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24 avril 2009 5 24 /04 /avril /2009 21:16

Une facebookonaute risque de se souvenir longtemps de s'être aventurée sur le site de réseautage le plus fameux du monde depuis chez elle, un jour où elle était malade: une semaine après sa journée de congé maladie, le chef la convoque dans son bureau et la licencie sans ménagement. Motif? Si elle peut surfer sur Facebook, c'est qu'elle n'est pas si malade que ça... et aurait bien pu se rendre au travail. L'affaire s'est déroulée à Bâle (Suisse), et a fait la une du gratuit "20 minutes" de ce jour. Le genre de sujet dont ce type de journal est friand...

 

... mais l'affaire pose plusieurs questions. On la rapprochera volontiers du cas, relaté par Sébastien Fanti dans son ouvrage "Alcatraz numérique" (qui sort ces jours chez l'éditeur veveysan Xenia), du bonhomme qui prend un congé maladie pour cuver un lendemain d'hier mal assumé... et s'en vante dans son statut, également depuis chez lui. Le patron, ou une bonne âme aux tendances mouchardes, et hop: viré sans façons. Le réseau social serait-il un réseau d'espionnage? Le juriste valaisan Sébastien Fanti l'affirme, et avance même, dans une interview accordée à "L'Illustré", que des espions de métier rôdent. Bref, Facebook implique de repenser sa sphère privée, c'est le moins qu'on puisse dire!

Une différence, cependant, sépare ces deux cas. Le second relève d'un mensonge: pour se relever d'une gueule de bois (donc d'un comportement peu responsable la veille), le bonhomme prend un congé maladie et ment donc à son employeur, délibérément. Et pour couronner le tout, il s'en vante publiquement - autant dire qu'il prend son chef pour un imbécile. Le second cas, lui, est plus tendancieux, et "20 minutes", pour une fois correct d'un point de vue journalistique, propose l'analyse d'un expert bâlois, Matthias Häuptli, spécialiste du droit du travail. Sa position est en effet un rien différente de celle de l'employeur: il considère qu'après tout, surfer sur Internet n'est pas forcément impossible à une personne que la maladie peut par ailleurs rendre inapte à aller au travail. On le comprend: un bonhomme qui a la jambe cassée a certes besoin de repos, mais il n'est pas non plus obligé de regarder les mouches voler depuis son lit! L'expert conclut en déclarant que surfer sur Internet, c'est finalement comme lire le journal. Est-ce interdit aux malades?

A l'heure où les entreprises considèrent Facebook d'un oeil suspicieux, voire en bloquent l'accès à leur personnel, on peut par ailleurs s'interroger sur le procédé consistant à espionner le personnel - des soupçons existent dans le cas bâlois. Est-ce que ce suivi est effectué dans le cadre du travail? Les décideurs seraient alors un peu plus égaux que leurs collaborateurs face aux outils informatiques.

Moralité? Faites gaffe quand même... Big Face Is Watching You!

Sébastien Fanti, Alcatraz numérique, Vevey, Xenia, 2009.

Photo:
http://www.trend-setter.com. Et lui, fréquente-t-il Facebook quand il est malade?

