... je poursuis ma lecture de Robert Merle, toujours avec plaisir. Et là, je suis justement arrivé au coeur du métier: la mise au point du système
d'extermination de masse, présentée, finalement, comme un problème de management comme un autre. Pas drôle - mais peut-être un poil plus convenu que le reste, sans doute parce que l'univers des
nazis m'a déjà pas mal donné à lire, chez Jonathan Littell mais pas seulement; donc, une impression de déjà-vu. On ne trouve plus, à partir de là, les ambiances familiales pesantes du début,
génialement peintes.
Un autre aspect délicat me paraît être la béquille que s'offre l'auteur en mettant en scène un personnage pour ainsi dire dépourvu de coeur - ce qui lui évite en partie de faire un travail de
fouille psychologique. Quelque part, et malgré les qualités et défauts dont il était affublé en quantités presque improbables, Maximilien Aue m'a paru plus proche, plus personnel, plus
"identifiable" - une manière plus efficace de toucher l'horreur du doigt. Aussi, Littell s'est donné des moyens autrement plus étendus, d'un point de vue quantitatif.
Mais je vais poursuivre! Cet ouvrage est plein de qualités - la page où Rudolf Lang voit pour la première fois la "sélection" des prisonniers à l'entrée, avec le moment de la séparation de la
fille et de la mère (qui finalement ne se fait pas) est redoutable. Procédé sans doute simple, mais efficace.