Lu par Elijange, La Puce 801, Montse, Totalybrune.
On prend les mêmes et on recommence: pour "Killer nostrum", son deuxième roman, l'écrivaine Jennifer Holparan convoque à nouveau Darcy, la policière punk, et Tim, le prêtre qui roule en Lamborghini, pour une nouvelle affaire policière du côté de Boston.
L'écriture est intelligente, complexe même pour un polar: le lecteur va se retrouver confronté très vite à une belle bande de policiers aux caractères bien dessinés, et aussi à une série de flash-back. C'est qu'il sera question ici, entre autres, de la jeunesse chargée de Darcy. Et de Tim, par incidence. Un petit effort sera donc nécessaire pour entrer dans "Killer nostrum".
Cela dit, on retrouve dans "Killer nostrum" ce qui a fait l'excellence de "Cadaver sancti": des personnages bien dessinés et lâchés dans des situations improbables, des titres de chapitre accrocheurs, des dialogues qui claquent, un rythme trépidant et un humour un brin ravageur. Cela, autour d'une église catholique aux multiples tourments.
Sur ce coup-ci, le point de départ paraît convenu, pour ne pas dire cliché: il sera question d'un prêtre pédophile. Mais c'est mal connaître l'auteur que de se dire qu'elle va bêtement lâcher les chiens sur ce personnage: Jennifer Holparan développe une intrigue captivante où celui qu'on croit coupable n'est pas vraiment coupable, et s'il l'est, ce n'est pas de ce que l'on croit... Vous me suivez, là? Retenons donc que "Killer nostrum" fait tomber les masques les uns après les autres.
Autre force de "Killer nostrum": ce deuxième roman explore le passé chargé de Darcy. Et la romancière confronte directement ce personnage à lui-même, ce qui lui permet de le pousser dans ses derniers retranchements. Du point de vue du réalisme, on pourrait se demander si Darcy n'aurait pas pu se récuser sur cette enquête, qui la porte à rechercher la vérité sur son propre père. D'un autre côté, c'est pour cela qu'elle est dans la police... et il lui est impossible de reculer face à une telle mission. En face, Tim a aussi un peu de mal à s'intégrer à sa nouvelle paroisse.
Obligeant le diable et le bon Dieu à collaborer, "Killer nostrum" ne manque pas de situations rocambolesques, et c'est ce qui fait le charme de ce livre. En particulier, le lecteur adorera la description de la prise d'otages, moment fort de ce polar: des enfants rassemblés dans un bus scolaire sont séquestrés par le chauffeur. Comment la police va-t-elle s'en sortir? Je vous laisse voir...
Tout démarre dans un cimetière, avec une bande de pré-retraités bizarres et pas innocents, découvrant de drôles de choses derrière une tombe. A partir de ce point de départ, la romancière réussit à développer une intrigue prenante, le plus souvent bien rythmée, agrémentée d'un soupçon d'humour et d'un sens certain de la formule et de l'intrigue.
Jennifer Holparan, Killer nostrum, Paris, Nouvelles plumes, 2015.
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