En complément au tag d'hier soir, j'ai quand même envie de partager une sensation qui ne
touche pas directement aux cinq sens évoqués par les cinq questions, mais qui m'a renvoyé directement en enfance de manière aussi sûre qu'une madeleine de Proust.
D'abord, le contexte: lorsque j'étais à l'école primaire, toutes les classes étaient invitées à participer à des représentations du Cirque Knie, cirque national suisse, qui passait invariablement chaque année dans la petite ville où j'ai fait mes classes. Sur le moment, je
n'ai pas eu l'impression de vivre des expériences marquantes: certes, les clowns m'amusaient (un clown américain m'a particulièrement fait marrer, dans les années1982), mais j'étais un peu largué
par tout ce public qui tapait des pieds pour manifester son immense bonheur d'être là. Autant dire que dès que les représentations n'ont plus été obligatoires, et la crise de l'adolescence
aidant, j'ai laissé cela aux fanatiques, sans grand regret.
L'affaire a rebondi en 2000 ou en 2001, mais plus probablement en 2001: mes nécrologies personnelles me disent que ce n'était pas après, et mon épopée chez les brocanteurs et ailleurs me dit que
ce n'était pas avant. C'est en effet alors que je rédigeais une pige pour "La Liberté", au bureau de Bulle, qu'un collaborateur du
cirque est venu distribuer des billets gratuits aux journalistes. Un journaliste en place m'a passé les siens, n'étant pas lui-même disponible pour la soirée de représentation. Sans croire au
miracle de l'émerveillement, je me suis dit: "Pourquoi pas? Ca fera toujours une occupation intelligente pour une soirée."
Je suis parti pour cette représentation sans grandes attentes: ce qui m'a peut-être émerveillé lorsque j'étais gosse ne fonctionnerait sans doute plus alors que j'approchais de la trentaine; la
magie aura sans doute disparu. Résultat... j'ai retrouvé tout l'émerveillement que peut procurer une représentation de cirque: le comique des clowns et des comiques (et là, le groupe
bernois Flügzüg avait fait fort avec des
numéros de jonglage au ralenti, se moquant de la lenteur un peu lourdingue des Bernois...), et surtout les prouesses d'un groupe d'acrobates chinois. Cela, sans oublier la rencontre de plusieurs
amis, fidèles des représentations du Cirque Knie à Bulle. Bref... j'ai passé une excellente soirée!
Mais sachant que le goût de la Madeleine de Proust est unique, et qu'à mordre dedans sans relâche, on ne fait que perdre son goût (et puis, j'ai troqué le thé pour le rioja, ce qui change la
donne), je n'ai pas remis ça les années suivantes. Reste le souvenir...
Toute personne intéressée à participer au tag de Lili Galipette est évidemment la bienvenue! Ca se passe ici: http://lililectrice.canalblog.com/archives/2009/12/15/16142585.html
Illustration: une affiche du cirque Knie, par Hans Erni.