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18 mars 2016 5 18 /03 /mars /2016 22:05

Biava MerLe tsunami qui a frappé les rivages de l'Asie du Sud-Est durant les fêtes de fin d'année 2004 ont marqué les esprits, suscitant dans le monde entier une émotion profonde. On s'en souvient. L'écrivaine Laurence Biava, quant à elle, a décidé de tenir durant un mois un cahier de bord à ce sujet. Il vient de paraître aux éditions Ovadia, sous le titre "Mal de mer", un livre qui se présente comme un devoir de mémoire.

 

Formellement, "Mal de mer", un livre court, assume un côté brut de décoffrage, fort d'être intact, allant jusqu'à assumer ses coquilles. Des illustrations, éventuellement en couleurs, et des documents viennent enrichir le texte, donnent à ce journal d'un mois l'allure d'un patchwork où tout ce qui peut rappeler un tsunami a sa place: affiches de théâtre pour "La Tempête" de Shakespeare, collages, citations de poèmes ou de chansons.

 

Le texte de Laurence Biava a quant à lui la force de ces écrits rédigés par une sensibilité à fleur de peau, marquée par une peine immense. Formellement, cette sensibilité se traduit par l'utilisation régulière d'adjectifs forts. Et côté fond, la narratrice donne à voir que l'événement, par son caractère inouï, envahit tous les recoins de sa vie, allant jusqu'à la chambouler, jusqu'à résonner avec ses propres répulsions. Comme l'eau non maîtrisée s'enfile partout.

 

Il sera donc question des enfants de l'auteure, auxquels il paraît impossible à l'auteure de parler d'un tel événement, et qu'elle cherche à protéger à tout prix - alors que d'un autre côté, ses enfants parlent de cette tragédie à l'école. "Mal de mère"? Le jeu de mots est là. L'auteure évoque aussi la question des dons, rejette toute culpabilisation en la matière et applaudit la solidarité lorsqu'elle s'installe dans le monde - et va jusqu'à fustiger la position de certaines personnalités médiatiques face à cette question.

 

Certes, la narratrice se défend d'avoir l'oeil sur le compteur des morts. Mais elle cite régulièrement le nombre de victimes, qui croît sans cesse. Ainsi s'installe une forme de crescendo glaçante du tragique. Rappelant à plus d'une reprise les vidéos amateurs de l'événement, elle installe encore une autre rythmique de l'horreur, celle des médias: c'est celle que l'humain occidental a perçue à travers la lucarne de la télévision.

 

"Mal de mer" constitue un témoignage personnel, celui d'une écrivaine sensible qui confie au papier la moindre de ses vibrations face à un événement d'une terrible importance. Incompréhension, révolte, volonté de faire quelque chose et sentiment d'impuissance, tout est là. Jusqu'au désir d'être en communion avec les lieux touchés par le tsunami: chaque page de journal commence par l'indication de l'heure de Paris et de celle d'un de ces lieux: Sri Lanka, Indonésie, Birmanie, etc. Fruit d'un ressenti personnel, "Mal de mer" saura entrer en résonance avec ce qu'ont perçu tous ceux qui ont suivi de près l'événement, par le biais des médias, et ainsi émouvoir le lectorat.

 

Laurence Biava, Mal de mer, Nice, Ovadia/J'ai envie de vous dire, 2015.

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