Vous avez dit "Chianti"? Ce machin standardisé qu'on vous sert avec votre pizza dans des
établissements bon marché? Certains diront peut-être que je suis tombé un peu bas dans mes goûts de vins. Et pourtant, je reste un aficionado, un inconditionnel du chianti - à telle enseigne que
je l'associe tout naturellement aux plats traditionnels italiens, en particulier les pâtes et la pizza. On ne se refait pas... même si l'idée d'accompagner sa pizza d'un verre de vin blanc fait
son chemin.
Revenons donc à notre cher chianti. Comme plus d'un d'entre vous sans doute, je l'ai découvert sous sa forme la plus pittoresque: les fiasques, ces bouteilles au ventre rond et
au contenu généreux, tressées d'osier. Joli sur une table, gouleyant en bouche, tout ce qu'on veut, avec un soupçon de popularité: c'est bien souvent l'image qu'on a du vin italien, sympa, sans
prétention - un vin de table parfait, qui garantira la qualité du relationnel entre convives à défaut d'assurer le niveau élevé d'une dégustation entre gastronomes.
Mais depuis quelques décennies, l'appellation chianti, dont le nom renvoie étymologiquement à la musique sous des formes diverses
(trompette ou chant du coq, entre autres), va plus loin. Et c'est là qu'on se disperse un peu. L'appellation se restreint à la Toscane, mais regroupe plusieurs terroirs. Jusque dans les
années 1960 (l'AOC, nommée "DOC" en Italie, date de 1967), on trouvait de tout sous cette désignation, et même des vins blancs. Il est à noter qu'une première tentative de délimiter l'aire de
production du chianti, afin de limiter les piètres contrefaçons, a été lancée par Cosimo III, grand-duc de Toscane, en 1716 déjà.
C'est en 1924 que les Italiens créent le label "Gallo Nero" (coq noir, symbole
du "Consorzio del Marchio Storico-Chianti Classico") afin de mettre un peu d'ordre dans la région de production du chianti, et plus particulièrement du "chianti classico". Assortie de la
nouvelle DOCG de 1984 (les dissidents ayant permis la naissance d'autres vins toscans surnommés les "Supertoscans") revue en 1996, elle a permis une forte amélioration de la
qualité des vins. En particulier, la réglementation de 1996 a permis de faire du "Chianti classico" une appellation à part entière, indépendante du chianti usuel, qui exige entre autres que le
cépage sangiovese entre pour 80% dans la production du breuvage. Dans les faits, celui-ci entre pour 80 à 100% dans la production du chianti classico, ce qui en fait le cépage typique de ce
vin.
Expérience faite, c'est effectivement le "chianti classico" qui a le plus de personnalité et de charme. On distinguera entre les "chianti classico" standard, qui doivent avoir au moins
12% d'alcool, et les "chianti classico riserva", qui doivent arriver à 12,5% au moins, et avoir vieilli au moins 24 mois, dont trois en bouteilles.
Mon conseil, alors? Suivez le coq noir... et pensez à Carpineto, ou à d'autres producteurs du genre. Ils vous offriront le supplément d'âme qui distingue un simple vin de
pizzeria et la bonne bouteille que vous partagerez sans honte avec vos amis.
Pour en savoir plus: http://chianti.vinsditalie.com/
Carte: Wikipedia.
Photo: Flickr/gone bunburying/Daniel