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commentaires

L
En France, pas vraiment... Mais comme je cherche vraiment et sérieusement, je n'ai en fait pas d'angoisses. La personne référente qui s'occupe de mon dossier connaît moins bien le milieu professionnel dans lequel je fais mes recherches que moi, c'est moi qui l'ai tuyautée sur des sites internet de référence, et au vu des lettres déjà écrites et des rendez-vosu que j'ai eu, elle me fiche la paix, fort heureusement ! Cela dit, il serait temps que je me remettre à bosser, non que je m'ennuie à la maison, bien au contraire, mais je ne supporte pas de devoir rendre des comptes à mon homme si j'ai envie de m'acheter une paire de chaussures ou je ne sais quoi d'autre ! Et puis si je veux reprendre un abonnement théatre, avec une sortie mensuelle au minimum et emmener les enfants de temps en temps, il va bien falloir faire pousser des sous quelque part - ou bosser !
D
<br /> Effectivement: si l'on arrive à démontrer qu'on cherche, on te fera confiance. Ici en Suisse, je suis passé par le chômage, et il y avait bel et bien un seuil quantitatif de demandes (tant de<br /> demandes par semaine), et qualitatif également (un simple coup de fil n'est pas considéré avec le même poids qu'un envoi de CV avec lettre de motivation, répondant à une annonce réelle).<br /> <br /> J'ai par ailleurs l'impression que les répondants de l'assurance chômage connaissent rarement les métiers de ceux qu'on confie à leurs bons soins... A leur décharge, il y a tant de métiers, de<br /> professions et de profils qu'il est difficile de tout savoir.<br /> <br /> Enfin, bonne chance dans ta quête! Je te souhaite de trouver ton bonheur professionnel, et ce n'est pas peu dire.<br /> <br /> <br />
L
Hallucinant ! Est-ce que l'Anpe va également me sucrer mes indémnités vu le temps que je passe sur les blogs, au lien de chercher assidument du travail ?!
D
<br /> Tu prends des risques... mais sérieusement, j'imagine que l'ANPE a des quotas chiffrés de demandes (genre deux lettres par semaine), et que du moment qu'ils sont remplis, elle n'a pas à mettre le<br /> nez dans tes affaires... non? En Suisse, c'est comme ça; mais les quotas sont ainsi fixés que chômeur est vraiment un emploi à temps complet...<br /> <br /> <br />
C
sans compter qu'avec les portables on peut surfer depuis son lit !
D
<br /> Exact! Qu'il s'agisse d'ordinateurs ou de téléphones, d'ailleurs... Ce n'est pas forcément aussi astreignant que de fendre du bois, par exemple...<br /> <br /> <br />
S
Bonjour à tous, <br /> <br /> Le cas cité par 20minutes est intéressant à plus d'un titre. <br /> Tout d'abord, il permet d'aborder une problématique peu goûtée des avocats. <br /> Nous avons souvent eu par le passé (soit avant l'avènement de sites comme FB) des dossiers où nous pouvions démontrer que les employés en arrêt maladie exerçaient une autre activité. D'ordinaire le patron qui avait un doute engageait un détective privé. Une plainte pour escroquerie était ensuite déposée avec le concours de l'assureur perte de gain. Et là surprise, la procédure n'aboutissait pas parce que le médecin traitant, voire un expert déclaraient qu'une telle activité était compatible avec l'affection. Cela est même devenu la règle en matière de problèmes d'ordre psychique. Pour ma part, je déconseillais donc aux employeurs une telle procédure et lui proposais un licenciement ordinaire. La jurisprudence est si stricte en matière de licenciement immédiat qu'il ne vaut pas la peine de prendre le moindre risque. <br /> Pour le cas cité par 20minutes, il m'apparaît que l'employeur n'a aucune chance si le cas est porté devant le Tribunal du travail. On ne peut pas soutenir raisonnablement qu'une personne doit rester au lit et qu'elle n'est pas autorisée à surfer... La meilleure solution pour un employeur qui n'a plus confiance est donc toujours un licenciement ordinaire. Il existe toutefois toujours un risque. L'employé pourrait prétendre que le licenciement ordinaire est tout de même abusif, car motivé par des raisons occultes. Mais l'employeur sera mieux armé pour se défendre dans un tel cas. C'est donc la moins mauvaise solution. <br /> <br /> Sébastien Fanti
D
<br /> <br /> Bonjour, et merci de votre passage et de votre commentaire!<br /> Exercer une autre activité, c'est une chose - vous relevez que l'important, c'est la compatibilité de l'activité avec l'affection (ou sa guérison): fendre du bois n'aidera pas, mais surfer sur<br /> Internet ne me paraît pas dommageable...<br /> <br /> <br /> <br />
M
J'ai passé plusieurs mois sur ce site de voyeurisme et d'exhibitionnisme et je suis soulagée d'avoir supprimée mon compte!
D
<br /> J'ai lu votre billet à ce propos... si le bilan n'est pas satisfaisant, vous avez bien fait! De mon côté, cela me permet de faire connaître (un peu) mon blog; mais je dois avouer que c'est<br /> chronophage.<br /> <br /> <br />

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