"Pretties", vous connaissez? C'est le genre de roman dont on dira un jour "Je vous parle d'un livre que les moins de vingt ans ne
peuvent pas connaître"... Roman jeunesse donc, mais qui m'a finalement laissé perplexe.
Replaçons le contexte. "Pretties" est donc un roman d'anticipation signé Scott Westerfeld, romancier américain spécialisé dans la science-fiction et les romans destinés à la jeunesse. Là, on a un
mélange des deux: Tally, le personnage principal, se retrouve embarquée dans des aventures auxquelles elle n'est pas préparée du fait de son statut de Pretty, une caste dont le but principal est
de faire la fête et de récupérer de la gueule de bois de la veille.
Quelle analyse tirer d'un tel ouvrage, de 385 pages qui plus est, traduit très correctement mais sans éclat de l'anglais méricain? Quel ressenti partager? J'ai été surpris par toute la première
partie, qui m'a fichu un drôle de malaise. L'ouvrage, je l'ai dit, s'adresse à la jeunesse. Or, que voit-on? Une équipe de post-adolescents âgés de seize à dix-huit ans en train de faire la foire
et de boire des verres. Bel exemple! Bon, comme l'ouvrage est américain, on ne picole pas avant seize ans - quel bel exemple de politiquement correct. Jeunesse et révolte oui, mais on reste dans
le politiquement correct... Un lectorat plus jeune que le public cible risque d'être très troublé, et un lectorat plus âgé de ne plus trouver cela de son âge.
Bon, poursuivons. Plus loin, Tally se retrouve dépositaire d'un secret qui lui permettra de sortir de son statut de Pretty, c'est-à-dire de "sois belle et tais-toi". A quel prix? C'est là, après
la page cent, que commence réellement le côté aventureux du récit. Un peu tard, quand on sait qu'il vaut mieux être génial dès le départ pour ne pas lâcher son lecteur dans les premières pages.
L'auteur se lance alors dans la description d'un univers technologique et totalitaire. Technologique parce qu'on est envahi de plances magnétiques qui font penser à de super planches de surf;
totalitaire parce qu'on est en présence d'un Etat mal cerné mais dont les agents sont partout et contrôlent tout. Un classique en matière de science-fiction, me direz-vous; vous avez raison, vous
répondrai-je.
L'auteur aborde également la visite du sauvage, qui vit dans une réserve surveillée par des anthropologues. L'occasion pour Tally de mesurer la distance qui sépare sa civilisation technologique
de celle d'humains présentés comme très, très nature... au point qu'ils ne sentent pas bon. Cela permet à l'auteur de placer un couplet sur les civilisations manipulées à leur insu par d'autres
civilisations. Est-ce notre cas? La question est posée; reste à se demander si c'est la première fois. L'auteur ose même toucher à la transcendance, au divin.
Bref, je ne suis pas rentré dans cet ouvrage, quand bien même je l'ai lu jusqu'au bout, pour les raisons évoquées ci-dessus. Il y en a une autre encore, dont l'auteur n'est pas vraiment
responsable: j'ai choisi de commencer ma découverte de son petit monde par le tome 2 de sa tétralogie. Résultat: sans doute me manquait-il plusieurs éléments et données me permettant de mieux
comprendre les enjeux de l'affaire. Hum-hum...
Scott Westerfeld, Pretties, Paris, Pocket Jeunesse, 2007.