l'inverse aux nouvelles en les proposant en tant que texte autonome, ce qu'elles sont naturellement !<br /> :-)
L
La Belgique n'a pas de statut qui permette de lancer un projet de manière un peu sensé, économiquement. Je me suis inscrit comme indépendant, 2 jours plus tard j'ai reçu un appel de cotisations sociales pour 1.700 euros alors que je n'avais encore rien généré. Je me suis radié. Tant pis pour la Belgique.<br /> De toute façon, mon projet est de rentrer en France. Je suis excédé de la surdité des responsables politiques à la réalité du terrain.<br /> :-)
D
C'est donc de l'auteur que ça doit venir... les droits leur restent donc; ils sont seuls maîtres à bord. <br /> Tu n'as jamais eu envie de reconstruire quelque chose en Belgique, dans le domaine éditorial?<br /> PS: je me souviens toujours de nos échanges par courriel! :-)
L
Fattorius : oui, j'aimerais bien aussi que ces nouvelles publiées restent disponibles à la lecture mais sur le terrain économique, rien de possible. Seuls les auteurs pourraient le faire. :-)<br /> Merci en tout cas de ta fidélité ! :-))
D
@Le M. Poireau: <br /> <br /> Merci pour cette visite, Le M Poireau! <br /> <br /> J'ai aussi parcouru et commenté d'autres titres des éditions Filaplomb, ici même - précisément celles de Barbara Souffir (très réussie!) et de Jessica Lisse (qui va vite!). Merci pour les heures de lecture! <br /> <br /> Concernant la revalorisation de cette nouvelle, ce que je voulais dire, c'est qu'elle mériterait d'être rééditée, finalement sous quelque forme que ce soit, afin qu'elle soit à nouveau accessible au grand public. Cela pourrait aussi être un retirage du petit livre en question?...
L
Assez intriguant...
D
J'avoue qu'à la première lecture, je n'ai pas capté le &quot;double fond&quot; de cette nouvelle - d'autres blogolectrices, plus sagaces, m'ont mis la puce à l'oreille. Ce texte mériterait d'être revalorisé, par exemple dans un recueil...

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