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29 octobre 2015 4 29 /10 /octobre /2015 21:51

Filippini Viola

Un court moment d'un érotisme charmeur, frais et écrit à l'ancienne. C'est ce que propose l'écrivain et philosophe français Serge Filippini avec "Viola d'amor", un petit roman agréable et rafraîchissant où la chair exulte comme autrefois, dans une temporalité suffisamment floue pour paraître ancienne et donner à ce petit livre les airs d'un conte délicatement libertin.

 

Rappelons rapidement l'essentiel de l'intrigue: un musicien est envoyé dans un village pour y agrémenter, par sa musique, les dernières heures de vie du seigneur local. Il constate assez vite qu'il met les pieds dans un étrange pays où l'amour peut être une délicieuse (euh...) prison.

 

 

La forme, en phase avec le fond

L'écriture est en accord avec la présentation d'une histoire vécue au temps jadis. La plume de l'auteur est classique; quelques traits archaïques y affleurent, laissant de manière fugitive au lecteur l'impression de lire un roman libertin du XVIIIe siècle. L'auteur fait par ailleurs quelques choix lexicaux explicites, suggestifs de la vie des sens et créateurs, le plus souvent, d'une fine poésie. 

 

On pourra certes relever que l'utilisation du cervelas comme métaphore phallique est un peu facile. Je retiendra plutôt l'idée que la vie des sens n'est pas que sexuelle, et que la bonne chère fait partie d'un épicurisme bien compris. A peine plus subtilement, le lecteur verra naître sans peine une multitude d'images sensuelles en entendant le nom de "Viole d'amour" ou en visualisant cet instrument de musique.

 

Arts et religion

La trame du récit est portée par un réseau de références religieuses où dominent les récits de la Création tirés de l'Ancien Testamen. Ces références concourent à donner au texte un caractère archaïque et une image doucement iconoclaste, dans une dynamique déjà vue ailleurs qui oppose le puritanisme chrétien et le caractère orgiaque de la vie païenne - matérialisée ici par la "Nócc", nuit annuelle de débauche aux ambiances friponnes - et plus si entente. 

 

L'auteur a le chic pour suggérer le caractère lascif d'une sarabande, et donner au lecteur l'envie de l'entendre - envie qui ne sera jamais assouvie, bien sûr, sauf à aller écouter les vrais compositeurs d'antan plutôt que les personnages de roman. De manière ferme mais sans appuyer, il montre aussi un tableau de nu. 

 

Esthétique de l'érotisme

Au-delà d'un style qui parle aux sens à la moindre occasion, l'auteur n'hésite pas à montrer ce qu'il faut voir, de façon explicite. Le lecteur sera donc parfois voyeur, sans vulgarité cependant. Il finira confronté à une vision fort traditionnelle de l'amour et du sexe, hétérosexuelle et empreinte d'une fidélité qui a tout d'une capitulation de la part de l'homme. La prison amoureuse s'avère douce... 

 

L'auteur suggère par ailleurs, mine de rien, que rien n'est gratuit, pas même le commerce entre adultes consentants. Quelques femmes accortes hantent le récit et permettent de l'épicer en instlillant un peu du poison de la jalousie.

 

L'auteur invite son lectorat à un roman léger, agréable et libertin, d'un érotisme agréable. Il l'amène aussi du côté du nord de l'Italie, région d'où il est natif. La couleur locale est bien rendue, autant que le permet ce court roman: les personnages ont l'accent, et il fait beau comme cela peut arriver au sud des Alpes. Un sud des Alpes que l'auteur connaît, puisque ses origines sont là.

 

Serge Filippini, Viola d'amor, Paris, Hors Collection, 2011.

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