Nouvelles, également commenté par Angélita.
Lu dans le cadre du défi "Nouvelles" de Des Livres Et Moi.
Merci à l'auteur (blog) pour l'envoi et pour les heures de lecture!
Un rayon de soleil qui vient du Midi, des nouvelles gorgées d'émotion: voici ce que le lecteur de "Méridionales" trouvera dans ce recueil signé Alba Kertz. Il y a, c'est certain, un mystère dans ces textes - quelque chose de difficile à cerner, qui donne cependant une bonne mine et peut, de manière subtile ou fougueuse, requinquer les âmes en demi-teinte. Essayons de cerner de quoi il s'agit...
L'une des constantes des nouvelles de ce livre est qu'elles se concentrent sur les êtres humains et les relations qui les lient - des relations où la nature, le plus souvent, prend le pas sur les conventions sociales pour associer ceux qui doivent l'être plus que ceux que les lois veulent à tout prix coller ensemble - ou éloigner. Un mécanisme à l'oeuvre dan les deux sens dans la nouvelle "La Chambre du Petit": soldats ennemis mortels en temps de guerre, les deux figures masculines de ce récit sauront trouver, après la Seconde guerre mondiale, les voies de l'amitié qui va les lier jusqu'à la mort.
Ecrites sur un ton qui prend le lecteur au sérieux et dans un style faussement simple qui fait, mine de rien, toute la place à un vocabulaire précis et choisi, les nouvelles de ce recueil occupent les années, sautent même des générations, et cela est aussi une constante. L'amour s'avère d'une patience d'ange, que ce soit dans "Le Charme du quadragénaire", nouvelle qui ouvre le recueil, ou "Expliquer les étoiles...", texte qui le conclut. Le lecteur s'interroge dès lors en permanence: le couple le plus évident va-t-il se constituer, à la fin? Et là, il devra être patient - en particulier sur "Expliquer les étoiles...", qui est aussi le plus long récit du recueil - et qui saute deux générations...
Dès lors, on pourrait croire que ce recueil fleure bon la nostalgie et les temps anciens. Pas faux, mais cela va beaucoup plus loin! Certes, les narrations plongent leurs racines dans les grands méandres du vingtième siècle, tels que les deux guerres mondiales qui l'ont déchiré. Mais l'auteur, oscillant entre traditions (ah, les costumes folkloriques et les cavaliers de "Expliquer les étoiles..."!) et modernité, sait aussi être de son temps. Ainsi la jeune fille qui attend son copain dans "En attendant Pascal" est-elle parfaitement en phase avec le début du vingt et unième siècle, avec son portable et les questions qui peuvent se poser à une jeune fille amoureuse d'un presque inconnu - le sida, entre autres. Ce qui n'empêche pas l'auteur d'offrir à cette nouvelle le substrat d'un sentiment de toujours: celui du lien qui lie une mère et une fille.
Il y a donc, dans les 116 pages de ce recueil aux couleurs du Sud, écrit en mode majeur, de quoi se remonter le moral: au travers de la peinture de liens si humains et si personnels que le lecteur s'y reconnaîtra immanquablement une fois ou l'autre, c'est à l'universel que l'auteur touche. Et cela fait du bien de savoir que même si la vie n'épargne pas ceux qui se sont donné pour défi de la vivre jusqu'au bout, elle sait aussi leur offrir des cadeaux inestimables qui sont autant de surprises, puisque personne ne sait quelle forme ils prendront: amour, expérience, amitié, soleil, instants de bonheur impromptus, soutiens inattendus...
Alba Kertz, Méridionales, Toulon, Les Presses du Midi, 2009, préface de Monique Pivot.