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1 novembre 2008 6 01 /11 /novembre /2008 20:39

Des nouvelles, vraiment? Signé du nom mystérieux de "Ron l'Infirmier", "La Chambre d'Albert Camus" paraît être, plutôt, un recueil de chroniques qui sentent le vécu et le quotidien d'un jeune homme actif dans le domaine de la santé. Des chroniques recueillies tout au long d'une carrière, qui ont fait l'objet d'un blog avant d'être réunies dans un fort bel ouvrage paru en 2006 aux éditions Privé/Roman.

Avant toute chose, on peut se demander ce qui distingue un tel témoignage d'un autre, ce qui le rend unique. Les éditeurs font en effet souvent la fine bouche face aux "tranches de vie" que les auteurs leur envoient, surtout s'il s'agit de gens ordinaires - et quoi de plus ordinaire qu'un infirmier? Il ne fait aucun doute que "Ron l'Infirmier" a trouvé la recette. Et le lecteur, avec lui, veut bien y croire. Pourquoi? "Ron l'Infirmier" narre ici ce que son métier lui a donné à voir de plus abracadabrant, de plus incroyable, dans l'horreur ordinaire et dans le bonheur sublime. Et le lecteur sait bien, au fond de lui, que la vie a plus d'imagination que tous les écrivains réunis. Car tout cela sent le réel, malgré l'avertissement canonique en début de volume ("Toute ressemblance avec...").

Un premier ingrédient frappant de ce recueil de choses vues est l'humour qui le traverse. Un humour à comprendre au sens de la volonté de rire "malgré tout". D'une part, certes, il y a des situations rocambolesques, par exemple dans le texte "En soirée", qui feront sourire le lecteur. Mais il y a aussi cet esprit particulier, cet humour qui devient une arme face à un métier difficile où, plus souvent qu'à son tour, on croise la détresse humaine, la mort, la maladie grave. Et dans ce recueil, on parle davantage d'Alzheimer et de cancers que de jambes cassées.

Le ton de ces choses vues se distingue par sa franchise, par le caractère direct qui peut être la marque de fabrique d'un blogueur. Un caractère direct qui peut prendre la forme d'une extrême rapidité, comme dans "Rencontre du troisième type".

A travers les textes, c'est finalement le portrait de toute une société, avec ses petites grandeurs et ses faiblesses innombrables, que "Ron l'Infirmier" dépeint. Homme postulant pour un métier traditionnellement féminin ("Entretien d'embauche"), le narrateur est par exemple victime de sexisme à l'envers, de la part d'un DRH aux idées particulièrement arrêtées. Et on ne compte plus les cas de petites et grandes violences ordinaires faites aux pensionnaires de foyers pour personnages âgées, dont l'auteur témoigne.

Mais celui-ci sait aussi faire preuve de tendresse, envers Lucie (une fillette leucémique), François (un jeune homme atteint du sida), etc. L'emploi de "Ron l'Infirmier" exige, rappelle régulièrement l'auteur, de ne pas s'impliquer. Vraiment? On sent au contraire un auteur plein d'empathie, de colère, d'amitié, etc. (mais de ressenti, toujours!) pour les patients qu'il traite.

Le site de l'auteur:
http://ron.infirmier.free.fr/
Ron l'Infirmier, La Chambre d'Albert Camus, Paris, Privé, 2006.


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commentaires

S
<br /> j'ai franchement bien aimé ce "blook" même si je sais que je ne lirai pas les autres. je suis admirative de l'aventure, la démarche, l'énergie qu'il a du falloir déployer pour exercer ce métier si<br /> difficile en écrivant son blog avec assiduité et talent, il faut bien le dire...<br /> <br /> <br />
D
<br /> Après avoir hésité, je n'ai pas acheté le tome 2 des tribulations de Ron l'Infirmer. Une autre fois peut-être, ou sous forme de livre de poche? Effectivement, il faut de l'énergie pour exercer<br /> toutes ces activités de front... et avec quel brio!<br /> <br /> <br />
C
Ce recueil figure dans la sélection de mon challenge de lectures de février (ainsi qu'un lien vers cette critique)
D
<br /> Merci pour le lien! Vous ne serez pas déçue par le recueil, c'est du tout bon dans le genre du témoignage.<br /> <br /> <br />
D
merci et bonne route littéraire
D
<br /> Je vous en prie! Bonne route à vous.<br /> <br /> <br />
L
Je n'ai pas pu résister ! Ce matin, en route pour quelques courses, je suis passée devant une librairie... j'ai acheté Ron l'infirmier, et puis comme c'était en poche, et que les poches, chacun le sait, ne sont pas chers et tiennent bien dans mon sac de dame sans être trop lourds, j'ai aussi pris quelques autres titres... oh, pas beaucoup, juste 6 livres en tout, qui me criaient "lis moi !" et que je n'ai pas pu laisser choir, tout de même, je ne suis pas un coeur de pierre ! Mais chut... je les ai cachés, tout au fond de ma biblio-PAL ! Et je n'ose même pas dire que c'est de votre faute, cher Daniel, qui écrivez tellement bien que j'ai envie de lire les trois quart des livres que vous partagez avec nous !!!
D
<br /> Ouille... me voilà consacré tentateur suprême! Cela va m'encourager à continuer à commenter mes lectures. "Ron l'Infirmier" existe donc en poche? Bonne nouvelle! De mon côté, ma pile de lectures me<br /> paraît infinie, ce qui est à la fois rassurant et inquiétant.<br /> Continuez donc à lire... et à nous gratifier également de vos papiers - qui se nourriront, à n'en pas douter, des six ouvrages discrètement acquis.<br /> <br /> <br />
D
MERCI<br /> J'ai mis un lien avec votre blog sur bonheur de lire<br /> denis
D
<br /> Merci beaucoup! Je m'en vais faire de même incessamment.<br /> <br /> <br />

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