... loin de moi l'idée de donner une réponse définitive. Je viens en effet de terminer la lecture du livre "L'Evasion de C. B.", conte de politique-fiction autour de l'éviction
de Christoph Blocher du Conseil fédéral, le 12décembre 2007, que j'avais évoqué dans un précédent papier. Un petit livre qui en vaut la peine
parce qu'il est vite lu, d'abord, parce que son style est alerte, ensuite, et enfin parce que manifestement, c'est un observateur privilégié et fin qui l'a pondu. Pour une fois, le prière
d'insérer ne ment pas, n'enjolive pas... Si vous aimez les théories de complot et la réalité qu'on approche par un autre bout, ce livre est pour vous.
Mais après ma lecture, je reste tout aussi perplexe. Tout au plus ai-je envie d'écarter Oskar Freysinger des auteurs possibles de ce livre. Certes, il pourrait être assez irrévérencieux pour
s'atteler à un tel projet, où personne ne sort grandi. Mais outre ses occupations, force m'a été que ce n'est pas son style - celui qu'il adopte dans ses propres contes, en allemand ou en
français. Exit donc le chanteur libre.
Jacques Neirynck? Hum-hum. Certes, certaines pages rappellent les descriptions des institutions suprêmes de Suisse, et de mettre en lumière leur discrétion qui abrite de nombreux secrets de
famille. Mais je n'ai pas ressenti, en lisant "L'attaque du Palais Fédéral" ou "Et Malville explosa", le côté vitriolé de "L'Evasion de C. B.". Si c'était lui, il se serait lâché... or, dans le
livre de Janus, les démocrates-chrétiens (ou "social-crucifériens") ne se lâchent pas. Ce sont des politiciens suisses typiques, avec leurs tabous et leurs limites.
D'autres? On a prononcé le nom d'Alain Berset comme auteur possible, mais j'émets des doutes: cela ferait pas mal de cordes à son arc. Ou Carla del Ponte? Il faudrait qu'elle écrive en français,
avant tout... sans oublier qu'elle est déjà fort occupée par son propre témoignage de procureur à La Haye - écrit en italien. A moins que ce ne soit un des auteurs maison des éditions Xenia? Mais
ce serait un politologue doublé d'un homme de terrain - un journaliste parlementaire, peut-être, ou un député.
Une chose est certaine: l'homme ou la femme qui a écrit ce livre prend le train, le matin entre sept et huit heures, entre Lausanne et Berne. Un chapitre est à ce titre révélateur, le tout
dernier, où il décrit l'ambiance qui règne dans le train ce 13 décembre 2007 au matin: des gens qui sourient sans trop savoir pourquoi, des gens qui écoutent la radio, comme pendus aux lèvres
d'Eveline Widmer-Schlumpf qui s'apprête à dire si elle va accepter de succéder à Christoph Blocher, à la suite de son élection de la veille. Et la bonne humeur dans les yeux de ceux qui, avant
les autres, ont su.
Il faudrait que C. B. se fasse plus souvent sortir du Conseil fédéral...