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23 février 2016 2 23 /02 /février /2016 21:33

Rosso Pituicyte.Défi Premier roman.

 

Imaginez que vous vous trouvez nez à nez avec une cellule - un de ces éléments souples et bonasses qui constituent le vivant. Imaginez même que vous puissiez l'embrasser. Tout cela, la romancière et chercheuse suisse Lia Rosso le met en scène dans "Le Pituicyte", un premier "roman scientifique" empreint de sensibilité et porteur d'idées larges.

 

Idées larges? En sous-titrant son ouvrage "roman scientifique", l'auteure conditionne son lecteur. En le baladant dans un roman qui recèle des pages incroyables, où le chamanisme a autant droit de cité que l'observation au microscope, la romancière affirme que la science va au-delà de ce qu'une raison étroite et étriquée peut concevoir, et peut même tutoyer la possibilité de Dieu. Et enfin, que le monde du vivant recèle de nombreuses surprises à celui qui veut bien s'y intéresser. "Le Pituicyte" est vecteur d'une certaine sagesse, volontiers empreinte de bon sens mais qu'on oublie parfois d'entendre.

 

Chacun des personnages principaux doit trouver sa voie dans "Le Pituicyte", qu'elle soit amoureuse ou scientifique. L'auteure met en scène deux figures féminines à la fois proches et dissemblables: Carole, la scientifique froide et menteuse prête à tout pour arriver, et Sonja, au regard franc et aux origines mystérieuses. Point commun: toutes deux portent une blessure qui conditionne leur fonctionnement. Certes, on peut regretter que Carole, dans la dernière ligne droite, se montre étrangement peu pugnace dès lors qu'il s'agit de récupérer son ex-amant, Laurent, tombé dans les bras de Sonja. On préfère apprécier le côté convaincant, construit, des racines de ces deux personnages féminins, en particulier celui de Sonja, pour le moins original.

 

Mais un pituicyte, en somme, qu'est-ce? C'est le personnage le plus original du roman éponyme... et il s'agit d'une cellule. L'auteure lui confère une sagesse étonnante, mais sait aussi dessiner ses faiblesses, qui sont celles d'êtres vivants placés, mettons, dans une boîte de Petri ou sous un microscope. Par un tour de passe-passe, Sonja puis Laurent se retrouvent à converser avec ce pituicyte, face à face. Les échanges de liquide sont la norme au niveau cellulaire: ils sont un vecteur de communication. Avec pertinence, l'auteure met cela en perspective avec les larmes: au niveau humain, celles-ci sont un thème constant du roman, voire un enjeu clé pour l'un ou l'autre personnage.

 

"Roman scientifique", enfin, par les mots. Mais qu'on n'ait crainte: la narration est portée par une intrigue amoureuse accessible, et les mots difficiles, pointus, empruntés au monde des sciences sont explicités en fin de livre, dans un lexique idéal pour rafraîchir la mémoire du lectorat. Plus que cette intrigue amoureuse et cellulaire, cependant, l'intérêt majeur du "Pituicyte" réside dans les questions posées au sujet de la science et du rapport de l'humain aux autres êtres vivants, dans un esprit éthique qui interpelle.

 

Lia Rosso, Le Pituicyte, Léchelles, Rosso Editions, 2015.

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