... on revient par la fenêtre. C'est un peu l'impression que j'ai quand je me rappelle les vicissitudes de la "réforme" orthographique
lancée en 1990 par l'Académie française, Maurice Druon en tête. Qu'en dit actuellement l'institution du Quai de Conti? Avant tout qu'elle ne contient aucune disposition de caractère obligatoire;
il s'agit donc plutôt de "recommandations". "Elle estime qu’il y a avantage à ce que lesdites recommandations ne soient
pas mises en application par voie impérative et notamment par circulaire ministérielle", ajoute le site Internet de l'Académie française (déclaration du 17 janvier 1991).
Suite des événements en 1992: "[...] nous n’avons inscrit à titre
définitif que les modifications qui visaient principalement à harmoniser l’accentuation de certains mots, tels allègement, allègrement, etc., avec leur prononciation habituelle.
Procédant aux rectifications de cet ordre nous avons indiqué, chaque fois que l’usage nous paraissait hésitant, l’existence ou la possibilité de deux graphies (évènement ou
événement).", déclare Maurice Druon dans un "avertissement".
Certaines graphies ont donc été intégrées au Dictionnaire de l'Académie française; les autres restent soumises à l'épreuve du temps, pour reprendre une expression chère aux Immortels,
peu enclins à intégrer n'importe quel effet de mode à leur travail. On admet volontiers "chausse-trappe" ou "évènement", mais l'usage n'a pas encore renoncé à l'utilisation du circonflexe ou
au changement de statut du tréma ("aigüe" plutôt que "aiguë").
Certaines graphies sont également reprises par les dictionnaires usuels à côté des orthographes qui nous sont familières, en particulier par le Robert, qui admet par exemple
"platebande" à côté de "plate-bande".
Alors, réforme? Si l'on oublie ce mot de "réforme" et son côté impératif, la chose devient franchement acceptable, et dans un tel esprit, nous intégrerons certains de ses éléments. Reste qu'il
convient de ne pas être plus royaliste que le roi en tolérant "nénufar", par exemple, ou en reprenant les éléments les plus exotiques du document (qui écrit "vingt-et-un" pour 21, aujourd'hui?
Cela est encore perçu comme fautif).
Sortie par la porte, rentrée par la fenêtre, donc? En tant que telles, les recommandations de 1990 ne sont pas admises en bloc dans les championnats d'orthographe. Seules comptent comme correctes
les recommandations reprises par les dictionnaires usuels (en général Robert et Larousse). Je vous conseille de faire de même... cela choquera moins vos lecteurs.