Pas sûr
qu'en ce beau dimanche, je vais me faire plein d'amis en France. Mais je veux aborder une affaire intéressante qui soulève les petits inconvénients de l'homonymie et de la
toponymie.
On sait en effet que dans notre tout petit monde, deux lieux, l'un en Suisse et l'autre en France, partagent deux points communs: leur nom et la production de vins.
A ma gauche, Champagne, région viticole française au renom incontesté. A ma droite, Champagne, petit village vaudois, proche de Bonvillars et de Grandson. Un premier round avait déjà eu
lieu, les Champenois de France ayant exigé la suppression de l'appellation "Champagne" pour les vins vaudois en 2004, dans le cadre de la négociation des accords bilatéraux. Demande acceptée:
depuis, Champagne (Vaud) vend son vin sous l’appellation "Libre Champ". Les ventes s’en sont ressenties, et pas de manière positive: les ventes sont tombées de 110000 bouteilles
(2000) à 32000 (2007).
A présent, un autre producteur est inquiété: celui qui fabrique les "flûtes de Champagne", petits biscuits salés qui accompagnent idéalement un apéritif; sur les paquets, il y a la mention "Recette de Champagne". Rien à voir, donc, avec le produit viticole… mais un tribunal parisien de grande instance a récemment donné raison à l’appellation Champagne (de France) contre le boulanger Cornu, producteur, obligé, du coup, à boucler son site Internet. Le Vaudois va faire recours.
Jusqu’où doit aller la protection d’une dénomination ? Et celle du nom d’une localité, qui plus est? Que l’on puisse confondre les deux vins, passe encore – même si franchement, entre un mousseux et un petit blanc sec, la différence frappera même le moins averti des consommateurs de vin. Mais attaquer ensuite, par voie de justice, un boulanger qui produit des biscuits portant le nom de son village, n’est-ce pas aller trop loin? Sans compter les producteurs russes et est-européens de vins mousseux, qui n’ont aucune gêne à utiliser, pour les désigner, le terme de "shampanskoïe", qui ne signifie rien d’autre que… "Champagne".
Pour conclure, je pourrais avoir envie, un de ces jours, de vous parler des appellations et noms d’objets faisant appel à un nom de lieu… alors qu’il n’y a rien à voir. Par exemple, savez-vous d’où vient le Café de Paris?
Flûtes de champagne, le site.
Source de la photo: Cave de Bonvillars. On peut commander sur le site...