Jessica Lisse n'a pas dix-huit ans lorsqu'elle a publié, aux éditions Filàplomb, son premier récit d'imagination. Il s'agit d'une petite nouvelle, intitulée "Tout le monde sait que la bonne humeur sent les fleurs", publiée en 2007. L'ouvrage est pétri de qualités, du reste aussi remarquées dans le cadre d'un concours littéraire, qui dénotent un talent certain pour l'écriture.
L'histoire est rapidement résumée: il s'agit de deux adolescentes qui, de leur province, se rendent à Paris pour assister à un concert et fêter les 17 ans d'un personnage nommé Jessica. Expérience d'exception: apparemment, c'est une première réjouissante pour les deux filles, une grande aventure même: "c'est presque comme voleter jusqu'à la lune."
Et cette réjouissance va bien au texte, qui privilégie volontiers l'image pour dire les choses. Le lecteur est saisi par la bonne humeur, d'emblée, à voir rire les deux filles: "Nous rions. Rions. Rions", répétition du mot qui fait écho à des éclats hilares. Et il y a aussi la dégustation de moments qu'on a tendance à négliger, tels l'attente du départ du train, les frasques pratiquées à la va-vite ou le sucre qu'on ramasse du bout du doigt sur les tables des bistrots. Côté bonne humeur, il y a également le cadeau insolite que reçoit Jessica pour son anniversaire.
Quelle est la vision que l'auteur renvoie de Paris? La page de couverture, signée Jessica Lisse, en donne un aperçu, avec la tour Eiffel en arrière-plan. Il y aussi les bistrots, que les deux héroïnes croient tous connaître ou presque. Il y a les grandes écoles, la silhouette des artistes, les écrivains, un garçon qui leur lâche "Salopes" en guise de bienvenue - clin d'oeil à la mauvaise humeur supposée du Parisien? La visite a quelque chose d'agréablement superficiel, de touristique...
... et la prose de l'auteur fait bien sentir que tout passe vite, comme les Parisiens parlent et vont vite dit-on, mais de manière différente. La plus grande partie du livre décrit le tourbillon d'une visite enchantée ("Il faut donc courir.") dont on cherche à profiter au maximum; elle se prolonge en raison de l'attente impatiente (donc toujours trop longue) du concert, qui constitue le sommet de l'aventure et passe trop vite - comme il est rapidement décrit, en quelques traits. Ensuite, l'histoire s'achève très rapidement, trop même, comme un bon moment qui trouve trop vite sa fin. Et grâce à un style où les phrases sont souvent courtes, le lecteur court avec les deux jeunes filles.
Cet ouvrage prometteur porte donc bien son titre: c'est un moment de fraîcheur qu'on appréciera lors d'une course en train... ou en métro parisien!
Jessica Lisse, Tout le monde sait que la bonne humeur sent les fleurs, Paris, Filàplomb, 2007.
Le site de l'auteur: http://www.jessicalisse.com.