Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
8 novembre 2016 2 08 /11 /novembre /2016 21:55

Fioretti Caravage

Lu par Biblio, Goliath, Jasmine.

Le site de l'éditeur, HC Editions.

 

Après "Le livre secret de Dante", l'écrivain et professeur italien Francesco Fioretti continue d'explorer ce qu'il y a derrière les grandes personnalités du monde culturel italien. C'est cette fois avec Le Caravage, peintre génial et maître du clair-obscur, qu'il invite son lectorat à embarquer, avec un roman historique érudit intitulé "Dans le miroir du Caravage". Pour le coup, tout se passe au début du XVIIe siècle à Rome.

 

La Rome des temps anciens est recréée avec panache, avec ses rues dangereuses où l'on n'est jamais à l'abri d'une mauvaise rencontre: factions rivales, milices privées, ennemis personnels, brigands. C'est aussi la Rome des papes, centre d'une religion catholique qui a certes sauvé les apparences après la Réforme, mais dont les personnalités continuent de s'adonner au vice tout en le condamnant chez les autres. C'est enfin un monde pressuré par une fiscalité prohibitive qui sert surtout à financer les puissants et à combler le gouffre sans fond d'un Etat dysfonctionnel. Tout cela, l'auteur l'établit avec force détails.

 

Du Caravage, l'écrivain retrace essentiellement les années de vie qui courent entre 1605 et 1610, date présumée de sa disparition. Le peintre est vu comme un génie, toujours en butte à des commanditaires soucieux de règles et de traditions devenues illisibles en raison de son souci du réalisme: les personnages peints sont à la ressemblance de leurs modèles, qui constituent un petit monde bariolé et vigoureux de prostituées et de poivrots. On les aime, on se bagarre avec, on boit des coups... et l'irréparable peut arriver, par exemple avec le décès d'Anna. L'auteur n'hésite pas à se montrer pittoresque s'il le faut pour décrire ces personnages; mais c'est aussi un roman à suspens qu'il installe autour d'eux: après tout, qui a tué Anna?

 

En donnant la parole au Caravage, l'auteur permet au lecteur d'entrer dans son intimité, de comprendre son action: l'artiste se confesse pour ainsi dire. Ces confessions sont aussi des guides de lecture des nombreuses oeuvres d'art, le plus souvent religieuses, citées au fil des pages. L'auteur a ici le chic pour attirer l'attention du lecteur sur tel ou tel élément, susceptible d'éclairer l'observation. Et l'éditeur a eu la sagesse de reproduire ces oeuvres, donnant à la lecture un tour concret.

 

Enfin, l'auteur choisit de donner une nouvelle fin de vie au Caravage, disparu dans des circonstances qui paraissent obscures si l'on s'en tient à la version officielle. C'est l'objet du dernier chapitre, où l'on se retrouve face à un autre grand artiste, espagnol celui-ci, nommé Diego Velasquez: ainsi s'effectue un passage de témoin, l'écrivain soulignant quelques parentés entre les deux créateurs et suggérant une filiation.

 

Si "Dans le miroir du Caravage" s'appuie sur un solide bagage historique, il demeure parfaitement accessible à tous, même à ceux qui ne connaissent guère l'oeuvre du Caravage. Au contraire, c'est là l'occasion d'une découverte fascinante, dans le cadre d'un beau roman qui captive.

 

Francesco Fioretti, Dans le miroir du Caravage, Paris, HC Editions, 2016, traduction de l'italien par Chantal Moiroud.

Partager cet article
Repost0

commentaires

D
Je suis ravie que votre lecture vous ait plu ! Je lirai peut-être cet ouvrage par curiosité ;)

Présentation

  • : Le blog de Daniel Fattore
  • : Notes de lectures, notes de musique, notes sur l'air du temps qui passe. Bienvenue.
  • Contact

Les lectures maison

Pour commander mon recueil de nouvelles "Le Noeud de l'intrigue", cliquer sur la couverture ci-dessous:

partage photo gratuit

Pour commander mon mémoire de mastère en administration publique "Minorités linguistiques, où êtes-vous?", cliquer ici.

 

Recherche

 

 

"Parler avec exigence, c'est offrir à l'autre le meilleur de ce que peut un esprit."
Marc BONNANT.

 

 

"Nous devons être des indignés linguistiques!"
Abdou DIOUF.