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17 février 2016 3 17 /02 /février /2016 22:11

Apperry TerreLu par BibBlog, Eontos, Wrath.

 

Yann Apperry? J'avais lu son "Diabolus in Musica" à sa sortie, il y a une grosse dizaine d'années, alléché par le titre. Une lecture soldée par une impression mitigée. Dès lors, pourquoi ne pas redonner une chance à l'écrivain? C'est ce que j'ai fait en parcourant ces derniers jours "Terre sans maître". Retour gagnant à l'auteur: Yann Apperry a une écriture exigeante et travaillée, il faut du temps pour y entrer, on s'y perd parfois, mais tout cela a quelque chose de beau et d'envoûtant.

 

Il est permis de voir dans "Terre sans maître" un roman initiatique. Son début en recèle du reste tous les éléments: un mur mystérieux qu'un certain Ilya Moss cherche à franchir malgré la dissuasion des personnages qu'il rencontre à une étape: séduction ou paroles, rien n'y fera. Et Ilya avance seul sur la route, comme tout être humain, foncièrement, sur le parcours qui est le sien. Une première étape, chez un berger marionnettiste bienveillant, rappelle le théâtre d'ombres de la "Caverne" de Platon. Un théâtre qu'il faut quitter, afin d'empoigner enfin le réel à pleines mains.

 

De ce côté, Ilya Moss va être servi. L'écriture suggère un peu de brume dans sa mémoire et ramène ce personnage auprès d'une femme, Tilda. Tout se passe dès lors comme dans un rêve étrange, théâtral, pétri de splendeur, d'ivresse et d'horreur: si la musique est belle, le régime politique que l'auteur dessine en arrière-plan, qui a tout du nazisme, dégoûte: grades indiqués en allemand, article de presse au ton outrancièrement antisémite. Et Ilya Moss, se reconnaît-il dans cet article sur lequel il retombe fortuitement?

 

Et puis il y a les morts, qui hantent les vivants, l'évocation de la guerre. Et enfin Ilya Moss repart, comme il est venu - riche de son parcours, avec tout ce qu'a pu avoir d'éprouvant, de dur, le retour à une certaine clarté de la mémoire. Ce que suggère une dernière comptine - celle tirée de "L'Enfant pâle", oeuvre musicale qui hante l'esprit d'Ilya Moss, qu'on finit par découvrir chef d'orchestre - et qui a connu un malaise en dirigeant cette musique, reflet de l'ample musique des mots de Yann Apperry.

 

Yann Apperry, Terre sans maître, Paris, Grasset, 2008.

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