L'un des marronniers du monde des blogs consiste à opposer la presse écrite, qu'on soupçonne à la fois d'être complaisante et corsetée de règles strictes, et la blogosphère,
qu'on pare d'une grande vertu de liberté de ton. Plutôt que de chercher à démontrer que les blogueurs peuvent aussi être la clientèle captive des services de presse, j'ai envie d'attaquer le
problème par l'autre bord en démontrant que la presse papier quotidienne peut aussi faire preuve de liberté. Pour joindre un exemple à ce postulat, je vous livre ci-dessous un article que j'avais
écrit pour le journal fribourgeois "La Liberté" au sujet d'un ouvrage de Jacques Guyonnet. Ce papier a paru le samedi 17 février 2001. Cela fait donc un bail... et permettra aux intéressés
d'ajouter un vieux truc difficile à trouver à leurs listes à lire.
C'est parti!
Un cocktail pour retrouver le Big Bang
Roman - Recette pour On a volé le Big Bang, "roman policier théologique et faiblement sexuel" de Jacques Guyonnet: prendre une trame narrative totalement jetée, parfois
aussi claire que Le Festin nu de William Burroughs, sur fond d'Etats-Unis et d'actualité. Y introduire l'Estripador, également connu sous les noms de Jacques ou Le Coq, afin de
résoudre l'énigme posée dans la trame par le vol du Big Bang, qui rend tout effet orphelin de sa cause première. L'Estripador doit être naïf, conscient de son statut de héros de roman et
passionné de cocktails qu'il n'arrive jamais à boire. Lui adjoindre quelques femmes qui font naître des fantasmes raffinés: Oriane Park, Josefina et quelques autres. Laisser interagir jusqu'à
obtention, après divers stades d'un érotisme sophistiqué, d'un mélange amoureux stable. Saupoudrer d'éléments théologiques: apparitions papales ou même divines. Incorporer à la masse des
personnages tels que Bill Clinton, Philippe Sollers, Wolinski. Le mélange doit être présenté dans un verre approprié: le style littéraire d'un bateleur de mots à la San-Antonio, teinté d'espagnol
et d'anglais. Vous obtiendrez un roman généreux à plusieurs voix, nappé d'une solide couche d'humour. Attention: le cocktail peut être épuisant à force d'être délirant. Il fait suite à Idéale
maîtresse, autre mixture du même auteur.
Jacques Guyonnet, On a volé le big bang, La Margelle et Melchior, 279 pages.
Site de l'auteur: http://www.margelle.org
La Liberté: http://www.laliberte.ch
Nota je viens de terminer les corrections de l'article - la honte sur moi,
piètre copiste décidément!