Roman jeunesse, lu par Bit-Lit, Heclea, Lily, Moment précieux, Mylène.
Merci à Camille et aux éditions Michel Lafon pour l'envoi!
... la fille!
Et je vous le donne en mille: elle s'appelle Katarina Bishop et elle a même volé sa place dans une prestigieuse université américaine. Manque de pot: un proche lui vole à son tour son année universitaire, en organisant son renvoi pour des raisons disciplinaires. C'est ainsi que démarre le roman "Vols en haute société", premier tome (mais parfaitement autonome) des tribulations de Katarina Bishop, imaginées par l'écrivain américain Ally Carter et traduites en français par Françoise Hayward pour les éditions Michel Lafon.
On l'imagine, plus d'une page de ce récit prête à sourire. Les dialogues sont souvent pleins d'esprit, et certaines situations mettant en scène une brochette de sympathiques ados champions de la carotte de haut vol s'avèrent drôles. Quant à l'idée même d'une famille de voleurs qui exerce ce métier par atavisme depuis plusieurs générations, force est de constater que c'est assez original. Ainsi laisse-t-on entendre qu'il existe une aristocratie du vol, et peut-on percevoir l'idée que les Américains aiment rechercher leurs racines, surtout si elles s'avèrent profondes.
Le fait de créer des personnages qui volent comme ils respirent, de manière naturelle, est donc originale.
Est-elle performante en termes de dramatisation? L'auteur prive ainsi le lecteur d'une source essentielle de tension, qui naît souvent de la description des appréhensions que ressent toute
personne exécutant un acte délictueux ou moralement répréhensible.
Cette impression de légèreté face à l'acte suscite par ailleurs un effet secondaire indésirable: le lecteur n'a guère
l'impression que la bande de jeunes voleurs qui gravite autour de Katarina Bishop effectue un coup mémorable en volant des tableaux de maîtres dans le musée Henley, réputé inviolable. Ce ressenti
est accentué par le fait que le système de sécurité du musée, tel que présenté, n'a pas grand-chose d'original, si ce n'est des caméras et des alarmes branchées aux cadres et aux toiles. Il est
encore renforcé par une scène de veillée d'armes au manoir qui ressemblent à une fête de lycéens en goguette plus qu'à des heures de peaufinage millimétré du plan d'attaque. Les meilleurs voleurs
du monde? Hum-hum...
Autre bémol à accrocher à ce roman: l'auteur fait voyager ses personnages dans l'ensemble de l'Occident: Paris, l'Angleterre, les Etats-Unis, l'Italie même. Mais l'auteur manque ici l'occasion de placer quelques éléments de couleur locale: où se trouvent la Tour Eiffel, l'Empire State Building, la statue de la Liberté? Le lecteur averti peut par ailleurs s'étonner de la présence des bureaux d'Interpol à Paris selon l'auteur, alors que le siège de l'organisation est à Lyon... Trop souvent, les décors se limitent à la description rapide d'une limousine de luxe ou d'un jet privé, voire d'un restaurant à la mode.
Le lecteur appréciera cependant la légèreté du style, qui lui permettra de lire rapidement cet ouvrage à l'intrigue simple. Mais les amateurs de romans criminels diaboliquement troussés, de quelque âge qu'ils soient, risquent d'être un tantinet déçus: "Vols en haute société" est frais, c'est léger certes... à moins qu'il ne soit, à force d'être frais, un peu léger.
Ally Carter, La vie cachée de Katarina Bishop - Vols en haute société, Paris, Michel Lafon, 2011.