... mal-aimée, en effet: tout un chacun parle de sa pile à lire, publiant des photos, se plaignant avec délices de son augmentation ou de sa diminution. Et quid des listes,
alors? Le temps d'un billet, songeons à la gestion idéale d'un tel document, indispensable pour le lecteur qui aime acheter sans s'égarer - faute de quoi il dévaliserait la librairie, une
sensation qu'on a tous connus, un jour ou l'autre, face à tous ces beaux empilages bien ordrés de livres tout neufs qui, aguicheurs sur les présentoirs des libraires, vous crient:
"Achète-moi!".
Personnellement, j'utilise un petit carnet. C'est déjà le deuxième que j'use, mais c'est la solution que j'avais trouvée, au début des années 2000, pour consigner les coups de coeur que j'avais à
la suite de lectures de critiques dans la presse au sens le plus large, voire à la suite de conseils. Cela présentait l'énorme avantage de me permettre de centraliser les notes prises sur des
bouts de billets qui finissaient par traîner dans mon porte-monnaie. C'est ainsi que ma liste à lire comprend aujourd'hui encore des livres dont on parlait en 1996. Par exemple, quelqu'un d'entre
vous a-t-il entendu parler de "Piège sur le réseau", roman de Philip Finch? Je ne l'ai vu que dans un journal à grand tirage suisse, de couleur orange.
Le système présente cependant quelques inconvénients, qui peuvent également s'avérer un délice. En effet, les ouvrages mentionnés le sont au fur et à mesure de leur découverte par mes soins -
l'un après l'autre, sans ordre alphabétique, ni de genre. Résultat, à la fois agréable et pénible: dès que je me retrouve dans une grande librairie, liste en main, je suis obligé d'aller et venir
dans les rayonnages de littérature générale pour y trouver mon bonheur (il m'arrive de faire des razzias, surtout lorsque je me rends en France, où le livre est 20 à 30% moins cher qu'en Suisse).
Cela, sans oublier les genres: les polars ne se trouvent pas dans la littérature générale, et les essais se déclinent en thèmes multiples: actualité, politique, religion, littérature, etc. Les
souvenirs me guident, naturellement... et le petit carnet, déjà bien défraîchi, garde tout son charme.
Et puis, il y a le traitement après achat: biffer le livre acheté, et marquer un L à côté au moment où il est lu.
D'autres se font des paquets de feuilles listant tous les livres recherchés. Une bonne idée, surtout si tout cela est rédigé sur ordinateur: cela permet d'avoir une liste classée par ordre
alphabétique, voire par genres. Je pense qu'un lecteur qui procède ainsi serait bien inspiré, en effet, de reprendre la classification de sa librairie favorite, afin de repérer immédiatement le
rayon où se trouve le livre de ses rêves... et se souvenir de ce dont il s'agit - pas forcément évident lorsque la liste à lire s'allonge.
Il y a aussi des lecteurs qui optent pour des solutions numériques, soit en publiant leur liste à lire sur un blog ou sous forme de liste de souhaits sur Amazon. Pas une mauvaise idée: le
lecteur est ainsi assuré de recevoir les livres qu'il souhaite, et celui qui offre est assuré de faire plaisir s'il se réfère à la liste. Il y en a, enfin, qui mettent leur agenda
électronique à contribution. Il paraît que c'est un truc formidable; peut-être même existe-t-il des logiciels d'aide à la gestion des listes particulièrement longues (avec, par exemple, une
fonction de classement en fonction de vos librairies favorites, qui sait?). Mais je n'ai jamais pu m'y faire: j'en avais gagné un lors d'un concours d'orthographe, mais je dois avouer qu'il m'a
peu servi. Et je suis toujours resté fidèle à mon carnet bleu...
Et vous, papier ou électronique? Ou autre système encore?
Photo: Flickr/Aurélien D