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20 avril 2009 1 20 /04 /avril /2009 20:48

Il y a bel et bien de quoi rester accroché au roman "Paysage sombre avec foudre", thriller signé du Français Alain Claret, reçu dans le cadre de l'opération de partenariat initiée conjointement par l'éditeur (Robert Laffont) et le site http://www.blog-o-book - deux entités que je remercie en préambule à ma présentation.

Accroché? Le lecteur habitué à une prose plus étudiée, ou sortant d'un ouvrage riche (je me suis lancé dans ce roman après avoir lu "
Pas du tout Venise", du Suisse Virgile Elias Gehrig) pourra être surpris par le style apparemment très factuel, très standard, de l'auteur - cela pourra lui paraître pauvre, même. Que doit-on y trouver? Du suspens! La première partie du roman est à ce titre exemplaire, et laisse le lecteur avec des milliers de questions dans sa tête: qui sont les personnages représentés? Pourquoi la fille est-elle attachée à un arbre? Quelles sont les raisons que l'homme a de lui en vouloir... ou pas? Evidemment, l'auteur invite le lecteur à aller chercher les réponses dans la suite du roman - au fond, une tactique consistant à retenir l'information tout en la lâchant, presque en la faisant percoler goutte à goutte, comme un café qui acquiert sa substance en s'écoulant peu à peu. Difficile, à partir de là, de savoir où tout cela va finir.

Autre méthode pour accrocher le lecteur, bien connue des auteurs américains à succès tels que Stephen King ou Dan Brown: rédiger des chapitres courts et respecter une narration linéaire, simple à suivre. Ne manquent que les dialogues, qui pourraient davantage rythmer le récit: l'auteur préfère ici raconter, plutôt que laisser parler ses personnages - la première vraie conversation est transcrite en p. 43 seulement, et intervient avec des policiers - des personnages secondaires, des figurants même.

Alain Claret choisit de mettre en scène un petit nombre de personnages, justement. Il y a là quelques mecs pas très avenants qui en veulent à une Indienne au prénom mystérieux, Méléna. Parlons d'elle, car il s'agit sans doute du personnage le plus intéressant du récit - en plus d'être son pivot. Indienne, en effet, c'est un attribut polyvalent et bien pratique pour l'auteur. D'une part, il lui permet d'introduire dans son récit une once d'exotisme, présentée comme sexy et qui ne fait pas de mal dans un récit par ailleurs bien ancré en France et à notre époque (avec des allusions à Ségolène Royal et à l'affaire Clearstream). Mais l'auteur est suffisamment malin pour ne pas s'arrêter en si bon chemin. L'Indienne Méléna lui permet en effet d'introduire des éléments de fantastique dans le récit, en la dotant de pouvoirs chamaniques variés. Un tel personnage aurait-il été crédible s'il avait été français? Il paraît que les Occidentaux sont plutôt cartésiens, et guidés par leur raison... la magie se vend mieux lorsqu'elle vient de loin.

Certes, l'Indienne est le vecteur du fantastique dans ce récit. Mais celui-ci éclate aussi par un autre canal: celui des avatars d'un univers qui pourrait être celui de Second Life, où Luc (le personnage qui recueille l'Indienne et les embrouilles qui vont avec) et Méléna retrouvent les parents de l'Indienne. Ceux-ci revêtent des allures surnaturelles alliant l'animal à l'humain. Le virtuel ouvre ainsi de nombreuses portes sur des choses impossibles dans le monde ordinaire: communication à distance, échange d'idées par contact physique, etc.

La nature mi-humaine mi-animale des avatars des parents de Méléna fait du reste écho au monde de la nature, bien présent dans le récit, et ce, dès le début: tout s'ouvre autour d'un arbre, loin de toute civilisation apparemment, dans une de ces contrées peu peuplées dont la France a parfois le secret; l'incipit est du reste constitué par un conte asiatique empreint de merveilleux... Les évocations de chasse sont également présentes.

Littérature virile, enfin? me suis-je demandé au cours de ma lecture. Quelques indices me poussent à le penser, dans une certaine mesure: certaines scènes sont violentes, l'action ne manque pas, les personnages féminins sont présentés comme ayant un physique souvent avantageux (à l'instar d'une blonde énigmatique qu'un personnage sort au restaurant alors qu'elle est débraillée et laisse voir davantage que ce que la décence permet) et, naturellement, un jeune homme nommé Luc se retrouve propulsé dans l'aventure, un peu malgré lui, avec une Indienne sculpturale et mystérieuse, symbole, peut-être, d'un éternel féminin. L'efficacité du style m'envoie aussi sur cette piste. Alain Claret propose donc ici un thriller solide mâtiné de fantastique, qui saura intriguer ses lecteurs.

En conclusion, je note que d'autres ouvrages d'Alain Claret font intervenir les mêmes personnages.  

Alain Claret, Paysage sombre avec foudre, Paris, Robert Laffont, 2009.


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commentaires

L
Littérature virile ! Rien que ça me donne envie de le lire !
D
<br /> Si je m'attendais à une telle réaction... ;-)<br /> <br /> <br />
S
Ce livre ne m'a pas plu du tout, j'ai arrêté ma lecture quelques dizaines de pages avant la fin. C'est long, c'est long, c'est long, et masculin, oui, peut-être...
D
<br /> A quelques dizaines de pages de la fin, c'est cruel... masculin? C'est une impression très personnelle; j'ai parfois eu l'impression de voir les jolies filles un peu "objets" qu'on peut voir dans<br /> l'univers très masculin de "Largo Winch". Mais c'est difficile à cerner, et le débat risque d'être animé si on se lance dans une tentative de définition des critères d'une littérature "masculine"<br /> ou "féminine"...<br /> <br /> <br />

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