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20 septembre 2016 2 20 /09 /septembre /2016 21:17

Cohen AnaLu par Comme dans un livre.

 

Dix nouvelles, dix univers et cependant une indéniable unité de ton: c'est ce que propose "Ana-Chroiniques de la nuit et du jour", recueil de nouvelles de l'écrivaine Françoise Cohen. La figure d'Ana, au prénom passe-partout, en constitue le fil rouge.

 

Ana? On n'est pas face à une personnalité forte, au contraire. A la manière d'un Balzac, l'auteure a le chic pour lui donner une place plus ou moins marquée dans ses nouvelles. Il lui arrive de jouer le premier rôle et même de se mettre à nu, par exemple dans "Ana et la statue", nouvelle qui ouvre le recueil. Et il lui arrive aussi de se montrer de manière fugace, pour ainsi dire plaquée dans une nouvelle dont l'essentiel du propos est ailleurs. Une constante, peut-être, ou un élément mémorable quand même: ses yeux.

 

Alors que l'auteure invite son lecteur à suivre Ana, elle le désarçonne en donnant un âge flou à son personnage. Plus: Ana agit dans le passé, dans le présent et même dans l'avenir ("2040", aux accents de science-fiction). Jeune, âgée, Ana a l'âge qu'on veut bien lui donner. Et on la situe où on le veut bien, entre Buenos Aires, Paris, Brooklyn ou ailleurs.

 

Le mystère de l'âge fait écho à des moments où la romancière flirte avec le fantastique à l'ancienne - par exemple dans "Le septième bouton du grenadier", où l'on s'oublie comme dans celle qu'on voit au début de "La peau de chagrin" d'Honoré de Balzac. La présence d'Ana y est allusive; le lecteur goûtera ici les boutiquières ironiques et allusives, ainsi que l'homme qui perd son temps - et combien! - en échange d'un vulgaire bouton d'uniforme. Il y a du fantastique également dans la nouvelle "Ultime feuille de glycine", remarquablement menée, qui montre la place prépondérante de l'art face au réel et aux superstitions.

 

Le temps éclate donc dans "Ana-Chroniques de la nuit et du jour", pour le plus grand bonheur d'un lecteur qui se promène, doucement, au fil de brèves nouvelles finement menées, étranges parfois, entre les heures tragiques de l'histoire argentine et des instants fastes parisiens. Cela, sur une musique où se côtoient, et c'est épatant, Giuseppe Verdi et Jacques Brel ("De n'avoir pu te rencontrer").

 

Françoise Cohen, Ana-Chroniques de la nuit et du jour, Paris, L'Harmattan, 2016.

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