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2 décembre 2012 7 02 /12 /décembre /2012 06:00

Idée de Celsmoon.

Avec: Abeille, Alex, Amos, Anjelica, AnkyaAzilis, BénédicteBookwormCagire, Caro[line]Chrestomanci, ChrysEdelwe, EmmaEsmeraldae, Ferocias, Fleur, George, Hambre, Herisson08, Hilde, Katell, L'or des chambres, La plume et la page, Lystig, Maggie, Mango, Marie, MyrtilleD, Saphoo, Schlabaya, Séverine, Sophie57, Tinusia, Violette, Yueyin, Zik

 

A l'amour

 

Reprends de ce bouquet les trompeuses couleurs,

Ces lettres qui font mon supplice,

Ce portrait qui fut ton complice;

Il te ressemble, il rit, tout baigné de mes pleurs.

 

Je te rends ce trésor funeste,

Ce froid témoin de mon affreux ennui.

Ton souvenir brûlant, que je déteste,

Sera bientôt froid comme lui.

 

Oh ! Reprends tout. Si ma main tremble encore,

C’est que j’ai cru te voir sous ces traits que j’abhorre.

Oui, j’ai cru rencontrer le regard d’un trompeur;

Ce fantôme a troublé mon courage timide.

 

Ciel! On peut donc mourir à l’aspect d’un perfide,

Si son ombre fait tant de peur!

Comme ces feux errants dont le reflet égare,

La flamme de ses yeux a passé devant moi;

 

Je rougis d’oublier qu’enfin tout nous sépare;

Mais je n’en rougis que pour toi.

Que mes froids sentiments s’expriment avec peine!

Amour… que je te hais de m’apprendre la haine!

 

Eloigne-toi, reprends ces trompeuses couleurs,

Ces lettres, qui font mon supplice,

Ce portrait, qui fut ton complice;

Il te ressemble, il rit, tout baigné de mes pleurs!

 

Cache au moins ma colère au cruel qui t’envoie,

Dis que j’ai tout brisé, sans larmes, sans efforts;

En lui peignant mes douloureux transports,

Tu lui donnerais trop de joie.

 

Reprends aussi, reprends les écrits dangereux,

Où, cachant sous des fleurs son premier artifice,

Il voulut essayer sa cruauté novice

Sur un coeur simple et malheureux.

 

Quand tu voudras encore égarer l’innocence,

Quand tu voudras voir brûler et languir,

Quand tu voudras faire aimer et mourir,

N’emprunte pas d’autre éloquence.

 

L’art de séduire est là, comme il est dans son coeur!

Va! Tu n’as plus besoin d’étude.

Sois léger par penchant, ingrat par habitude,

Donne la fièvre, amour, et garde ta froideur.

 

Ne change rien aux aveux pleins de charmes

Dont la magie entraîne au désespoir:

Tu peux de chaque mot calculer le pouvoir,

Et choisir ceux encore imprégnés de mes larmes…

 

Il n’ose me répondre, il s’envole… il est loin.

Puisse-t-il d’un ingrat éterniser l’absence!

Il faudrait par fierté sourire en sa présence:

J’aime mieux souffrir sans témoin.

 

Il ne reviendra plus, il sait que je l’abhorre;

Je l’ai dit à l’amour, qui déjà s’est enfui.

S’il osait revenir, je le dirais encore:

Mais on approche, on parle… hélas! Ce n’est pas lui!

 

Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859). Source: Mes poèmes.

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commentaires

C
J'adore la sensibilité de cette femme que j'ai évoqué quelques fois sur mon blog. Si mes souvenirs sont bons, elle a eu une vie sentimentale et "maternelle" compliquée et plusieurs de ses enfants<br /> sont morts jeunes
D
<br /> <br /> Elle a de beaux poèmes, en effet! Je ne connais en revanche pas vraiment sa biographie; il faudra que je m'y intéresse.<br /> Merci pour tes commentaires de ce soir! J'ai eu plaisir à te lire et à te répondre, et j'espère que tu te portes bien.<br /> <br /> <br /> <br />
L
J'aime beaucoup Marceline !<br /> Bonne semaine.<br /> (ex Tinusia)
D
<br /> <br /> Merci Tinusia/Littér'auteurs! Je m'en vais corriger ma blogroll de ce pas.<br /> <br /> <br /> <br />

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